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Réformer la réforme
Opinions - L'université publique en débat
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 10 - 2012


Par Sami AOUADI *
L'université et les universitaires sont aux abois, faisant l'objet de critiques de plus en plus acerbes. Certaines sont légitimes même si elles pèchent par généralisation, d'autres dissimulent à peine les velléités des adversaires de la pérennité de l'université publique. Nos cours seraient caducs et notre pédagogie désuète, nos recherches insuffisantes et déconnectées des besoins de l'industrie, nos diplômes de faible employabilité car non adéquats avec les besoins du marché puisque nous enseignons seulement ce que nous avons appris sans innovation ni actualisation, nous travaillons peu et méritons à peine nos salaires. Je ne me rappelle pas avoir lu durant cette dernière décennie de braise un seul article — à part ceux émanant directement ou indirectement du syndicat — évoquer les efforts fournis par les universitaires individuellement ou dans le cadre syndical pour préserver l'université publique contre son instrumentalisation et sa marginalisation par le régime, personne n'a vu la lumière émanant des fenêtres des bureaux des enseignants chercheurs tard le soir ou leurs voitures dans les parkings de leurs établissements le dimanche, ni les cartons remplis de thèses et de mémoires qui les accompagnent lorsqu'ils partent en vacances, personne n'a vu ceux qui passent leurs journées dans leurs établissements travaillant, recevant et participant aux réunions des différentes commissions et ne se contentant pas de s'y rendre uniquement lorsqu'ils ont une charge présentielle. Mais ces efforts collectifs ou individuels ne suffisent pas à relever les nouveaux défis de l'université et à corriger les distorsions déjà révélées par plusieurs parties, surtout le syndicat, et que la révolution a permis de mettre à nu pour un grand nombre d'intéressés.
A ce sujet, le ministère de l'Enseignement supérieur en accord avec la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Fgesrs-Ugtt) a constitué une commission tripartite (représentants du MES, des universités et du syndicat) dite commission nationale de réforme des systèmes de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui va réfléchir sur quatre axes de la réformes, à savoir le système de formation et d'évaluation, la recherche scientifique et ses structures, la carte universitaire et l'ouverture sur l'environnement et enfin la bonne gouvernance et les ressources. La commission nationale est dupliquée à l'échelle des établissements et des universités pour élargir la concertation.
Aussi, l'objet de ce papier est-il une humble contribution au balisage des pistes de réflexion relatives aux quatre axes de la réforme qui ne prétendent aucunement à l'exhaustivité ni avoir épuisé toute la virtuosité de l'analyse.
I) Le système de formation et d'évaluation
La réforme de 2005 dite LMD a démarré dan la précipitation, empirisme et pragmatisme sont les signes de sa mise en œuvre dans l'absence de visibilité en amont et en aval de son processus déjà souffrant d'opacité, ses objectifs n'ayant pas fait l'objet d'une concertation, accusant ainsi un «déficit communicationnel» se traduisant par un «déficit en participation» des acteurs réels des systèmes universitaires et surtout du corps enseignant. Aujourd'hui, le système LMD est à sa sixième année, il a épuisé son délai de grâce sans que la révolution annoncée ne voie le jour. Où en sommes-nous, que faut-il réajuster sans rejeter le tout, y a-t-il eu une véritable réforme des enseignements dispensés, quelle pertinence pour le régime des examens et le système d'évaluation ? Autant de questions qui méritent un débat approfondi sur la base de divers constats mais rarement d'évaluation hormis celle du syndicat (décembre 2009) qui a dégagé, sur la base du dépouillement des résultats d'une enquête, quelques éléments de bilan : autoritarisme et absence de concertation, illisibilité des parcours, manque de cohérence des formations, pilotage souvent autoritaire, parfois laxiste, imposé par le ministère, ses experts et ses conseillers, etc. De nombreuses difficultés pratiques et matérielles que le passage au système LMD a engendrées dans les établissements ont été aussi constatées : aggravation de la charge de travail des personnels, multiplication du contrôle continu, marginalisation de la formation fondamentale et excès de professionnalisation sans impact sur l'employabilité, dégradation des conditions d'études, contraintes calendaires contraires aux impératifs pédagogiques, absence de réflexion sur l'innovation pédagogique d'où des formations plus «transposées que transformées», l'accompagnement des étudiants est carrément oublié et la mobilité et le tutorat des étudiants sont demeurés lettre morte. Les structures d'accueil et d'orientation sont inexistantes et les parcours sont très peu diversifiés et souffrent de peu de lisibilité, le caractère peu innovant des programmes est un des plus importants points de fragilité du système LMD et le mode de constitution des commissions sectorielles est une de ses plus graves défaillances. La lourdeur du système d'évaluation et la multiplication des épreuves de contrôle continu ont fini par surcharger les enseignants et l'administration démobiliser les étudiants et aggravé leur absentéisme.
