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Le gaz de schiste est-il si dangereux?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 10 - 2012

Les gaz de schistes, communément connus sous le nom de «Shale Gas » (anglais), ont connu un essor extraordinaire ces dernières années notamment aux Etats-Unis et au Canada. Ils commencent à gagner de nouveaux horizons grâce à l'augmentation des prix des hydrocarbures dans les marchés mondiaux. L'Europe, la Chine, l'Inde tout comme l'Afrique du Nord commencent à s'ouvrir à cette nouvelle technique d'exploration dite non conventionnelle...
Les premiers pays concernés de l'Afrique du Nord sont l'Algérie et la Tunisie. Si chez nos voisins algériens, pourtant richement dotés en ressources conventionnelles, les premières licences entre la Sonatrach et une société pétrolière majeure ont été déjà signées, en Tunisie les négociations sont encore en cours entre l'ETAP, la DGE et une grande société pétrolière de renommée mondiale. Cependant, la présence de cette méthode d'exploitation non conventionnelle aux portes de la Tunisie commence à faire du bruit, et faire couler beaucoup d'encre. Malheureusement, les deux parties prenantes de ce débat ne se posent pas les bonnes questions et systématiquement ne trouvent pas les bons arguments.
En ce qui concerne la Tunisie, et pour pouvoir trancher pour ou contre l'utilisation de cette technique, les questions qu'on doit se poser sont pourtant simples :
1- Quels sont les avantages de l'exploitation du gaz de schiste en Tunisie ?
2- Quels sont les risques auxquels on s'expose ?
3- Et surtout y a-t-il des moyens, voire des mesures, à imposer aux sociétés exploitantes afin de pouvoir profiter de l'intérêt économique et social du développent d'une telle ressource tout en se protégeant contre les risques environnementaux ?
Mais avant de répondre à ces trois questions, il est utile de familiariser nos lecteurs avec le principe d'exploitation des gaz de schiste ainsi que les différences entre les méthodes d'exploitations dites conventionnelles et autres méthodes non conventionnelles.
Différence entre gaz de schiste et sable bitumineux
Avant tout et d'après certaines informations véhiculées sur les réseaux sociaux, il semble que beaucoup de personnes font une confusion majeure entre la technique d'extraction du gaz de schiste et celle des sables bitumineux ou «Tar sands» en anglais. Toutes deux sont certes deux techniques non conventionnelles d'exploration pétrolière principalement utilisées dans le continent américain et c'est le seul point commun qui les unit. Pour le reste, elles sont fondamentalement différentes.
L'exploitation du sable bitumineux se fait par mines à ciel ouvert. Le sable riche en bitume est ramassé par des engins géants puis il est traité pour en extraire du pétrole. Tout comme dans les mines de phosphates, les rejets sont tassés sur les terrains déjà consommés. Les exploitations de sable bitumineux ont un impact énorme sur l'environnement que plusieurs qualifient d'une vraie catastrophe écologique. C'est ce qu'on observe actuellement au Canada.
Contrairement au sable bitumineux, l'exploitation du gaz de schiste se fait d'une manière complètement différente et l'extraction de gaz se fait à l'aide de puits profonds semblables à ceux utilisés dans l'exploitation conventionnelle d'hydrocarbures.
Quels sont les avantages de l'exploitation des gaz de schiste en Tunisie ?
En Tunisie, les réserves conventionnelles en hydrocarbures sont en déclin depuis la fin des années 90 et aujourd'hui, la consommation dépasse nettement la production, particulièrement pour le pétrole. Contrairement aux rumeurs qui ont circulé un moment, il est scientifiquement prouvé que les chances de trouver de grands gisements conventionnels d'hydrocarbures sont très faibles. En effet, la grande majorité des pièges de taille importante ont été forés et testés depuis un moment déjà. De nos jours, la production tunisienne de pétrole ne couvre que les deux tiers des besoins nationaux : environ 65.000barils/jour produits contre une consommation avoisinant les 100.000barils/jour. Vu la stabilisation du prix du baril entre 110 et 120$/baril dans les marchés mondiaux, la facture énergétique à payer en devises est réellement salée, surtout dans une conjoncture économique locale et mondiale très difficile.
Quant au gaz, la balance est légèrement excédentaire un peu grâce à la redevance perçue au titre du passage du gaz algérien par le gazoduc transcontinental (environ 10% de la production nationale). Cependant, si on ne découvre pas bientôt de nouvelles réserves de gaz, cet état excédentaire ne pourra pas durer longtemps puisque les ressources sont en train de s'épuiser (champs de Miskar dans le golfe de Gabès notamment).
Le gaz est un composant très important de l'économie tunisienne puisque, à part une utilisation domestique et industrielle importante, le gaz naturel est la source principale de production d'électricité. Actuellement, 73% de la consommation tunisienne en gaz sont utilisés pour la fabrication d'électricité et les 3,526 MW d'électricité produits en Tunisie sont alimentés à 82 % par le gaz naturel. C'est dire l'importance de cette ressource naturelle sur l'économie nationale.
