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La Marianne des temps modernes
L'entretien du lundi : Amel Hamrouni (chanteuse engagée)
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 01 - 2013

Il est vrai que le nom d'Amel Hamrouni est associé à jamais à l'ensemble El Bahth el mousiki (la recherche musicale) de Gabès, une expérience qui synthétise militantisme, engagement politique et aspiration à une chanson alternative. Une expérience qui a bercé plus d'une génération et qui a réuni toutes les fractions politiques de l'époque — et même d'aujourd'hui—sous un même drapeau : celui d'une chanson. Mais Amel, étant la seule fille du groupe et sa vraie soliste, volet chant, elle fut son icône, une représentation de la femme tunisienne comme on se l'imaginait, frêle comme de la craie et solide comme du roc.
Et puisqu'il arrive, souvent, que le temps sépare ceux qui s'aiment, El Bahth el mousiki n'est plus, aujourd'hui. Le groupe s'est dispersé, mais Amel Hamrouni et son compagnon de route Khémaïes Bahri ont pris le flambeau, poursuivant, bon gré mal gré, leur chemin, nous offrant — épisodiquement, il faut le dire—, des récitals qui enflamment encore les jeunes et les moins jeunes. Et ce n'est point par nostalgie... uniquement. Aussi, nous sont-ils revenus avec un projet, «Ouyoun el kalem» (approximatif: l'essence des mots), avec lequel Amel Hamrouni continue à nourrir son amour pour la musique et le chant. Mais pas n'importe lesquels.
Rencontre avec cette Marianne des temps modernes, dont la voix et la sensibilité dégagent de l'émotion et provoquent, immanquablement, l'adhésion totale de ceux qui l'écoutent. Entretien.
En tant que citoyenne, dans quel état d'esprit êtes-vous, deux ans après la révolution ?
Je suppose que c'est une question que chacun d'entre nous se pose, d'une manière ou d'une autre. J'ai un sentiment très mitigé, mais je suis passée de l'euphorie à l'incompréhension, l'inquiétude, la tristesse, la colère et maintenant à une envie farouche de me battre et de résister pour défendre un idéal commun...une patrie telle qu'on a toujours voulue, celle dont on a rêvé et pour laquelle on s'est tant battu. Au fond, je sens que je n'ai pas le choix, et c'est cela qui donne un sens profond à ma vie.
Et en tant qu'artiste ?
Pour le côté artiste en moi, le contexte actuel constitue une grande source d'inspiration. Comme tous les vrais hommes et femmes du monde de la culture et des arts, j'attends que nos poètes talentueux nous surprennent. Hélas, je les trouve, du moins jusque-là, ou bien un peu trop repliés sur eux-mêmes ou alors d'une tristesse désespérante. Ils ont peut- être besoin de «distance», mais cela viendra sûrement.
Ce qui a amené Amel Hamrouni à chanter dans les années 80/90 est-il toujours d'actualité ?
Je n'ai pas besoin de réfléchir pour vous répondre par l'affirmative. J'ai toujours pensé que nous chantions la vie; celle des petites gens, les laissés-pour-compte, ceux dont on n'écoute pas la voix... Nous continuons de le faire. C'est que la vie est en perpétuel mouvement, mais avec toujours des injustices, des inégalités, des disparités et de...l'amour. Les sujets ne manqueront donc jamais; le vrai défi sera toujours de trouver le «ton» juste , de «gratter» à la bonne corde, de chercher «la mélodie» qui transporte et, pourquoi pas, bousculer les canons même de l'esthétique. D'ailleurs, n'avons-nous pas commencé un peu à le faire, à notre insu, avec la fabuleuse aventure d'«El Bahth» ?
Que reste-t-il, justement, de ce projet, aujourd'hui?
Honnêtement, et cela n'engage que ma personne, je pense que d'«El Bahth», en tant qu'expérience inédite, il n'en reste plus grand-chose; la formation actuelle, qui en porte la dénomination, n'étant plus qu'une pâle copie de celle de jadis. Je ne veux pas être dure, mais ceux qui ont cru pouvoir refaire l'histoire n'ont manifestement rien compris à celle originelle du groupe... C'était, certes, une expérience artistique qui a marqué les esprits par le talent des paroliers, des compositeurs et des interprètes, mais elle était, surtout, l'histoire d'une amitié, d'une complicité et de valeurs partagées par un groupe de jeunes qui ont su donner un sens à leur passion.Que représente pour vous cette expérience humaine et artistique et qu'en demeure-il au fond de vous-même ?
L'histoire d'«El Bahth» est un peu celle de ma vie aussi. J'y ai connu le sens de l'amitié, du militantisme, le bonheur de la scène, la tristesse des échecs... De plus, l'homme de ma vie en faisait partie. Sur le plan personnel, j'ai décidé de ne garder que les bons souvenirs, je dirais même les meilleurs, ceux qui aident à avancer. D'ailleurs, ma mémoire fait le «tri» très naturellement et c'est ce qui m'aide à aller toujours de l'avant. Sur le plan artistique et sans du tout être du tout narcissique, nous pensons, Khémaïes et moi, nous pensons être les dignes héritiers d'«El Bahth», car nous essayons, d'abord, d'enrichir son patrimoine, mais surtout de lui donner une dimension «esthétique» quant à l'exécution musicale. Le but n'est -il pas de séduire et de convaincre artistiquement le plus large public possible, celui à qui notre musique est destinée ?
Le retour d'«El bahth el mousiki» sur la scène, et sa rencontre avec le public en 2003, étaient un «retour - bilan», mais aussi une occasion de reconstituer vos archives et d'enregistrer votre grand répertoire. N'était-ce pas, également, une manière aussi de tourner une page ?
Ce retour était à l'initiative de l'Ugtt. Et puis on voulait réussir le «retour», par devoir de mémoire, car on voulait surtout enregistrer convenablement une bonne partie de notre répertoire et nous donner «l'occasion» de mesurer notre capacité à remettre «la fabuleuse» machine du groupe en marche, mais n'étant pas dupes, on savait, (au moins Khmaïes et moi , qui sommes toujours restés complices) que huit années de séparation allaient forcément laisser des séquelles. C'est comme l'avait prédit Adam Fathi dans sa merveilleuse chanson, écrite en 1984, layam farraga. On dirait que ceux qui croient que les poètes ont toujours raison, parce qu'ils voient plus loin que l'horizon, n'ont pas tort. Les jours ont, en effet, fini par nous séparer. Je pense même qu'il faut admettre, quand cela s'impose, d'avoir le courage de se séparer de ceux qu'on a vraiment aimés. Cela permet, au moins, de sauver ce qu'on a partagé de meilleur.
Ouyoun el Kalem du duo Amel Hamrouni et Khemaïes Bahri est une nouvelle étape qui a commencé suite à un divorce artistique avec le groupe, mais ce serait aussi un projet qui est venu satisfaire un besoin créatif. Comment le définissez-vous ?
Je pense que notre duo, n'ayant d'autre choix que de ressembler à lui-même, inscrit vraiment l'expérience de Ouyoun El Kalem dans une sorte de continuité d'«El Bahth». En effet, nous accordons toujours autant d'importance à «la parole» et nous nous considérons, avant tout, comme étant des «chansonniers», (ghannaya). Cela nous ressemble vraiment, même si Khmaïes s'exprime, un tant soit peu, différemment dans ses compositions, où il y a plus d'espace à la «musique» instrumentale et où il accorde un soin particulier aux phrases musicales, à l'harmonie... Aussi, cette expérience me comble-t-elle et me permet-elle d'explorer de nouvelles sensations .


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