De mon humble point de vue, les principales pistes de réflexion pour réformer la réforme devraient d'abord susciter un débat public sur la fonction de l'université publique qui doit rester le pourvoyeur du savoir, un vecteur de citoyenneté et un levier de concrétisation de l'idéal de justice sociale et ce, pour aboutir à terme à engager une autre dynamique de transformation des formations supérieures sans rupture avec le système LMD mais assurant leur ouverture et reconnaissance scientifique et professionnelle. Plus concrètement, il s'agirait de consacrer au quotidien le principe de l'autonomie des universités encore érodée par l'interventionnisme de la tutelle face à des recteurs dont une partie demeure malheureusement en dehors de l'histoire, de repenser la composition des commissions sectorielles nationales, de faire valider les programmes d'enseignement par les structures habilitées (départements, conseil scientifique et conseil de l'université), d'alléger le système d'évaluation et enfin veiller à la consécration de la diversité au niveau des universités.
II) La recherche scientifique et ses structures
Il est surprenant de constater que le secteur de la recherche scientifique (R-S) à peine a-t-il commencé à retrouver un regain d'intérêt avec un secrétariat d'Etat qui avait un bilan, un programme et une visibilité à la faveur du départ de l'ex-ministre Lazhar Bououni, qu'il a sombré de nouveau dans l'oubli quasi total avec le ministre actuel de la révolution. Nonobstant ce triste constat, il faut signaler au préalable que l'effort national de R-S est mal quantifié avec des données à fiabilité discutable empêchant une comparaison internationale rigoureuse et qu'en dépit du gonflement artificiel des chiffres, le positionnement international de la Tunisie n'est pas satisfaisant tant en termes d'investissement qui demeure très en deçà de la moyenne mondiale, qu'en termes de ressources humaines de la R-S (effectifs EPT). Il en a découlé un faible rendement de l'effort de R-S au regard de la position internationale de la Tunisie généralement en bas du tableau aussi bien au niveau des publications et des citations qu'à celui des brevets surtout.
Ces résultats s'expliquent certainement par la faiblesse de l'engagement public pour la R-S et la faible prise de conscience effective et concrète de son intérêt stratégique pour l'économie et la société tunisiennes et le mauvais impact de structures de pilotage bureaucratiques compliquées et dissuasives (multiplication des autorisations et des signatures, contrôle financier a priori...). Ils s'expliquent aussi par la faible implication des entreprises privées en raison d'une spécialisation internationale à faible complexité technologique (sous-traitance, montage) les détournant de l'effort d'innovation et par l'absence de politiques publiques (industrielle et agricole) permettant le passage à un palier plus avancé dans les filières de production à forte intensité en progrès technique et innovations donc en R-D et d'une stratégie nationale en matière de recherche scientifique lisible et diffusée. Il faut signaler le faible taux d'encadrement dans les établissements universitaires constituant un handicap au développement de la recherche universitaire et la focalisation de celle-ci essentiellement sur la recherche diplômante et académique (encadrement de masters et de thèses) et la faible implication dans les préoccupations de l'économie et de la société, en général, en raison de l'absence d'incitations spécifiques et valorisantes et de mécanismes appropriés et affinés. En outre, la confidentialité des données ou leur absence constituent un facteur de blocage de recherche, notamment en sciences sociales, outre la non- publication des résultats de la recherche par les différents départements concernés, aussi la R-S se heurte-t-elle à un problème de libertés académiques.
