• Pour évaluer l'état des lieux des médias en Tunisie, le bureau de l'Unesco à Tunis a recouru à ses indicateurs de développement des médias (IDM). Un rapport préliminaire en est né. Mais une fois finalisé en septembre prochain, sera-t-il pris en compte ? Depuis le début de cette année, l'Unesco a renforcé sa présence en Tunisie en installant un Bureau Projet consacré au dossier des médias. Après avoir organisé la conférence internationale du 3 mai, journée mondiale de la liberté de la presse, en Tunisie, l'organisation onusienne pour la culture s'est penchée sur l'un des engagements qu'elle a pris à l'égard de notre pays : l'accompagner dans sa transition démocratique en contribuant au développement de médias libres, indépendants et pluralistes. Pour cela, l'Unesco a ressorti ses indicateurs de développement des médias (IDM) — qui ont déjà servi à analyser le paysage médiatique de 20 pays dans le monde — afin de faire l'état des lieux de la situation en Tunisie. Un rapport préliminaire de l'étude sur le développement des médias a été présenté et discuté, hier, par les experts de l'Unesco dans un hôtel de la place, en présence de plusieurs journalistes, blogueurs et représentants de la société civile. Ce rapport préliminaire est composé de cinq chapitres correspondant aux principales catégories des indicateurs de développement des médias, à savoir le cadre juridique et réglementaire, le paysage audiovisuel, la diversité des médias, la formation et le renforcement des compétences et l'infrastructure de l'information et de la communication. Les experts internationaux qui ont travaillé sur le document ont interviewé plus de 100 personnes, se sont référés aux rapports et aux sondages d'opinion récents disponibles sur ce sujet, dont le rapport de l'Inric, ont consulté le gouvernement et les organisations professionnelles. Le pré-rapport a d'autre part, fait l'objet d'une large diffusion sur Internet. Cette démarche participative s'est poursuivie à l'occasion de la conférence d'hier où les participants ont débattu des 50 questions clés posées dans le document dont le système de régulation de l'audiovisuel, les lois sur la diffamation, la publicité, la concentration des médias, l'autorégulation, la spécificité des médias publics, la sécurité des journalistes, la formation... Mehdi Benchelah, chef du bureau de l'Unesco à Tunis, explique l'objectif de cette nouvelle consultation : «Nous avons voulu recueillir le retour de la profession sur les grandes thématiques de l'étude, affiner les détails et les précisions pour consolider les résultats définitifs qui seront publiés dans le rapport final en septembre 2012». D'autre part, et dans l'objectif de soutenir la réforme des médias, l'évaluation présentera au gouvernement une série de recommandations et de propositions. A un moment où le pouvoir semble faire la sourde oreille par rapport à tout ce qui s'écrit, s'analyse et s'exprime sur l'information et la communication de la part d'instances spécialisées tunisiennes et étrangères, espérons que les recommandations de l'Unesco trouveront une oreille officielle attentive. Et surtout une prise en compte effective de la part des politiques, notamment dans le cadre de la formulation de lois garantes de la liberté d'expression.