Les éleveurs sont confrontés en permanence aux augmentation du prix des fourrages produits localement ou importés, ce qui a des impacts directs sur le coût de production du lait. Certains éleveurs n'arrivant pas à dégager des bénéfices de leur production de lait sont allés jusqu'à sacrifier leur bétail. Les aliments pour les volailles connaissent également une évolution constante des prix. Des facteurs exogènes et endogènes sont donc à l'origine des problèmes que connaît le secteur de l'élevage en Tunisie. Lors de l'atelier de travail sur «la sécurité alimentaire animale», organisé par l'Union tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche, en collaboration avec le Groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait dans un hôtel à Gammarth, les participants ont soulevé plusieurs problématiques qui freinent l'évolution du secteur de l'élevage tout en formulant des recommandations. Selon M. Habib Jomni, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture «le secteur de l'élevage contribue au niveau national avec près de 40% dans la valeur totale de la production agricole et fait travailler près de 260 mille éleveurs de têtes ovines et 151 mille éleveurs de têtes bovines en plus de 136 mille éleveurs de chèvres». Le secteur constitue aussi une source de revenus pour de nombreux citoyens opérant dans la production, les services et l'industrialisation. Menaces persistantes sur le bétail Cependant, le secteur de l'élevage du bétail a connu une stabilité au niveau de la production des viandes rouges durant les cinq dernières années s'étalant de 2007 à 2011 avec une moyenne annuelle de 121 mille tonnes. «Cette période a coïncidé avec l'augmentation du prix des fourrages, notamment au cours des années 2008/2009, ce qui a eu pour conséquence l'abandon du bétail par certains éleveurs», estime l'orateur. En effet, le nombre des têtes bovines femelles a connu une régression passant de 454 mille têtes en 2007 à 430 milles en 2007 alors que le nombre de têtes ovines femelles est passé de 4.2 millions en 2007 à 3.97 millions en 2011. De son côté, la production de lait a évolué légèrement passant de 1006 millions de litres en 2007 à 1096 millions de litres en 2011. Cet état de fait est dû à l'amélioration de la productivité des vaches laitières. M. Jomni a indiqué que «les quantités fourragère disponibles couvrent 70 à 75% des besoins du bétail alors qu'en période de pluie, ce taux est porté à 90%». L'Etat a pris plusieurs dispositions en vue de promouvoir l'élevage, préserver le cheptel et le niveau de production et soutenir les éleveurs. Cette politique d'encouragement des éleveurs va se poursuivre dans un souci d'accroître leur revenu tout en améliorant le rendement du bétail. De son côté, M. Ahmed Hnider Jarallah, président de l'Utap, a mis en exergne l'augmentation sensible des prix des aliments composés pour le bétail. Cet accroissement des prix est dû à l'évolution des prix des matières premières importées. Les prévisions tablent sur la poursuite de cette hausse des prix. La crise a été accentuée par la dégradation de la production des fourrages dans notre pays dans la mesure où la superficie réservée aux cultures fourragères est estimée à 7% des superficies arables. L'orateur considère la situation catastrophique, ce qui menace le système productif d'une chute grave. A noter que l'alimentation représente 60 à 80% du coût de la production. Lors de leurs intervetions, les conférenciers ont évoqué l'importance des activités des 190 usines spécialisées dans les aliments composés et qui ont recours aux matières premières importées. M. Mondher Toumi, directeur central dans une société SNA relevant de Poulina Holging Group a donné une idée sur les raisons de la flambée des prix des matières premières imputées, selon lui, à l'industrie du biocarburant dans le monde et qui utilise d'importantes quantités de maïs. La demande chinoise a connu également une évolution sans précédent alors que la séchresse a frappé les Etats-Unis d'Amérique, principaux fournisseurs de maïs dans le monde. A cela s'ajoute le glissement du dinar et les spéculations boursières sur ce produit au niveau mondial. Les participants ont recommandé d'encourager la production nationale en matière de fourrages tout en fournissant aux producteurs les moyens nécessaires à même d'augmenter la production et de réduire un tant soit peu les importations. (Nous y reviendrons)