Les souks El Majel faisaient partie d'une zone marchande et industrielle liée au tannage qui florissait dans la région de Kairouan depuis le XIIIe siècle grâce à l'existence de l'élevage ovin dans les agglomérations environnantes. Les souks El Majel datent donc de l'époque hafside et ont été construits sur des citernes qui servaient à la récupération des eaux de pluie. Cet ensemble architectural, où la fabrication des sabots (kobkab) avait un grand succès, était alors constitué de 72 boutiques installées de part et d'autre et reliées par des voûtes en berceau. Dans les années 80, l'ASM a entrepris la restauration de cet ensemble architectural tombé en désuétude, ce qui a permis de sauver ces lieux et d'y installer des artisans du cuir et de la chaussure en rapport avec leur vocation première. Néanmoins, à partir de 2006, ces souks sont tombés de nouveau dans l'obscurité et la marginalisation. En effet, la plupart des boutiques étaient fermées et servaient parfois de dépôt. Cet état de fait était facilité par la modestie du loyer fixé par la municipalité. De nouvelles actions de restauration ont été entreprises en 2005. Et 14 boutiques ont été aménagées par l'ISAM (Institut supérieur des arts et métiers de Kairouan) relevant de l'université de Kairouan pour héberger les diplômés du supérieur désireux de créer un atelier artistique pendant une année avant leur installation dans d'autres locaux au sein de la médina, et ce, dans le cadre du PAQ (programme d'appui à la qualité de l'enseignement supérieur). Actuellement, 16 jeunes étudiants y sont installés pour travailler dans des ateliers de céramique, de verre, de mosaïque, de tissage, de sculpture, d'infographie et de design mobilier. Néanmoins, les étudiants que nous avons rencontrés au sein de ces ateliers, dont Belgacem Chbichib, Nasreddine Frakhti, Maher Ben Ammar et Riadh Sliti, souhaiteraient qu'on prolonge la durée de leur stage au sein de souk El Magel car ils pensent qu'une année c'est très court pour pouvoir se faire connaître et pouvoir écouler ses productions. De plus, ils n'ont pas assez d'argent pour trouver des locaux disponibles en ville et payer les loyers qui augmentent d'année en année.