Qu'attendre de l'année 2013 ? En premier lieu, l'élaboration de la nouvelle Constitution. C'est l'évidence même dira-t-on. Or, ce n'est guère le cas. Jusqu'ici, l'Assemblée constituante fait du surplace. Au point de devenir un motif de ressentiment sinon de dérision auprès de la grande majorité des Tunisiens. Elle semble avoir perdu sa vocation première et, du coup, raté jusqu'ici sa première tâche. Et sans Constitution, l'on ne saurait avancer. Tout demeure suspendu. Et les temps morts favorisent toutes les excroissances perverties. On en a eu de navrantes illustrations en 2012. En second lieu, courant 2013, on devra organiser les élections législatives et présidentielles dans nos murs. C'est un souhait largement partagé parmi nos concitoyens. Et c'est l'unique voie pour sortir de l'état provisoire où nous pataugeons. Pour ce faire, en plus de la Constitution, on devra disposer d'un nouveau Code électoral, d'une instance supérieure indépendante des élections, d'une instance supérieure de l'audiovisuel et d'un conseil supérieur indépendant de la magistrature. C'est dire l'ampleur du chantier en friche. Or, jusqu'ici, l'Assemblée ne donne guère l'impression de s'empresser en la matière. Elle se perd dans la gestion des affaires courantes et des interminables joutes entre différents partis et courants. La présidence de la République et le gouvernement ne sont pas logés à meilleure enseigne. Les gens en sont franchement désabusés. Et la vie reprend des cours anachroniques en période supposée être post-révolutionnaire. L'on assiste en effet à l'effritement de la légitimité du pouvoir issu des urnes et à la propagation massive du ressentiment populaire à l'endroit des gouvernants. A voir où en sont les choses, des craintes légitimes surgissent. Tel le danger réel de voir le système politique provisoire s'éterniser dans la partitocratie. En effet, tout est fait dans le sur-mesure partisan. Les principaux partis qui sont représentés à l'Assemblée constituante s'installent dans la routine. Bien que leurs rapports soient crispés, ils s'interpellent à distance. Bien pis, ces partis ont une fâcheuse inclinaison à se scinder. Les désertions, les scissions et les changements de casquettes sont un trait dominant et commun à la majeure partie des formations représentées à l'Assemblée. Hormis ceux du mouvement Ennahdha, le mercato des constituants est un fait établi. Des considérations financières expliquent bien des changements de casquettes. Nul ne l'ignore, même si le blackout est de mise. En vérité, l'année 2012 a été particulièrement éprouvante. Le bilan de la Troïka gouvernante n'est guère reluisant. La situation sociale est encore explosive, spécialement dans les régions intérieures de la Tunisie profonde. Des soulèvements intermittents le prouvent. Partout ailleurs, la vie n'est guère un long fleuve tranquille. Le renchérissement des prix des denrées alimentaires et des besoins vitaux et de première nécessité grève le budget des ménages. L'insécurité ambiante, les violences de plus en plus graves avec leur triste lot de morts et de blessés accusent la tendance à la baisse. Les divisions pour de pseudo-motifs identitaires et les discours de haine en rajoutent à la détresse du citoyen lambda. Tout le monde espère un renversement de la vapeur en 2013. On escompte un échéancier clair, net et précis pour les mois à venir. On souhaite que nos trois présidents (présidence, gouvernement et Assemblée constituante) s'élèvent à l'intelligence du moment historique. Qu'ils enterrent surtout les haches de guerres qui en font, depuis des mois, des frères ennemis. Parce que leurs querelles de chapelle grèvent la vie publique et entravent le plein jeu des institutions de la République. En fait, les Tunisiens espèrent que l'année 2013 soit celle de la sortie du tunnel. Puisse un tel vœu ne pas tomber dans l'oreille d'un sourd.