Sans de nouvelles découvertes qui augmenteraient nos réserves en gaz naturel, d'ici 3 à 5 ans, la Tunisie serait amenée à importer des quantités de gaz importantes ainsi que des quantités de pétrole encore plus importantes qu'aujourd'hui. Est-ce que l'économie tunisienne pourrait le supporter dans le contexte économique actuel ? Et même si c'est le cas, cela se ferait au détriment du développement durable régional et de la création d'emplois.
Si la rentabilité de la production d'hydrocarbures de schiste est avérée (il faut rappeler que les ressources en gaz de schiste ne sont pas prouvées encore), cela permettrait de remplacer des importations extrêmement coûteuses et risquées. La Tunisie pourrait même réduire sensiblement sa facture énergétique, ce qui permettrait des investissements dans les zones démunies.
Par ailleurs et sur le plan social, l'exploitation du gaz de schiste nécessite des investissements importants (à payer exclusivement par la société opérante) et surtout une mobilisation humaine très importante. On parle de plusieurs centaines d'emploies directs créés, toutes catégories confondues, par les champs de gaz de schiste. Sans parler des emplois indirects et de l'impact sur l'infrastructure locale. C'est tout le contraire des champs conventionnels qui n'emploient que quelques dizaines de personnes tout au plus.
Quels sont les risques auxquels on s'expose ?
Les risques associés aux gaz de schistes sont essentiellement environnementaux. Ils ont été constatés particulièrement aux Etats-Unis, là où la majorité des sociétés exploitantes sont de petites entreprises privées opérant avec peu de réglementation et sans contrôle. Des dégâts sur le sol et l'eau ont entraîné une certaine défiance de l'opinion publique et de certains gouvernements vis-à-vis de cette ressource.
Les réserves conventionnelles tunisiennes de pétrole et de gaz sont en net déclin, et les chances de combler le déficit énergétique par des découvertes conventionnelles majeures sont très faibles. D'ici quelques années, la Tunisie sera amenée à importer, en plus du pétrole, du gaz naturel pour la production de l'électricité. Est-ce que l'économie nationale est capable de le supporter ? Une autre solution serait d'investir dans des centrales nucléaires, mais au niveau économique et environnemental, est-ce que cela vaut le coup ? Est-ce qu'on est à l'abri d'une grande catastrophe nucléaire?
A mon humble avis non...
Je pense que l'exploitation du gaz de schiste peut constituer, toujours en cas de succès, une alternative valable et réaliste. Et les réserves nationales en gaz naturel pourront ainsi subvenir à nos besoins en électricité pendant quelques décennies (on parle de 1 milliard de barils équivalant... 2 fois le champ d'El Borma...)
L'impact environnemental de l'exploitation du gaz de schiste n'est pas neutre certes mais il faut le relativiser. Il s'agit d'une gestion de risque propre à toute activité industrielle qui nécessite de bonnes pratiques et surtout une réglementation rigoureuse. A titre de comparaison, il est important de signaler au grand public que l'exploitation du gaz de schiste est de loin moins nocive pour l'environnement et de loin moins gourmande en eau et aussi bien plus rentable que l'exploitation du phosphate. Pourtant, vu son impact socioéconomique, très peu de voix s'élèvent pour l'arrêt de la production du phosphate en Tunisie bien qu'il soit au seuil de la rentabilité...
A mon humble avis, la fiabilité des procédés d'extraction, de nos jours, peuvent permettre l'assimilation de la production des gaz de schiste au gaz naturel. Ainsi la Tunisie pourrait profiter des avantages socioéconomiques indéniables de l'exploitation du gaz de schiste avec très peu d'impact sur notre environnement, cela passe toutefois par l'application des précautions suivantes :
– Imposer les forages «mutlidrains» aux sociétés exploitantes
– Imposer le recyclage et la réutilisation de l'eau de forage et de fracturation aux sociétés exploitantes
– Vérifier constamment les qualités des aquifères autour des zones d'exploitation
– Etre à la page au niveau du volet de développement technologique en formant dès maintenant les cadres pour pouvoir suivre les sociétés exploitantes
– Ne donner des permis d'exploitations de gaz de schiste qu'à de grandes compagnies de renommée mondiale et éviter les petits indépendants sans moyens et sans expérience.
– Prévoir une partie des revenus pour promouvoir et subventionner les énergies renouvelables
L'exploitation des gaz de schiste doit se faire dans les règles de l'art de l'industrie par des professionnels en la matière.
Ne laissons donc pas passer cette opportunité de réduire notre facture énergétique, de créer des emplois, de faire bouger notre économie et de laisser des réserves de gaz pour les générations futures. Tout cela en respectant notre environnement. Autrement, des pays comme l'Egypte n'attendent que l'échec des négociations en Tunisie pour attirer ces gros investisseurs...
* (Ingénieur en géoscience)


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