Par Hamma HANACHI Agitée, houleuse. On devrait se référer aux qualificatifs de la météo pour définir l'actualité de cette semaine. Un tourbillon, une tornade soulevée par les ténors du gouvernement, par où commencer ? Le scandale d'un élu français violemment rossé par des salafistes à Bizerte fait couler beaucoup d'encre, les quotidiens, news magazines et télés européens et arabes en font l'écho, son forfait : il se promenait dans sa ville natale avec sa femme et sa fille alors que les sections d'assaut exécutaient leurs basses œuvres contre les organisateurs de « La Journée AL Aqsa ». L'événement a pris des proportions effarantes, le ministre des Affaires étrangères français a dénoncé fermement l'acte de violence commis sur l'élu socialiste de la Sarthe. L'agression n'en finit pas de déclencher des protestations et des étonnements. On est surpris par le très haut niveau de rigueur des propos du secrétaire d'Etat tunisien chargé des Affaires européennes, qui s'excuse au nom du gouvernement « ...a reformulé au nom du gouvernement tunisien la détermination à traiter ce fléau à travers les voies juridiques et à l'éradiquer de la société tunisienne connue pour son attachement à la tolérance ». A-t on entendu pareilles qualités d'excuses données à des citoyens tunisiens attaqués ou menacés par les salafistes ? Des responsables de partis, des artistes, des intellectuels violentés, passés à tabac, seraient contents d'entendre ça de la bouche d'un haut responsable. Parmi la cinquantaine d'extrémistes de Bizerte, 4 agresseurs ont été arrêtés, libérés deux jours plus tard par le tribunal; est-ce là un indice probant qui montre la détermination de combattre le fléau ? Mieux, Sahbi Atig, président du bloc Ennahdha à l'ANC, donne son explication « Il n' ya rien d'étonnant, ils ont été libérés, comme ont été libérés les syndicalistes de Sfax ou de Sidi Bouzid» Sans précaution, il met sur un pied d'égalité des militants syndicalistes pacifiques et des milices armées de sabres, de couteaux et de gourdins. Ce ne sont plus des arguments, mais l'art de prendre les citoyens pour des crétins. Jamal Gharbi, l'élu français, n'a pas retiré sa plainte et s'est fendu d'une déclaration responsable à RTL «Les excuses ne me satisfont pas...Le préjudice est vraiment moral. Il ne faut pas que ces gens restent impunis, parce qu'ils continueront à agir... ». °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Les échéances avancent à grands pas, le 23 octobre ou la fin de mission de l'Assemblée nationale constituante fait chauffer à blanc le milieu politique, il faut préparer les médias, avec tous les moyens. Profitant des vacances des constituants qui n'ont pas ratifié les articles 115 et 116 relatifs au secteur de l'information, le gouvernement, sans consultations, sans négociations, place ses pions à la tête des médias. La guerre est déclenchée, M.Zitoun, ministre conseiller auprès du chef du gouvernement, chargé du secteur de l'information, qui entretient avec la presse un rapport conflictuel, n'hésite pas à descendre dans l'arène, prêt au combat. Il est en première ligne et ne fait pas dans la dentelle, ce n'est pas un maître de ballet, c'est un gladiateur. Ses armes : une liste noire (entendez mauve) qu'il refuse depuis des mois de révéler et qu'il brandit comme un épouvantail contre les journalistes insoumis, il méprise leur syndicat qui résiste à l'intimidation et dénonce les pressions et les tentatives d'asservissement de l'information. M. Zitoun n'en a cure, à chaque fois qu'il veut renforcer ses arguments, il fait appel à « son peuple » qui exige l'assainissement de l'information, et à « sa révolution »qui réclame la tête des « corrompus ». A peine, des révélations d'Ettounsia Gate commencent à filtrer qu'une autre affaire surgit. Tonitruante. Le site Business news révèle que la chaîne Zitouna TV, dirigée par Oussama Ben Salem, fils de son père, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, appartient à Lotfi Zitoun, qui dément catégoriquement. Des documents du registre du commerce britannique, fournis par le directeur du site, attestent qu'Ezzaïtoona tv appartient à Mme Zitoun. Le ministre nie tout lien entre les 2 TV et menace de porter plainte. L'affaire fait grand bruit, elle risque de déclencher un ouragan médiatique. Attention, fragile. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Ecouté sur les ondes, un nouveau poème intitulé «Le boxeur» de Sghaïer Ouled Ahmed. L'aigle de la poésie engagée s'adonne désormais aux exercices pugilistiques, sans gants. Sur le ring, il y a des agresseurs, des censeurs, des donneurs d'ordre, qui jugent que le chant est crime, qui autorisent la danse mais sans corps, qui tolèrent le regard mais sans yeux...je te pleure, conclut-il à l'adresse de son jeune agresseur, parce que ignare, tu es, stagiaire dans une révolution qui n'a pas donné de couleurs... Aouled Ahmed boxé, récemment par des salafistes, n'est pas sonné. Encore debout, il a promis de contre -attaquer. Ses armes ? Les mots, la poésie, gare à ses uppercuts ; il n'épargnera aucun de ses adversaires.