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Besoin urgent de transparence, d'indépendance et de garanties constitutionnelles Résultats de l'étude de l'Unesco sur le développement des médias en Tunisie
Proposition de pas moins de 50 recommandations en guise de contribution au débat national sur les médias Depuis le déclenchement de la révolution, les Tunisiens sont unanimes pour affirmer que le seul dividende de la révolution de la dignité est, à ce jour, la liberté d'expression et de la presse. Ce constat, que les Tunisiens font malgré les difficultés rencontrées encore par les journalistes dans l'exercice de leur fonction et les agitations succesives secouant le secteur, est relativement mentionné dans le rapport élaboré par l'Unesco présentant les résultats d'une étude sur le développement des médias en Tunisie après la révolution. Mais si le changement du contenu des médias et du paysage médiatique est constaté, le développement des médias tunisiens vers des supports d'expression et d'opinion libres, indépendants et diversifiés est loin d'être acquis. Dans son rapport d'évaluation, l'équipe d'experts de l'Unesco, qui compte également des compétences tunisiennes, propose pas moins de 50 recommandations dans un objectif de participation au débat national, houleux, sur les moyens et les politiques à adopter devant permettre la transformation des ex médias gouvernementaux en médias de service public, et faciliter ainsi leur transition médiatique. Il faut admettre d'emblée que les résultats de l'étude demeurent sans surprise, du moins pour les professionnels du secteur des médias. Le rapport fait état surtout d'un manque de transparence et d'indépendance dans la nomination des dirigeants des médias publics, de l'absence d'un cadre de régulation indépendant pour le secteur de l'audiovisuel, du gel des décrets-lois 115 et 116 et de la préoccupation croissante vis-à-vis de la sécurité des journalistes. Les analyses des experts convergent quant à elles vers une conclusion, celle de l'instauration d'un environnement médiatique ambigu, flou et sujet à des agitations, exemple l'affaire de Dar Assabah, la dernière en date, du fait de l'ingérence politique, celle du gouvernement en l'occurence, dans les affaires des journalistes et des médias qui devraient trouver les moyens et les méthodes de s'autoréguler, d'élaborer leurs propres codes de déontologie, de veiller à faire leur travail dans le cadre du professionnalisme et de jouer un rôle constructif dans la société. Dépénaliser la diffamation et confirmer Internet Cinq catégories d'indicateurs de développement des médias, établis par l'Unesco, sont examinés par l'étude qui aura duré quelques mois, entre avril et septembre 2012. Le système de régulation favorable à la liberté d'expression; le pluralisme et la diversité des médias; les médias comme plateforme pour un débat démocratique; la formation professionnelle et les institutions de formation ainsi que les capacités infrastructurelles. Ces indicateurs ont été diagnostiqués et analysés avec la collaboration d'un grand nombre d'acteurs du secteur des médias dont des journalistes, des institutions de formation (Ipsi, Capjc), des ministères et des structures techniques. Tout en faisant remarquer que les recommandations de l'équipe de l'Unesco ne font pas foi de prescriptions et que l'intention de l'Organisation onusienne n'est autre que d'aider les médias à réussir leur transition, le sous-directeur général de l'organisation onusienne pour la communication et l'information, M. Janis Karklins, citera quelques propositions parmi celles qu'il juge importantes comme la nécessité d'inscrire dans la nouvelle Constitution les droits humains fondamentaux, dont la liberté d'expression et d'accès à l'information, y compris aux documents administratifs. Le responsable onusien précisera également que pour assurer le pluralisme d'expression, «il faut donner la parole à la diversité ethnique, culturelle et politique et savoir, nécessairement, qui est derrière chaque média et qui en est le propriétaire». Par ailleurs, s'agissant de la sélection et de l'attribution des autorisations pour la radiodiffusion, M. Karklins recommande que cette opération soit définie par une législation claire. L'autre recommandation phare concerne la diffamation. « Celle-ci doit être décriminalisée et dépénalisée car on ne doit pas être condamné pour sa parole», soutient-il. L'étude en question établit une comparaison entre les médias tunisiens avant et après la révolution et démontre, comme le souligne M. Steeve Buckley, consultant international, une amélioration de la situation, notamment avec la parution de plusieurs de nouveaux titres, de 12 nouvelles radios et 5 chaînes de télévision et un accès plus libre à Internet, mais aussi l'existence de beaucoup de défis. Ces derniers, selon le consultant, sont liés à la religion, à l'expression religieuse et au vide juridique dans lequel se trouvent les nouveaux médias audiovisuels. «Même les lois qui existent ne sont pas appliquées», explique-t-il. Au chapitre Internet, il est recommandé la révision de la politique nationale des TIC pour traduire concrètement les engagements pris pour la liberté d'Internet. «Instituer une journée nationale d'Internet, c'est symbolique, c'est bien, or il faut des actions», insiste M. Buckley. S'agissant de la sécurité des journalistes, l'expert international propose que le gouvernement se charge de la formation des forces de l'ordre qui doivent prendre conscience de l'importance des journalistes et de leur rôle. Au chapitre de la formation des journalistes, tout en insistant sur la nécessité de la renforcer et l'améliorer au niveau de l'Ipsi et du Capjc, l'expert recommande que ces institutions travaillent dans une totale indépendance. L'étude est la première du genre réalisée par l'Organisation onusienne dans le monde arabe. Si bien que l'espoir est grand pour que les recommandations formulées à l'intention des professionnels et des officiels tunisiens servent à leurs homologues arabes, surtout ceux en phase de transition démocratique.