III) La carte universitaire et l'ouverture sur l'environnement
La carte universitaire est un problème des plus épineux et malheureusement occulté par les différents intervenants. Elle est conçue de manière chaotique donnant lieu à un relief heurté, voire accidenté, implanté dans des environnements non favorables pour ne pas dire hostiles, sous prétexte de décentralisation. La création des établissements univertaires et leur surprenant foisonnement avec plus de 200 établissements évoluant les dix dernières années à un rythme effréné, semble relever de déterminants autres que pédagogiques. Il en a résulté un saupoudrage de moyens financiers rares et limités et une allocation inefficiente des ressources humaines et matérielles avec des établissements nettement sous-équipés fonctionnant avec un petit nombre d'enseignant permanents. Les conséquences sur l'implication des enseignants dans la vie de l'institution qui devient une banale administration publique et des étudiants qui demeurent tout simplement de grands lycéens se passent de démonstration. Cette morphologie de la carte universitaire n'est pas à l'évidence le fruit du hasard. Elle est venue obéir à un dessein d'instrumentalisation politique et sociale de l'université pour satisfaire certains lobbies ou pour desserrer certaines contraintes sociales, notamment le chômage, à un âge précaire si bien que l'université est devenue le salon d'attente du marché de l'emploi après avoir été utilisée pour abosorber des flux croissants de jeunes titulaires d'un «bac populaire» tellement dopé à coups de subventions dites bonifications. Il y a lieu de signaler à ce sujet l'excès de tolérance au niveau des conditions d'accès à l'université avec un bac dévalorisé (30% des bacheliers de 2010 n'avaient pas la moyenne dont 50% dans la branche littéraire) donnant lieu à un phénomène de nivellement vers le bas au niveau de l'enseignement et de l'évaluation qu'exercent des enseignants désemparés par les faibles résultats. Il en a résulté une fâcheuse dévalorisation des diplômes avec un nombre excessivement élevé par rapport à la taille de la population et de l'université (une moyenne de 60.000 diplômés par an) dont le tiers au moins est délivré par des institutions dans des conditions ne satisfaisant pas les standards requis pour l'exercice du métier tant en termes de cadre enseignant qualifié que de conditions d'études souffrant souvent de l'absence de locaux appropriés, de bibliothèques, d'ordinateurs, et d'autres équipements... Il s'ensuit une dévalorisation de l'image de l'université et du rôle des universitaires par une société légitimement déçue par la qualité des diplômés de l'université. Il en découle un autre problème qui, s'il persiste encore, risque de délégitimer l'université tunisienne et contester l'appui public dont elle bénéficie, relatif à ce qu'on appelle souvent la faible employabilité des diplômés de l'enseignement supérieur, un thème devenu ces dernières années au centre d'un débat mal organisé, parfois tendancieux, occultant d'autres aspects du problème relatifs à la faible employabilité du tissu productif national peu pourvoyeur d'emplois qualifiés et au double désengagement de l'investissement public et privé ces dernières années, ce qui s'est lourdement répercuté sur le chômage des diplômés de l'enseignement supérieur et a déplacé la problématique vers la nécessité de centrer l'enseignement sup sur les stricts besoins immédiats de l'économie nationale comme si on les connaissait et suggérant par là même de cantonner l'enseignement fondamental dans de faibles proportions, ce qui a donné lieu à un véritable conflit entre le syndicat et le ministère lors de l'élaboration des licences système LMD en 2009-10 avec la fameuse réprtition en 1/3 licences fondamentles et 2/3 licences appliquées.
On estime qu'une révision des conditions de délivrance du bac et des licences s'impose et qu'un effort de regroupement des établissementse de quelques universités devrait se faire en toute urgence, ainsi qu'un redéploiement vers les rgions de l'intérieur — au lieu de nouvelles créations — de quelques établissements quasi similaires encombrant inutilement les grands urbains. Il y a lieu de repenser la carte universitaire sur la base d'éléments de cohérence et d'efforts de synergie entre les composantes de chaque université, et sous l'impératif d'homogénéité certes mais aussi de diversité et de spécificités régionales et d'ouverture négociée et active sur l'environnement économique et social.
