Al Ahly couronné pour la 7e fois grâce au jeu, à la créativité et au talent C'est facile, très facile de parler après une victoire. Tout le monde ne s'en est pas privé au moment où on mettait en garde l'ambiance «sang et or» de l'euphorie et, surtout, des limites du système défensif mis en place ces derniers temps par l'entraîneur de l'Espérance. Système qui a coûté aux champions d'Afrique, en titre, des sueurs froides à Lubumbashi puis à Radès face au TP Mazembé; puis deux semaines plus tôt à Alexandrie face à ce même Al Ahly. Certains n'ont pas aimé la comparaison établie avec Roger Lemerre ou encore avec Helenio Herrera, entraîneur mythique qui a eu son heure de gloire avec l'Inter de Milan au début des années 60, avant que Manchester de Matt Busbby, de George Best et de Bobby Charlton ne réhabilite le football offensif, qui retrouvera définitivement ses lettres de noblesse avec les grands Cruiff, Kaizer, Haar, Neeskens, Rep et toute la bande des hippies illuminés. Un jeu défiguré Et pas seulement cela puisque nous avions assisté hébétés, incrédules mais impuissants à la montée vertigineuse, à l'Espérance, des pivots défensifs, une véritable campagne de recrutements qui a tourné autour de Ragued, le plus gros salaire du football tunisien, alors qu'il n'avait plus trouvé preneur en Europe, Mouelhi, Traoui, Awadhi, Zouaghi, Boughanmi, etc. Nous n'avons rien contre ces joueurs mais quand on base toute sa stratégie sur l'organisation défensive, la couverture et la destruction du jeu de l'adversaire, on finit par se... détruire. En parallèle, point de quartier aux joueurs offensifs, aux créateurs : Iheb Msakni, Ben Hamouda, poussé vers la petite sortie, Mhirsi «sanctionné», Blaïli très peu utilisé, Bouazzi boycotté puis baladé à gauche pour couvrir Chammam à Alexandrie, puis revenu à droite pour protéger cette fois-ci Zouaghi... Autant d'éléments qui s'accumulaient et qui nous laissaient présager le pire. Et le pire a fini par arriver hier soir face à Al Ahly qui a donné à une Espérance, terriblement handicapée par les choix de son entraîneur, une leçon de football créatif et offensif, sans trop philosopher mais avec la ferme intention de forcer le destin par ses propres moyens. Al Ahly : le plaisir de créer Un onze égyptien d'attaque sur le banc d'autres réserves offensives qui ont pour noms Aboutrika, Baraket et Imed Motaâb (excusez du peu !). Pourtant, quand on l'a échappé belle à Lubumbashi, à Radès puis à Alexandrie, il fallait rectifier le tir, mettre en place d'autres stratégies. Et la stratégie, ce n'est pas de mettre trois attaquants mais de leur donner les moyens de marquer. Or, la première occasion se présenta à l'EST à la 31' par N'Djeng alors que Al Ahly avait déjà collectionné une bonne demi-douzaine d'occasions, dont deux ou trois très nettes. Al Ahly ? Parlons-en puisque c'est le tout nouveau champion d'Afrique. Après cinq minutes d'observation, les Egyptiens allaient s'installer dans le camp de l'Espérance et, entre la 5' et à la 8', deux occasions nettes, un pressing haut des attaquants et des demis, des latéraux qui avaient réduit Bouazzi-Msakni à des latéraux, une 3e occasion à la 10e, un 2-0, puis une quatrième à la 24'. De l'autre côté, privé de tout soutien de leurs demis et des latéraux, N'Djeng et M'Sakni étaient régulièrement piégés par le hors-jeu haut des adversaires. Puis M'Sakni, quelle triste sortie pour un joueur qui avait besoin de repos et de convalescence alors que son entraîneur présentait sa surprise du chef comme l'arme fatale ! De ce fait, les buts et le penalty ratés par Al Ahly et les deux marqués n'étaient que la conséquence logique du mauvais choix d'un entraîneur et bons choix de son collègue en face. Triste, très triste pour le peuple «sang et or». Nous reviendrons sur les raisons qui ont conduit à cette énorme déception. Et comme à quelque chose malheur est bon, Sami Trabelsi pourra travailler tranquillement momentanément.