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Des films contre l'injustice
Sejnane et Al houroub
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 12 - 2012

Les Journées du cinéma européen ont programmé, pour la séance de mercredi après-midi, un court-métrage mauritanien, suivi de la fiction Sejnane de Abdellatif Ben Ammar. Le choix de la manifestation d'allier films maghrébins et européens, récents et anciens, permet aux spectateurs des séances de rattrapage, comme celle de Sejnane, pour ceux qui ne l'ont pas vu. Il s'agit du film phare d'Abdellatif Ben Ammar. Présent au Colisée afin de présenter son film, il a rappelé le contexte dans lequel il l'a réalisé, affirmant qu'il voulait rectifier une injustice historique envers les vrais artisans de l'Indépendance, les anonymes, entre ouvriers, syndicalistes et étudiants. Le mérite ayant été attribué, à tort, à la classe intellectuelle, selon lui. Dans Sejnane, cette catégorie sociale, représentée entre autres dans le personnage du professeur, interprété par feu Jamil Joudi, préfère fuir et se terrer loin des vrais maux de la société, loin des échos de la rue et de la résistance. Kamel, le personnage principal, était bien parti pour suivre le même chemin — fils d'instituteur, interne dans un lycée en ville — mais sa vie sera bouleversée après la mort de son père, assassiné par «La main rouge». L'action se passe en 1952, année de l'assassinat de Farhat Hached et année du déclenchement de la résistance armée, un certain 18 janvier, qui mena à l'Indépendance de la Tunisie, quatre ans plus tard.
De retour chez lui, Kamel entame la lecture du journal de son père, où il décrivait, jour après jour, sa lutte aux côtés des hommes de front à Sejnane. Il découvre ainsi une autre réalité, commence à ouvrir les yeux et à ne plus se taire au lycée. Déjà qu'on lui interdit de parler des circonstances dans lesquelles son père est mort. Le résultat de ce comportement ne se fait pas attendre et Kamel est renvoyé. Il loge désormais chez sa tante, dont le mari musicien lui trouve un travail dans l'imprimerie de Si Taieb, père d'une jeune fille d'une grande sensibilité, dont il tombe amoureux. Dans la deuxième moitié du film, les événements vont connaître leur tournure définitive : la jeune fille est promise à un imprimeur de 40 ans, Kamel préfère les ouvriers de l'imprimerie et leur lutte syndicale aux cours de rattrapage proposés par son professeur aux lycéens renvoyés. Il affiche en même temps son mépris pour la passivité de ce dernier, face à l'actualité brûlante du pays. Le point de vue du réalisateur est définitivement posé quand il entame, dans la dernière partie du film, un parallèle entre le mariage de la fille de Si Taieb et une manifestation de mineurs à laquelle participe Kamel, au prix de sa vie. Il montre ainsi, d'un côté, une classe aisée occupée à arranger ses propres intérêts, et un prolétariat qui se sacrifie pour tous, pour l'intérêt du pays.
Dans cette démarche choisie par Abdellatif Ben Ammar, la symbolique — du mariage et de la mariée sacrifiée, à l'image du pays et de ses militants — passe par une critique sociale qui pointe du doigt la condition féminine, dans la ville comme dans les villages, indépendamment de l'appartenance sociale. Cette critique insérée dans la trame d'une manière fluide réussit à interpeller grâce à un scénario qui se tient, où l'évolution des personnages est en cohérence avec les événements. Abdellatif Ben Ammar signe ainsi une œuvre porteuse d'un message, qui lui tenait à cœur à un moment de sa vie.
Cet aspect-là de Sejnane a été annoncé par la projection du court-métrage documentaire mauritanien Al houroub de Salem Dendou. La découverte est sur deux plans. De par le fait que ce n'est pas tous les jours que des films mauritaniens passent sur nos écrans et de par le sujet du film. La société mauritanienne est en effet donnée à lire à travers ses femmes. Elles peuvent être mariées à 8 ans, violées, battues et abandonnées par leurs maris, avec enfants à charge. Les témoignages expliquent comment, pour subvenir aux besoins de leurs progénitures, certaines sont obligées de « sortir ». Ce terme est utilisé probablement pour remplacer « prostitution ». Il est dans ce sens intéressant de noter le langage — cinématographique — utilisé par le réalisateur pour déjouer les tabous. Il filme des femmes floutées, alors que d'autres acceptent de montrer leurs visages. Cette scène où une petite fille raconte son calvaire pendant que la coiffeuse lui fait une tresse est d'une grande beauté et subtilité, où l'image en dit au-delà des paroles de la victime. Le message est en tout cas passé. Entre ce film et Sejnane, c'est un cinéma qui se veut au service d'une cause. Un cinéma «engagé» ?


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