IV- La bonne gouvernance et les ressources
Les mesures d'après la révolution et notamment le décret-loi n° 31-2011 du 26 avril 2011 et le décret n°683-2011 du 9 juin 2011 en permettant d'élire l'ensemble des responsables des établissements universitaires ont pu réaliser de grands pas vers la consécration des principes de bonne gouvernance dans l'université tunisienne. Toutefois, des lacunes et insuffisances empêchent toujours l'université tunisienne de se conformer aux standards internationaux en matière de bonne gouvernance et de gestion des ressources. Aussi, les universitaires se posent-ils encore de légitimes questions sur le degré de préparation culturelle et politique (déontologie universitaire et autonomie décisionnelle) des responsables des établissements universitaires à assumer les règles de la bonne gouvernance et notamment d'autonomie. A ce sujet, l'exemple de l'attitude de la majorité des présidents des jurys de recrutement refusant d'afficher les résultats et préférant les remettre directement au ministère en dépit d'un accord à ce sujet entre le syndicat et le ministère est édifiant. Les universitaires s'interrogent aussi sur le degré d'implication des conseils des universités dans la prise de décision et sur la continuité des velléités dirigistes des autorités de tutelle ne serait-ce qu'au regard de la mainmise du Premier ministère et du ministère des Finances sur notre propre ministère. Mais la bonne gouvernance tout comme la liberté académique interpellent nos comportements aussi et non pas uniquement ceux de la tutelle. C'est ainsi que le fonctionnement des départements, des commissions de thèses et de recrutement ainsi que des laboratoires de recherche laisse certains poser des questions légitimes sur la consécration de la concertation, de la participation organisée et de la transparence ? Peut-on parler de bonne gouvernance tout en refusant la redevabilité «accountability» ?
En outre, la participation des étudiants dans les structures universitaires demeure insuffisante ou ineffective et leurs conditions d'études et de vie ne leur permettent toujours pas d'accéder dans des conditions minimales d'équité et d'égalité au savoir, d'où un infaillible biais de discrimination sociale face à la science (réduction du soutien public par tête d'étudiant au niveau de tous les domaines d'intervention : bourse, foyer, transport, culture, restauration...).
Enfin, les statuts des enseignants nécessitent une urgente réforme, leur maintien équivaudrait à la pérennisation d'une structure de qualification des enseignants bannie dans la plupart des universités des pays développés : environ 60% des intervenants n'ont pas de thèses et sont constitués de jeunes assistants et autres vacataires et contractuels, bon nombre d'entre eux n'ont pas l'intention d'évoluer dans la carrière car leur statut de titulaires les réconforte d'un côté et la promotion est peu incitative d'un autre côté avec un écart entre le salaire d'un prof et celui d'un assistant inférieur au double. L'accès définitif à l'universitaire sans thèse devrait être banni, de nouveaux grades incitatifs devraient être créés pour inciter à la recherche et à l'effort et éviter le blocage de la carrière à 20 ans de la retraite parfois. Les récentes tergiversations et hésitations sur la valorisation des salaires de la part de l'autorité de tutelle n'est pas propice à l'émergence du climat de coopération et de confiance nécessaire à la mise en route de toute réforme, outre qu'ils font la sourde oreille devant des revendications non seulement légitimées par la dévalorisation des salaires comparativement à ceux de tous les universitaires maghrébins, y compris les Mauritaniens, mais surtout pour endiguer ce fléau de plus en plus puissant de fuite de cerveaux partout où il y a preneur, le nombre de professeurs et des maîtres de conférences opérant à l'étranger dépasse d'après l'Ocde celui de ceux opérant en Tunisie.
Conclusion
Il est de plus en plus admis de considérer la réforme comme difficile, voire dangereuse, de par les changements d'envergure qu'elle peut introduire dans la conception et le fonctionnement d'un secteur d'une importance névralgique dans le développement des nations et des individus, une considération qui nécessite le respect d'un certain nombre de conditions préalables, à savoir :
La révision de la fonction de l'universitaire doit se faire dans un processus démocratique et participatif élargi à toutes les composantes du secteur et de la société afin de respcter la multidimensionnalité de cette fonction et de s'assurer de l'adhésion de ces parties aux nouveaux objectifs assignés à la réforme.
Une réforme de cette envergure nécessite la préparation préalable des conditions de sa réussite: un cadre légal négocié, les moyens logistiques, pédagogiques et humains nécessaires pour sa mise en œuvre.
* (Ex-secrétaire général de la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique)


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