Par Hamma HANACHI 21 heures passées, sur conseil d'un ami, on zappe sur Ettounsyia. Le sujet. La violence politique. Nida Tounès, impute les attaques de Djerba aux ligues de la protection de la révolution, instrument entre les mains d'Ennahdha. Les protagonistes : M. Caïd Essebsi, M. Mohsen Marzouk, respectivement, président et secrétaire général du Mouvement Nida Tounès, M. Samir Taïeb, député d'El Massar, face à M.Houcine El Jaziri, Secrétaire d'Etat à la Migration et aux Tunisiens à l'Etranger, membre d'Ennahdha et Walid Bennani, membre du même parti et député. « Neuf heures du soir », tel est l'intitulé de l'émission qui a trouvé la bonne formule pour faire grimper l'audimat. C'est que le téléspectateur en temps d'incertitude et de désarroi aime la politique-spectacle, les joutes en direct, les jeux des vainqueurs et des vaincus, il veut des morts et l'émission ne lésine pas sur les moyens, parmi lesquels la qualité des invités, de gros calibres et un animateur doué Moëz Ben Gharbia qui domine ses dossiers et son plateau, qui a le sens de la relance. Un plateau ? Plutôt une arène, des gladiateurs, qui ont pour seul instinct de «tuer» l'adversaire, peu importe le poids des mots, l'étroitesse du propos, la nature et l'importance des questions, le but est de parler, d'accaparer le plus de temps d'antenne, quitte à interrompre son opposant, le coincer, le « descendre». La sauce prend si vite qu'on a oublié en peu de temps le début de l'opéra l'Elixir d'amour de Donizetti retransmis sur ARTE. Ici, sur le plateau, d'un bord comme de l'autre, les guerriers évoquent un seul amour : celui de la patrie. Le téléspectateur est prié de les croire, de leur donner une haute moralité, même s'ils profèrent des inepties qu'il serait indécent de relever. Mauvaise foi garantie. Pas de nuances donc, on tranche dans le vif, M. Marzouk, calme, montre des photos compromettantes, les commente. La tension monte, les guerriers sont lâchés, premier heurt frontal entre M. Caïd Essebsi qui intervient en duplex et M. Walid Bennani. Le premier accuse le second d'être indésirable à Kasserine où il avait été reçu par des «Dégage», M. Bennani, hors de lui-même, sort son glaive : «Cet homme qui parle a perdu ses facultés, il est bon pour l'asile, et il va voir ce qui va lui arriver dès que la loi de l'exclusion des Rcédéiste sera votée». Ambiance. Plusieurs répliques et accusations plus tard. Ennahdha défend que derrière les actes de violence contre les militants et sympathisants de Nida Tounès, il y aurait des Youssefistes mécontents de la visite de Caïd Essebsi. La famille du leader Salah Ben Youssef dément et refuse l'instrumentalisation de leur nom. Fin du premier acte. Suspens. Un protagoniste accuse Caïd Essebsi de torture contre les anciens Youssefistes en 1962. L'accusé répond qu'en cette année, il travaillait à l'Office du tourisme et...prend comme témoin un nouvel arrivant sur le plateau, M. Ali Ben Salem, ancien militant youssefiste, emprisonné pendant plus de vingt ans. Fatalement le téléspectateur est accroché, M. Essebsi a fait monter les enchères trop haut. De la réponse de M. Ben Salem dépendra la valeur de sa parole, sa sincérité, son sort. Menteur ou sincère ? Suspens. M. Ali Ben Salem, lumineux, une grande qualité d'écoute, une voix de paix, une attention à la parole de l'autre, fait baisser la tension, il renforce la réponse de Caïd Essebsi. C'en est trop pour le camp adverse ! Fin de l'acte 2. Acculé, M. Jaziri accuse l'animateur d'avoir manipulé l'invité de dernière minute, l'idée de mauvaise foi, de complicité n'est pas loin. Il prend la parole, en use à sa façon et plonge dans des conjectures de circonstance, noie le sujet dans des «ne m'interrompez pas, etc.». Résultat : il provoque un choc avec l'animateur, il a le pouvoir de la parole, laquelle, comme chacun sait est un pouvoir, il ne la lâchera plus jusqu'à la fin. M. Ben Salem attend pour intervenir. Dommage ! L'émission se termine en queue de poisson et dans le désordre. Belle illustration de la violence politique. Joyeux Noël A minuit, célébration de la Nativité à Rome, dans sa bénédiction le pape Benoît XVI appelle une fois encore à la paix au Proche-Orient, endeuillé cette année par plus de 40.000 morts en Syrie. La meilleure fête de Noël s'est déroulée en Palestine. Tous les regards se sont tournés vers Bethléem, berceau des civilisations monothéistes. La Basilique présumée lieu de la naissance du Christ a été prise d'assaut, Mgr Twal, lance son homélie en présence du Président Abbas, il se félicite de l'inscription de la Basilique au Patrimoine mondial de l'Humanité. De nombreux palestiniens musulmans et catholiques sont venus d'autres villes, Jenine, Hébron, etc. pour assister à la messe. C'est la première fois qu'ils célèbrent la fête de Noël sous un Etat membre observateur de l'ONU.