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Chacun détient sa vérité
Notes de lecture - Une histoire du terrorisme de Michael Prazan
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 09 - 2012

«Il n'y a pas de définition exacte du terrorisme, c'est pour cela que lorsque l'Egypte a invité le monde entier, y compris l'Amérique, à un congrès international au Caire pour définir ce concept, l'Europe et l'Amérique ont refusé.» Mahmoud al-Zahar
Un large spectre
Une histoire et non histoire... Le titre de l'ouvrage de Michael Prazan, à lui seul, suggère qu'en la matière, chacun détient sa vérité et que plusieurs manières d'aborder le sujet sont possibles.
De la fondation de l'Etat d'Israël à l'effondrement des tours jumelles du WTC, l'auteur, docteur ès lettres, passionné d'histoire contemporaine, est parti à la rencontre des protagonistes d'épisodes violents qui ont émaillé les dernières décennies. Il s'est également intéressé à ceux qui ont côtoyé ces acteurs ou les ont pourchassés. Dans cette quête dont l'éclectisme est le principe directeur, il s'est penché sur les circonstances historiques qui ont entouré les actes de lutte armée et sur les motivations de ceux qui les accomplissaient.
De Mahmoud al-Zahar, l'un des chefs du Hamas, à l'avocat Jacques Vergès, chantre de la décolonisation, de Jean-Louis Bruguière, juge spécialisé dans la traque antiterroriste, à divers agents haut placés du FBI et de la CIA, Prazan a interrogé, aux quatre coins de la planète, un très large échantillonnage humain et politique. La somme des subjectivités de ces acteurs d'épisodes graves confère à cet ouvrage fouillé un caractère fascinant.
Des Black Panthers à l'Armée rouge japonaise, en passant par le groupe Baader-Meihnof, l'auteur détaille les liens, les convergences, mais aussi les querelles intestines qui ont obéré l'efficacité des différentes organisations. Il fait ainsi ressortir une cohérence et dégage effectivement «une histoire». Dans ce travail très soigneusement documenté, une place importante est donnée à l'islam radical, seul contrepoids actuel à l'occidentalisation du monde.
Qu'appelle-t-on terrorisme ? Exemple de la guerre d'Algérie
L'historienne Martha Crenshaw relève que le terme stigmatisant de terrorisme est trop souvent utilisé par des Etats non démocratiques pour discréditer des mouvements dont ils ne partagent ni les idées ni les options.
Il apparaît dès lors que, dans un contexte de violence généralisée, par exemple celui de la guerre d'Algérie, ou de l'occupation sioniste, le terrorisme est beaucoup plus difficile à identifier qu'en temps de paix. Zohra Drif, qui a participé à la libération du pays et qui est aujourd'hui sénatrice et vice-présidente du Conseil de la Nation, voit les attentats auxquels elle a participé comme des «actes de guerre», une riposte au principe comme aux outrances de la colonisation. Rappelons que le «code de l'indigénat», souvent désigné comme «code matraque», permettait d'incarcérer un Algérien simplement parce qu'il avait regardé un colon d'un air jugé défiant ou insolent. Ainsi, des massacres de Sétif aux prisons d'Abu Graib, les mêmes ingrédients ont nourri et nourriront encore pour longtemps le ressentiment de ceux qui ont vécu l'ignominie : torture, notamment sur des enfants, exécutions sommaires, représailles collectives et un mépris dont on ne guérit pas.
Dans la même perspective, Prazan accorde une large place à Franz Fanon, psychiatre d'origine martiniquaise, penseur de la décolonisation en Algérie, qui élabora une vraie théorie de la violence révolutionnaire, attribuant à la lutte armée une fonction purificatrice, non seulement pour transformer la société, mais également l'individu. Dans les années 60 déjà, ce penseur engagé voyait les Etats-Unis comme «un monstre où les tares, les maladies et l'inhumanité de l'Europe ont atteint des dimensions épouvantables»
Au moment où l'on commémore les cinquante ans des Accords d'Evian, Prazan rappelle opportunément le massacre qu'a représenté la guerre d'Algérie. On apprend ainsi que pendant les neuf mois de terreur qu'a duré la bataille d'Alger, 200 000 Algériens furent interpelés, soit la moitié de la population indigène résidente.
Les Frères musulmans et l'exemple iranien
Comme un fil rouge, on retrouve tout au long de l'ouvrage une confrérie active depuis les années 1920, aux quatre coins du monde, et aujourd'hui plus présente que jamais : les Frères musulmans, qui ont inspiré aussi bien le Hamas en Palestine que le FIS en Algérie. Alors que l'Egypte était occupée par les Anglais, ces idéologues rigoureux et non matérialistes, souvent érudits et pédagogues, décidèrent de bouter les Occidentaux hors du pays, prônant un retour à la pureté de l'islam originel. Leur devise : «Dieu est notre but, le Prophète notre chef, le Coran notre constitution, le jihad notre voie, le martyr notre plus grande espérance.» Ces musulmans convaincus «recourent à une technique d'infiltration menée partout (...) : gagner les cœurs et les esprits, réislamiser le peuple en préalable à toute prise de pouvoir.»
Dans le chapitre consacré à la prise de pouvoir de Khomeini en Iran, Prazan évoque la fatwa décrétée par ce chef religieux à l'encontre de Salman Rushdie et il met le doigt sur un paradoxe intéressant. Alors même que l'Occident condamnait cette manifestation d'obscurantisme, c'est lui qui contribua massivement à faire connaître cette sentence meurtrière. «C'est à partir d'une simple note, probablement manuscrite et rédigée sur un bout de papier, portant le sceau de Khomeini, que le monde occidental va se charger de sa diffusion.» Voilà qui incite à s'interroger sur le pouvoir, comme sur l'instrumentalisation et la déontologie des médias.
Le rôle des Etats-Unis
Dans la partie du livre consacrée à l'Amérique latine, on apprend que, dans les années 70, les Etats-Unis avaient créé une véritable école de torture, appelée «l'école des Amériques». Au cours de cette décennie funèbre, 300 000 personnes disparurent. Cet exemple de terrorisme d'Etat a pu être mis au jour par un récent déclassement d'archives secrètes.
Dans ce chaudron de douleur que représente notre monde en bouillonnement, Prazan donne la parole à des témoins directs de l'effondrement des tours jumelles et à des agents qui ont investigué avec soin sur les menaces qui planaient sur l'Amérique. C'est maintenant une certitude que si le FBI et la CIA avaient été mieux coordonnés, œuvrant dans un esprit de connivence et non de rivalité, les évènements auraient suivi un cours différent.
Enfin, le lecteur profane découvre les circonstances précises (?), ou du moins officielles de l'exécution de Ben Laden, privé d'un jugement qui aurait peut-être démontré aux sceptiques que les Etats-Unis gardent, malgré Abu Graib et Guantanamo, quelques velléités démocratiques.
Une histoire du terrorisme. Michaël Prazan, Flammarion/Enquête, Paris 2012.


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