La deuxième édition du salon «Perspectives, hautes études et carrières» vient d'ouvrir ses portes, hier dans la capitale, pour y camper trois jours durant à proximité des acteurs les plus soucieux de la question de l'emploi. De nombreux stands spécialisés et diversifiés ont été implantés et parsemés dans les différents coins d'un hôtel de la place, exposant, ainsi, un large éventail de choix de filières universitaires tant en Tunisie que dans d'autres pays européens. Selon le directeur du salon, M. Tawhid Chtioui, l'actuelle édition revêt un caractère spécifique. Elle favorise l'information de proximité et contribue, bel et bien, à l'épanouissement des jeunes, leur apportant une orientation efficace et un éclairage sur les opportunités d'emploi de demain. Autant dire, aider les jeunes étudiants et les diplômés aux profils innovants à projeter concrètement dans la poursuite de leurs études pour faire une carrière mieux adaptée au marché du travail. Un marché qui ne peut plus supporter l'affluence massive de nouveaux arrivés de la formation supérieure et professionnelle. Plus de 600 mille sans-emploi sont actuellement sur la liste d'attente. Cette manifestation, à l'en croire, se veut, comme son intitulé l'indique, un rendez-vous incontournable de tous les demandeurs à la recherche de nouvelles perspectives beaucoup plus prometteuses. Qu'ils soient informés de bouche à oreille ou sur la toile via Facebook, jeunes étudiants et diplômés de l'université se sont donné rendez-vous pour venir, en grand nombre, profiter de l'occasion. Ils étaient là pour tenter leur chance et découvrir les pistes professionnelles dont ils ont tant rêvé. Sur le tas, ils n'ont point hésité à s'interroger sur l'avenir d'un tel métier ou s'adresser aux exposants pour en savoir plus sur les diplômes, les débouchés possibles et le cursus universitaire à l'étranger. La Tunisie, faut-il le signaler, demeure une véritable pépinière d'un réseau assez large d'écoles et d'établissements supérieurs privés dispensant une palette de formation poussée en matière de hautes études commerciales, d'ingénierie numérique et de gestion et d'économie appliquée... Ces institutions établies sous nos cieux sont venues de France, des Etats-Unis, de Roumanie... Poursuivre sa carrière ou s'orienter vers une formation complémentaire, le jeune diplômé se trouve, enfin, dans l'embarras du choix. «Le salon n'apporte pas un soutien individualisé, mais notre objectif consiste, en fait, à fournir l'information recherchée et éclairer, autant que possible, la lanterne des jeunes en question...», précise M. Chtioui. Et de révéler que la manifestation a connu, lors de son premier jour, un immense succès de par le flux des visiteurs. D'après lui, pas moins de 14 mille jeunes sont venus s'inscrire sur le site du salon. Il prévoit qu'aujourd'hui et demain, il va y avoir un nombre très important de jeunes étudiants. D'ailleurs, la conférence inaugurale a réussi à polariser autant d'étudiants et de diplômés demandeurs d'emploi. La salle était comble et l'ambiance était estudiantine par excellence. Et les questions qui avaient été posées, ici et là, par des jeunes si assoiffés et enthousiasmés, nécessitent mille réponses ayant trait aux techniques de recherche d'emploi, de rédaction de CV, aux styles et démarches d'entretien de recrutement. Sur la tribune, des économistes et des universitaires chevronnés se sont montrés humblement disposés à leur répondre et leur expliquer le comment et le pourquoi de tel ou tel choix, les perspectives d'un tel profil, la configuration actuelle du marché du travail et les besoins des entreprises en compétences. Pr Ridha Ferchiou, professeur en économie à l'institut Tunis-Dauphine, une antenne de l'université parisienne, n'a pas mâché ses mots pour appeler à la révision du système éducatif et de formation, indiquant qu'il n'est nullement adapté au marché du travail. Dans tous les cas de figure, celui-ci ne peut absorber annuellement que près de 25% de nos diplômés du supérieur, alors que le nombre de sortants des universités se situe aux alentours de 60 mille. Que peut-on faire pour améliorer l'employabilité de ces jeunes ? «Il faut mieux planifier l'ordre du capital humain à tous les niveaux». Aymen Erraïes, maître-assistant à l'université de Tunis, lui aussi, n'y va pas par quatre chemins pour dire que le problème réside dans la déconnexion entre les besoins des entreprises et la formation académique enseignée. Selon lui, il est vrai que ce déphasage remonte aux anciennes politiques éducatives, mais maintenant, il est temps de remettre les pendules à l'heure, en créant une passerelle qui lie l'université au marché d'emploi. Cette situation complexe ne cesse d'inquiéter les diplômés et les chefs d'entreprise. Un dilemme à résoudre !