Par Abdelhamid GMATI Il faut se rendre à l'évidence : la violence politique s'est installée dans notre pays et elle ne cesse de prendre de l'ampleur. Grave, très grave ! N'en déplaise au gouvernement qui s'ingénie à minimiser les événements violents et à les imputer à d'autres parties alors que les auteurs sont identifiés et bien connus. La liste est longue des agressions perpétrées par des salafistes et des groupes proches des islamistes, contre les artistes, intellectuels, journalistes, opposants, partis politiques, administrations nationales et régionales...Et à chaque fois ces violences ont été dénoncées, et à chaque fois minimisées et banalisées par les autorités. La dernière en date, qui suit la non moins dramatique attaque contre l'Ambassade américaine, secoue le pays, car là aussi il y a eu mort d'homme. «L'irrémédiable, tant redouté, a fini, malheureusement, par arriver», estimait notre journal dans son édito d'hier. Il est, en effet, impardonnable et inexcusable qu'un membre d'un parti d'opposition soit agressé, jusqu'à ce que mort s'ensuive, par une nébuleuse autoproclamée donc illégale s'érigeant en protecteur de la Révolution. Un communiqué de cette nébuleuse indique la participation d'Ennahdha et du CPR à cette action menée conjointement pour «épurer» le pays des anciens Rcdistes et reconnaît l'agression, dans son bureau, contre le secrétaire général de l'Union tunisienne pour l'agriculture et la pêche à Tataouine. Cela n'empêche pas l'inénarrable Rafik Abdessalem d'affirmer qu' «il n' y a aucune relation entre Ennahdha et les comités pour la protection de la révolution». Il est vrai que ce ministre des Affaires étrangères se réjouit de «l'absence de morts lors des événements de l'ambassade US». Pour lui, les 4 morts tunisiens n'existent pas. Cela n'a pas empêché, non plus, certains membres du gouvernement et de la Troïka d'imputer la responsabilité à la victime (qui se serait défendue) et de nier l'agression (l'homme serait décédé d'une crise cardiaque), contrairement aux déclarations du médecin légiste. Le député Samir Bettaïeb estime que «les déclarations à la télévision d'un ministre cherchant à justifier les violences et à trouver des circonstances atténuantes à ceux qui ont tué Mohamed Lotfi Naqdh sont graves. Les déclarations du porte-parole du ministère de l'Intérieur, qui avait justifié auparavant le viol, sont pires». Même le président de l'Assemblée constituante a tout fait pour éviter les débats sur cette question de la violence politique. Heureusement le président de la République s'est comporté en homme d'Etat, en condamnant cette violence et en dénonçant ces ligues dites de protection de la révolution qu'il a traitées de milices qui «n'ont aucune légitimité». Le gouvernement a, lui, d'autres préoccupations. En premier lieu, l'Aïd. Deux jours de congé et la garantie de festins. Les moutons d'abord, semble-t-il nous dire. On en importe de Roumanie, vaccinés et conformes aux souhaits du consommateur tunisien (avec lya, cornes etc.). Même si certains estiment que ces moutons sont «impies». Quand on sait l'état de notre économie et la faiblesse de nos ressources en devises, on se demande s'il est responsable de dépenser des devises pour importer des moutons alors que notre cheptel suffit largement à la demande. Mais il n'y a pas que cela. On s'occupe assidûment de la vie sexuelle du Tunisien. Ainsi de l'importation du Viagra. Aux dernières nouvelles, il y aurait même rupture de stock chez certaines officines, ce qui dénote le nombre des pauvres Tunisiens souffrant d'impuissance. Espérons qu'il n'y aura pas de conséquences fâcheuses, ce produit étant contre-indiqué pour les cardiaques et les hypertendus. Autres demandes urgentes qui vont faire le bonheur des Tunisiens (comprendre les islamistes) : celle ayant trait à la pédophilie avec cette déclaration du chef d'un parti islamiste estimant que l'âge idéal du mariage est de 13 ans, une femme perdant ses attraits à 20 ans. Et cet autre qui exige que l'on légalise la polygamie. Les Tunisiens peuvent être heureux avec ces belles dispositions qui leur feront oublier tous leurs véritables problèmes, entre autres, l'émergence d'une nouvelle dictature, pire que la précédente. Ceci bien sûr, à côté de l'éternelle obsession : mettre au pas les médias. Le mouvement nahdhaoui Ekbess reprend du service et prépare une campagne contre les médias. En attendant que le gouvernement tienne ses promesses.