Par Abdelkader KACEM(*) La Tunisie s'est construite avec le labeur de tous ses enfants, chacun dans son domaine et selon ses capacités, principalement depuis un demi-siècle. Depuis l'indépendance, des compétences précurseurs ont favorisé la mise en place des bases d'une économie moderne encourageant les connaissances en appelant à un enseignement démocratique ouvert sur les civilisations et de plus en plus amélioré avec le temps. Nous jugeons, au total, que la Tunisie a évolué positivement en dépit de ses moyens limités, pas tant qu'on l'espérait, mais beaucoup mieux que ses voisins proches et lointains, qu'elle bénéficie aujourd'hui d'une population cultivée, ouverte et tolérante, qu'elle a réussi l'émancipation des citoyens, qu'elle profite d'une bonne image à l'extérieur. En un mot, qu'elle a favorisé la maturation des populations et bien préparé son avenir de nature à assurer un meilleur développement et une démocratie équilibrée. Pour rehausser encore son image et favoriser une démarche ininterrompue vers un progrès équilibré qui profite à l'ensemble des citoyens, nous pensons qu'il y a lieu, aujourd'hui, de répondre au mieux à certaines exigences en rapport avec la justice, les droits, les devoirs, les obligations, etc. A côté des principes de vertu politiques, du devoir de respecter l'histoire et favoriser un présent respectueux au moyen d'un comportement d'ensemble positif cherchant à valoriser les acquis et les actes d'autrui pour faciliter la projection d'un avenir prometteur et confiant. Construire un précédent encourageant Nous pensons que la Tunisie a su construire, à travers l'histoire, des rapports importants, confiants et respectueux avec ses voisins et vis-à-vis de l'extérieur, ce qui lui a valu de bonnes relations de coopération avec plusieurs pays. Cela a favorisé les échanges, les investissements, les emplois, les connaissances et les visites à la faveur d'un développement de plus en plus important. Il nous appartient aujourd'hui de développer ce capital à la faveur d'un investissement partagé qui favorise l'emploi et améliore les échanges. Nous avons besoin dans ces temps difficiles de donner davantage de confiance à nos partenaires avec un travail sérieux, un rendement consistant et des revendications raisonnables qui permettent une profitabilité suffisante aux investisseurs étrangers, délocalisés chez nous, pour les multiplier. Cette image est fondamentale pour la décision d'investir. En effet, le climat social, la sécurité et la stabilité politique constituent les principaux éléments qui encouragent les promoteurs à prendre cette décision. La compétence tunisienne et notre ouverture d'esprit sont connues à l'étranger. Il nous reste de fournir l'effort de donner un bon rendement et de bannir les revendications excessives. Une justice à confirmer La justice est à la base de la construction d'un Etat de droit où toutes les parties se respectent en prenant la peine de fructifier leurs richesses au niveau national. La justice qui arbitre les procès selon les règles de droit les mieux équilibrées permet en retour le respect du pays, de ses citoyens, encourage le travail sérieux, facilite les échanges, les investissements, favorise la circulation des personnes, optimise la sécurité et appelle en retour au respect d'autrui. Le contraire serait source de frustration qui donne des résultats contraires. En fait, le progrès d'un pays est lié incontestablement aux critères de droits dont il fait usage. Des droits à retrouver Nous pensons dans cette étape de transition à la réparation des torts subis par les personnes abusées puis la mise en place des fondements d'une justice sans faille. Nous jugeons qu'il convient de rétablir les droits légitimes en toute circonstance dans la limite des possibilités et des moyens sans crier vengeance. Nous souhaitons encore que les perturbations cessent rapidement pour sauver notre patrimoine à tous. Les études montrent que la productivité tunisienne pourrait être améliorée davantage. En effet, certains ont tendance à relâcher les efforts au travail dans plusieurs secteurs en exagérant dans l'autre sens les revendications de toute nature, surtout après la révolution, loin des possibilités réelles du pays et des entreprises. Cela s'est certes appuyé sur des situations en manque de justice. Mais, l'époque appelle aujourd'hui patience, sagesse, des revendications raisonnables, de la solidarité, la compréhension en visant l'intérêt suprême de la nation et en tenant compte de la concurrence extérieure. Des exigences inadaptées mèneraient tout le monde à la faillite. Notre existence nous confère certes des droits multiples, notamment à l'éducation, à la santé, au travail, à la sécurité, à exprimer des opinions civiques, etc. mais, elle nous contraint dans l'autre sens à de nombreuses obligations notamment de respect des institutions, des obligations professionnelles, de l'autre, de la nation, de la justice, etc. Elle nous appelle à préserver les biens d'autrui, à favoriser la sécurité nationale, à contribuer pour sa stabilité territoriale, à favoriser la croissance nationale, à tisser de bons rapports avec l'extérieur, à respecter ses engagements, etc. bref, d'être un citoyen patriotique constructif qui œuvre pour développer et préserver les richesses nationales indéfiniment. Tous ces éléments sont nécessaires pour préserver la nation contre les méfaits nuisibles qui seraient induits tant de l'intérieur que de l'extérieur. Nous avons le devoir de défendre, de dénoncer, de protéger et de préserver le pays contre toutes les intentions haineuses. Cela fait partie du civisme, de notre devoir de protéger la richesse actuelle, de celle de notre famille, de nos enfants et des générations futures. Tout dégât causé à la nation se répercute tôt ou tard sur tous les citoyens. Cela affecte même l'extérieur rapidement du fait des interdépendances des intérêts. Notre pays est un même bien, ce qui affecte une partie empoisonne tous les autres. Logiquement, nul n'a intérêt à porter atteinte à l'autre en se considérant préservé de tout préjudice. Tous les intérêts sont naturellement enchevêtrés, l'atteinte à l'un affecte nécessairement les intérêts des autres rapidement. Cette conclusion est tributaire de la stabilité politique nationale. Quels que soient les régimes, les opinions, les situations, nous avons tous intérêt à converger pour la concorde nationale au moyen d'un système politique de vertu qui regroupe toute la nation. L'indivision du pays, le développement général de la nation, la préservation de sa richesse, sa stabilité, sa sécurité, etc. peuvent être autrement entamés. Toute atteinte portée au pays par ailleurs est porteuse de dégâts et de pertes pénalisant la marche de la nation dans son ensemble. Une telle démarche faite dans le cadre d'un dialogue constructif, responsable et patriotique fera tout le bonheur de la nation et sera ressentie de l'extérieur comme un signe de stabilité, de sécurité et de confiance qui agira rapidement sur la nation au moyen des investissements, des emplois, des échanges, des visites et du bien-être. La situation déstabilisante qui prévaut depuis deux ans dans notre pays ne favorise pas l'intérêt des populations nationales et porte atteinte au-delà de nos frontières. Elle est un mauvais signe pour toutes les nations. Nous avons tous intérêt à nous préserver mutuellement. Nous jugeons au total que la nation arabe en premier est dans un virage dangereux qui affecte l'ensemble des nations. Il y va de l'intérêt de tous d'œuvrer à sa stabilisation en retenant que les dégâts produits dans une région sont partagés par toutes les nations. Nous appelons les uns et les autres à positiver pour la bonne marche des nations, à la sécurité et la stabilité générale. L'interdépendance des intérêts appelle d'en finir avec les désaccords et les affrontements en privilégiant l'entente et la solidarité. *(Cadre bancaire)