Par Foued ALLANI La lutte contre la pauvreté et le chômage, deux problèmes endémiques et interdépendants qui rongent notre société, doit devenir l'une des causes nationales les plus vitales et les plus urgentes. C'est-à-dire devenir l'affaire de tous dans le cadre d'un partenariat actif et effectif entre pouvoirs publics, secteur privé et population (les fameux 3P). Car pas de vrai développement sans l'éradication du premier et de l'atténuation du second en le réduisant au minimum. Il s'agit pour nous tous d'attaquer de front ces deux fléaux en s'armant de projets porteurs, de budgets conséquents et surtout de l'implication effective des concernés. Le tout dans le cadre de politiques claires d'autodéveloppement faisant appel aux valeurs de la citoyenneté active et à ses multiples manifestations. Et non aux prêts étrangers quels que soient leurs avantages. C'est-à-dire en mobilisant tous nos moyens humains, techniques et financiers afin d'atteindre les objectifs fixés et construire ainsi notre pays. Une vraie mobilisation de l'ensemble de la population (de nos concitoyens) planifiée, concertée et soutenue doit voir le jour autour de ces deux causes vitales avec résolution des problèmes à la racine. C'est là l'une des plus nobles manifestations du patriotisme. Ce n'est que de cette façon-là que nous pouvons briser le cercle vicieux du mal développement qui nous happe et qui rend nos problèmes à la fois plus nombreux, plus épineux et plus coûteux. La mobilisation doit inclure toutes les catégories de la population, qui doivent toutes devenir conscientes que ces deux fléaux les concernent directement, les plus aisées en premier lieu. Toute l'énergie, aujourd'hui dépensée dans la contestation et les revendications, doit être canalisée vers les objectifs cités. Chaque citoyen doit être en mesure de donner, soit de l'argent, soit des efforts, soit des idées, soit les trois à la fois. Et ce n'est pas parce que le régime déchu a profité des meilleurs sentiments de la population puis a détourné des sommes considérables du fonds dit «26-26» que nous allons arrêter cet élan. Il faut continuer à donner en ayant la possibilité de contrôler les réalisations et d'y participer. Ils nous faut aujourd'hui reprendre cet élan dans le cadre d'un fonds dirigé et contrôlé à la fois par l'Etat, par les donateurs et par les bénéficiaires. La campagne lancée dans ce sens par le ministère des Finances à coups de spots télé et d'encarts dans les journaux ne peut pas créer cette dynamique, car elle manque de tout. Elle pèche par un message dilué, onirique et flou, et par l'absence d'indications claires sur les projets et, surtout, un fonds spécial pour collecter les dons (le message actuel invite à s'adresser aux recettes des finances). Les vertus de la «Zakat» Il nous faut aussi lancer le fonds de la «Zakat» (l'aumône légale), troisième pilier de notre sublime religion, car, aujourd'hui, ceux qui s'appliquent à respecter ce précepte de la religion le font certes pour des actions bénéfiques, mais non fructueuses à long terme car non planifiées et ne permettant pas une lutte efficace contre la pauvreté et le chômage. De bons citoyens ont pourtant créé ce fonds au tout début des années 1990 (rattaché à l'Union tunisienne de solidarité sociale) mais le déchu a tout de suite usurpé l'idée en en faisant sa propre initiative (FNS 26-26) et en tuant dans l'œuf le fonds de la «Zakat». Des pays comme l'Egypte ont pu valoriser cette pratique pieuse et en faire une arme contre le mal développement. Ainsi, ce pays frère a pu collecter l'année dernière l'équivalent de 3.400 millions de dinars par le biais de la «Zakat». Grâce au développement de la jurisprudence islamique et les théories et méthodes économiques et financières inspirées des principes de l'Islam, le champ de la «Zakat» a été élargi, côté collecte comme côté bénéficiaires. Ainsi, en plus de la lutte contre la pauvreté, la «Zakat» permet aujourd'hui de financer des projets économiques et sociaux et de permettre aux endettés de sortir de leur calvaire. Exemple, tous ces pères tenus de rembourser des sommes considérables pour eux en termes de pension alimentaire sous peine d'aller en prison. Mais le plus important est d'impliquer les concernés eux-mêmes dans cette lutte et éradiquer une fois pour toutes l'attentisme et la mentalité d'assisté qui, hélas, se sont développés ces derniers temps d'une manière inquiétante. «Aide-toi, le ciel t'aidera» dit le dicton.