Promesse officielle de rembourser 50% de la facture globale avant fin février 2013 Cela fait, un an que le dossier est ouvert et aux dernières nouvelles ce dernier n'est pas près d'être clos. Le 05 février, une délégation tunisienne s'est rendue en Libye pour une cinquième rencontre avec les autorités libyennes. Les patrons des cliniques privées tunisiennes en sont revenus avec la promesse officielle d'être remboursés à hauteur de 50% de la facture globale d'ici la fin du mois courant. Les 50% restants dépendront des résultats de l'audit financier international mené par une firme anglaise (PwC) qui, d'emblée, exige un rabais de 20 à 30% sur chaque facture avant toute négociation. La requête des cliniques tunisiennes auprès du gouvernement libyen pour paiement des factures relatives aux soins et actes médicaux fournis, pendant des mois, aux blessés et réfugiés de la révolution libyenne traîne en longueur et suscite de plus en plus de gêne d'un côté comme de l'autre. Si le différend a porté initialement sur le montant de la facture globale, excessif aux yeux des autorités libyennes, les négociations, quant à elles, ont buté dès l'entrée en ligne d'un troisième intervenant, une société d'audit anglaise (Pricewaterhouse Coopers) mandatée par le gouvernement libyen, pour vérifier toutes les factures présentées par les 32 cliniques tunisiennes, voire plus. A rappeler que les autorités libyennes s'étaient engagées dès les premiers mois de la révolution à prendre en charge financièrement les soins de leurs ressortissants libyens, blessés de la révolution et réfugiés, déplacés vers la Tunisie. PwCoopers : bras de fer et chantage Du côté des professionnels tunisiens, le problème n'est pas lié au principe de la vérification des factures. Ces derniers avaient eux-mêmes proposé, dès fin 2011, la création d'une commission mixte tuniso-libyenne pour examiner «ensemble» tous les documents, proposition restée sans suite en raison du non-intérêt de la partie libyenne (La Presse du 31 janvier 2013). L'embarras des patrons des cliniques tunisiennes, voire leur colère, vient du fait qu'ils trouvent inadmissible la méthodologie adoptée par la firme anglaise d'audit et qui consiste à avoir recours au bras de fer et au chantage pour imposer (par contact téléphonique) des conditions avant toute négociation, en l'occurrence des réductions de 20% à 30% sur chaque facture, donc pour chaque clinique, avant d'entamer toute discussion. «PwC a contacté par téléphone les cliniques une à une pour leur imposer des rabais proférant la menace de ne pas régler la facture en cas de rejet de la condition», a précisé Dr Khaled Nabli, président de la Chambre nationale des cliniques privées relevant de la centrale patronale (Utica). La tournure qu'a prise l'affaire démontre qu'il y a un manque de confiance flagrant du côté libyen. D'un autre côté, quatre cliniques tunisiennes sont sur le point de mettre la clé sous la porte en cas de non recouvrement de leurs biens (La Presse du 31/01/2013). Dr Nabli avait affirmé que les cliniques qui appartiennent toutes au secteur privé ont dû payer leurs fournisseurs par leurs propres moyens, ce qui représente un manque à gagner dans leur budget. Si d'aucuns ne contestent pas le droit du gouvernement libyen de vérifier et de s'assurer de l'authenticité des factures, cela donne-t-il le droit à une société d'audit financier de contester ou même de discuter un protocole médical prescrit par un médecin traitant à son malade? Prochaine rencontre à Tunis, le 25 février Après un chassé-croisé de rencontres officielles en Tunisie et en Libye, un procès-verbal signé à Tunis il y a un an (13 février 2012), en présence de l'ambassadeur de Libye en Tunisie, et un sit-in observé par les propriétaires de cliniques privées le 22 janvier 2013 devant l'ambassade de Libye, le 05 février courant devait être la date du dénouement. C'est en tout cas ce qu'espéraient les membres de la délégation officielle tunisienne—c'est la voie diplomatique qui est privilégiée par les autorités tunisiennes— qui s'est rendue en Libye pour y rencontrer le ministre de la Santé et discuter des issues possibles de cette affaire. Les représentants des cliniques tunisiennes sont rentrés avec une moitié de solution. «Le ministre de la Santé libyen s'est engagé à rembourser, d'ici la fin du mois de février courant, une avance de 50% du montant global, soit 40 MD, tout en nous signifiant que PricewaterhouseCoopers poursuivra son opération d'audit des factures et que le gouvernement libyen se réserve le droit de recourir à la justice dans le cas où les cliniques tunisiennes n'accorderont pas de rabais», indique Dr Nabli qui ne cache pas la non-adhésion des professionnels de santé tunisiens à la thèse des réductions des factures. Par ailleurs, un autre rendez-vous a été pris pour le 25 février courant, à Tunis cette fois, avec l'ambassadeur de Libye en Tunisie pour poursuivre les pourparlers. Il faut espérer que cette affaire soit résolue au plus vite et de manière consensuelle en raison des relations traditionnelles de voisinage, d'échanges et d'alliance entre les deux peuples, relations qui devraient peser de tout leur poids sur la balance des relations diplomatiques entre les deux pays et des échanges bilatéraux qu'ils soient commerciaux ou autres.