• La Banque islamique s'impose désormais dans le marché financier et concurrence sérieusement les banques classiques • Les secteurs agricoles et touristiques sont touchés par la crise et les professionnels demandent un rééchelonnement des crédits S'il est proscrit dans la finance islamique, le taux d'intérêt constitue un vrai instrument financier important non seulement pour les institutions financières en Tunisie et de par le monde mais aussi pour les commerces qui vendent à crédit. Grâce aux ressources rapportées au fil des ans par les intérêts suivant un crédit à court, moyen ou long terme, les banques peuvent se constituer des fonds et faire des bénéfices même si l'emprunteur – que ce soit un chef d'entreprise ou un particulier – bénéficie d'une période de grâce. En fait, pour que le promoteur puisse lancer son projet dans des conditions favorables, il a besoin parfois de cette période de grâce qui lui permet de commencer à produire et à faire des bénéfices sans commencer le remboursement du crédit durant une ou deux années, voire plus. Les institutions financières étrangères peuvent également faire bénéficier un Etat emprunteur – comme c'était le cas à plusieurs reprises pour notre pays – d'un délai de grâce afin de diminuer ses charges au lancement du projet prévu. Certains chefs d'entreprise se sont, cependant, toujours plaints du taux d'intérêt considérant qu'il est la cause de leur ruine ou de leurs problèmes financiers et de trésorerie. Aide aux entreprises sinistrées Pourtant, ils sont obligés de rembourser leur crédit sous peine des mesures dissuasives à prendre à leur encontre allant jusqu'à porter plainte contre eux auprès des tribunaux, ce qui met à rude épreuve les affaires de l'entreprise en question. Le fait est que le chef d'entreprise est parfois confronté à des problèmes imprévus suite, à titre d'exemple, de la récession de la demande au niveau du marché extérieur ou d'évènements sociaux comme ce fut le cas chez nous pendant et après la révolution. Même si l'Etat a fourni une aide financière à des entreprises sinistrées, les promoteurs sont tenus de rembourser leurs anciens crédits et d'en contracter d'autres pour pouvoir continuer leurs activités. Le taux d'intérêt calculé sur la période de remboursement peut atteindre presque le capital du crédit. Certains chefs d'entreprise vont jusqu'à recourir à de nouveaux prêts pour régulariser leur situation antérieure. Encore faut-il trouver le bailleur de fonds qui accepte d'aider le chef d'entreprise pour qu'il puisse relancer ses activités. Certes, l'emprunteur doit apprendre, en général, à prendre les précautions qui s'imposent en vue de rembourser ses crédits afin que la banque ne se trouve pas, à son tour, dans des situations défavorables, ce qui ne lui permet pas d'octroyer de nouveaux crédits pour d'autres clients. C'est pour cela d'ailleurs que les banques sont de plus en plus prudentes – conformément à la convention de Bâle 2 – et étudient minutieusement les nouveaux projets, notamment pour ce qui concerne la rentabilité et la pérennité. Le montant du taux d'intérêt est fixé par les institutions financières sur la base du taux marché monétaire (TMM). En principe, un promoteur ne peut pas avoir un large choix pour bénéficier d'un avantage à moins que le secteur dans lequel il opère bénéficie de mesures exceptionnelles prises par l'Etat qui supporte une partie des finances allouées à l'investissement. Le recours à la banque islamique, qui ne pratique pas le taux d'intérêt, peut constituer une solution à ce problème qui a donné tant de sueurs froides à nos hommes d'affaires. Ces banques deviennent de véritables concurrents aux banques classiques qui font du taux d'intérêt une base de bénéfices indiscutable. Parmi les clients qui trouvent du mal à rembourser leurs crédits, on trouve ceux qui pratiquent des activités agricoles, particulièrement ceux qui disposent de parcelles de petite taille. Ils demandent souvent le rééchelonnement de leur crédit et exigent une aide substantielle de l'Etat surtout si l'année agricole est caractérisée par des conditions climatiques défavorables, en l'occurrence une sécheresse ou des inondations comme ce fut le cas cette saison dans certaines régions. Ces agriculteurs doivent non seulement rembourser leurs anciens crédits mais en contracter de nouveaux car ils ont besoin d'un financement supplémentaire afin de pouvoir bien commencer la saison agricole. D'où le problème qui se pose devant le refus des bailleurs de fonds. Pour sortir de ce cercle vicieux, autant prendre les mesures préventives par les agriculteurs qui doivent opter aussi pour l'assurance agricole. Cela ne constitue certes pas une solution définitive et radicale, mais à la faveur de l'assurance il est possible d'entrevoir une réparation ne serait-ce que partielle des dommages subis et donc d'alléger les charges financières. Mais les difficultés de remboursement ne se limitent pas évidemment au seul secteur agricole. Le secteur touristique vient, lui aussi, de passer par une crise qui a laissé des séquelles et plusieurs hôteliers n'ont pas été en mesure de rembourser leur crédit, réclamant, eux aussi, l'intervention de l'Etat pour supporter une partie du fardeau. Les secteurs industriels et des services sont également concernés par ces problèmes épineux. D'où les critiques formulées par plus d'un chef d'entreprise au sujet du taux d'intérêt allant jusqu'à proposer de payer le capital du crédit et d'échelonner le reste.