Les fantômes du passé ressurgissent, mettant à rude épreuve la relation père-fils et entraînant un tiraillement entre culpabilité et innocence. Documentariste à la base, le réalisateur polonais Rafael Lewandowski prouve son habileté dans la fiction également, dès son tout premier long métrage, La dette (2010). C'est un drame nourri de la réalité polonaise et de son histoire qu'on a eu le plaisir de découvrir au Colisée, vendredi dernier, lors de cette édition des Journées du cinéma européen. Le film traite de la période sombre de l'histoire polonaise et ouvre le dossier sanglant du communisme et des conflits sociaux, particulièrement celui qui a secoué le pays, à la fin de l'année 1981 et qui a fini dans le sang. C'est en s'inspirant d'une histoire réelle que Lewandowski a tissé les fils de son film. Il s'agit de Pawel, un jeune Polonais qui découvre que son père, son idole, qu'il a toujours cru être un des héros du syndicat «Solidarité» 30 ans plus tôt, a peut-être dissimulé un passé honteux, en travaillant pour le régime communiste. Les fantômes du passé ressurgissent, mettant à rude épreuve la relation père-fils et entraînant un tiraillement entre culpabilité et innocence. Rafael Lewandowski a choisi le point de vue d'un fils refusant de croire au passé noir que cacherait son père, son héros, et essayant de dissimuler cette réalité, jusqu'à ce qu'il se trouve lui-même poussé à commettre un crime pour étouffer l'affaire de son père et éviter de salir son nom par un ancien dossier. La psychologie l'emporte donc sur la description historique : ce qui touche la sensibilité du spectateur et l'entraîne dans une méditation sur la morale, les droits et les devoirs, etc. Le film séduit également par son souci de vérité. Le réalisateur va même jusqu'à situer une partie de son film en France. Une initiative heureuse, car cette partie est vive, alerte et convaincante. Tandis qu'en Pologne, il parvient à saisir une atmosphère trouble et oppressante. Son regard frontal et son envie de vérité semblent s'opposer à l'héritage d'un passé tissé de mensonges, dont il accentue la noirceur.