C'est une plaie qui gangrène le corps social américain et qui ne semble pas près de se refermer. Ce dernier se retrouve, en effet, périodiquement face à des tragédies semblables à celle ayant eu lieu le week-end dernier. Des innocents, généralement des enfants, sont froidement massacrés par un jeune, généralement un inadapté psycho-social, à l'aide d'une arme à feu. La toute dernière hécatombe, celle ayant eu lieu vendredi dernier dans une école située dans l'Etat du Connecticut, a ainsi coûté la vie à au moins 27 personnes dont 20 élèves et la mère du meurtrier. Cela a suscité un profond émoi chez l'ensemble des Américains et la compassion de tous ceux qui, à travers le monde, dénoncent la violence, quels que soient son motif ou son intensité. Devant les caméras, le président Obama n'a pas pu retenir ses larmes tellement l'événement est traumatisant. Des dizaines de familles se sont retrouvées frappées de l'épée foudroyante de la mort et la retransmission de ces scènes de douleurs où les larmes se mêlent aux questions qui resteront à jamais sans réponse : «Pourquoi?». Tellement cela était gratuit. Mais la question la plus pressante qui ne manque pas d'être posée est : «Pourquoi continue-t-on de vendre librement les armes à feu dans le pays et dans certains Etats de l'union sans restriction aucune?». L'émoi national se retrouve donc mélangé, ici, à un sentiment de culpabilité qui plonge ses racines dans cette triste réalité. Aucune tentative d'interdire la vente libre des armes n'a pu, en effet, aboutir tellement le lobby des armes est puissant. La National Rifle Association, la fameuse NRA, très influente auprès des hautes sphères du pouvoir a toujours réussi à avorter toute tentative d'infléchir la généralisation du port d'arme en se basant entre autres sur le 2e amendement de la Constitution et sur l'arrêt de la Cour suprême des Etats-unis du 26 juin 2008 qui a confirmé le droit de chaque Américain de posséder une arme à feu. Obama lui-même a échoué à arrêter ce phénomène au tout début de son premier mandat qui se termine dans quelques jours. Ainsi, le peuple américain se sent-il doublement redevable de ces massacres répétitifs. La première fois pour avoir participé directement ou indirectement à l'éclosion des facteurs ayant donné naissance à l'attitude criminelle. La seconde est qu'il n'a pas décidé fermement de mettre l'arme fatale hors de portée des criminels potentiels. Foncièrement pacifiste, épris de liberté, le peuple américain se retrouve hélas l'otage de lobbies puissants qui parviennent à coups de dollars et de coups bas à imposer leur loi. Même si cela aura pour résultat de nuire... après coup aux intérêts de ce même peuple à qui on a fait croire que ce sont les armes qui protègent contre la violence, alors que chacun de nous sait que cela n'est que chimère. En effet, c'est la justice sociale et économique, la solidarité et l'humanisme qui peuvent limiter la violence et la résorber. Le peuple américain s'est d'ailleurs plusieurs fois retrouvé impliqué malgré lui dans des vagues d'agression contre des peuples innocents à cause de cette dictature des lobbies de l'argent et des armes. Celle-ci a toujours su manipuler l'opinion publique américaine et la convaincre que ces guerres sont défensives et conduites contre les terroristes dans le seul but de protéger le peuple américain et de défendre ses idéaux, par ailleurs universels. Il existe donc une même logique très fine qui relie les massacres d'enfants dans des écoles américaines et ceux qui ont eu lieu à Hiroshima, à Phnom Penh, à Kaboul, à Bagdad et autres. Ce sont toujours des intérêts obscurs, mélange de pouvoir et d'argent, imprégnés d'une philosophie diabolique basée sur le racisme, qui sont derrière toutes ces morts. Tout être sain ne peut que dénoncer cette violence, là même où qu'elle se manifeste, car elle possède les mêmes racines et a derrière elle les mêmes têtes pensantes. Le peuple américain est donc victime de ses dirigeants impuissants face à tous ces lobbies détenant le vrai pouvoir et qui ont toujours réussi à entraîner le pays dans des guerres insensées, énormément coûteuses en vie humaines et en dollars. Il est aujourd'hui appelé à se révolter contre cette situation et devenir conscient que la douleur qu'il ressent quand certains de ses enfants sont abattus, est la même que celle que ressentent tous les peuples ayant subi le feu des armes américaines.