Le Parc national d'Ichkeul retiré de la liste du patrimoine mondial en péril. L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) vient de publier son nouveau manuel de référence intitulé «Gérer le patrimoine mondial naturel». Conçu en collaboration avec l'Iccrom (Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels), l'Icomos (Conseil international des monuments et des sites) et l'Uicn (Union internationale pour la conservation de la nature), ce manuel a pour objectif de guider les gestionnaires et les professionnels dans leur gestion d'un site classé patrimoine naturel mondial selon les normes et recommandations de la Convention mondiale sur le patrimoine. Parmi les études de cas présentées dans ce guide, l'on note l'intérêt porté à un projet lancé en Tunisie sur le suivi scientifique en tant qu'outil de gestion pour le Parc national d'Ichkeul. Pour ce cas, un système de mesures et un programme de suivi scientifique concernant les paramètres abiotiques et biotiques sur l'état de conservation de l'écosystème du Lac Ichkeul ont été mis en place. L'étude sur le cas du Parc national d'Ichkeul, inscrit au patrimoine mondial depuis 1980, a été élaborée par M. Maher Mahjoub, vice-président de la Commission mondiale des aires protégées (Cmap, Afrique du Nord et Asie occidentale) et Marie-José Elloumi, directrice de l'unité des écosystèmes naturels (Agence nationale de protection de l'environnement de Tunisie, Anpe). Il s'avère, selon l'étude présentée, que l'Ichkeul demeure probablement l'un des rares sites du patrimoine mondial où les résultats du suivi scientifique sont directement utilisés pour gérer le site et où le suivi et l'information scientifiques sont considérés comme un élément essentiel de la gestion et de la conservation de sa valeur universelle exceptionnelle. En effet, avec près de mille sites naturels et culturels déjà inscrits, le défi actuel pour la Convention du patrimoine mondial est de s'assurer que les valeurs pour lesquelles les sites ont été classés soient maintenues à travers, notamment, l'engagement des Etats-Parties à la convention de les protéger, en assurant une gestion efficace. Pour sauver ce site inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril en 1996, menacé principalement par l'effet combiné de longues périodes de sécheresse et par la construction de barrages en amont, l'Anpe a mis en œuvre un programme de suivi scientifique depuis 1995 pour en faire un véritable laboratoire vivant. La qualité de ce suivi avait conduit le Comité du patrimoine mondial à retirer l'Ichkeul de la liste des sites en péril en 2006. Ce guide recense également les meilleures pratiques ainsi que les références scientifiques permettant d'assister les gestionnaires de sites naturels dans l'accomplissement de leur mission pour la préservation des biens naturels et des biens mixtes du patrimoine mondial. Il est à noter que la Convention du patrimoine mondial est l'instrument le plus abouti pour reconnaître les lieux naturels les plus exceptionnels au monde, caractérisés par leur biodiversité, leurs écosystèmes et leur superbe phénomène naturel.