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Jadis, mon père était policier...
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 03 - 2013


Par Mohamed Souheil Haddad*
Quand j'étais enfant, je croyais que tous les policiers étaient amis de mon père, lui aussi alors policier.... Un jour d'été de mes quatre ans, j'ai accouru sans y réfléchir deux fois, vers un policier qui passait devant chez moi. Sourire aux lèvres, la main tendue, et en toute confiance je lui lançai le meilleur salut dont était capable un enfant qui aurait rencontré un héros, qui de surcroît était ami de son père ... Malheureusement, le policier ne voyait pas les choses du même œil, et en réaction à toute ma bonne volonté me flanqua une «bonne» gifle et me posa une question : Ensuite, sans attendre ma réponse, il continua son chemin.... Ce jour-là je compris définitivement que tous les policiers n'étaient pas amis de mon père; et que certains pouvaient même être carrément méchants... À mon âge d'alors, et je le pense encore aujourd'hui, j'avais accepté le premier constat mais refusé le deuxième...car, plus tard dans la journée, j'avais attendu mon père à son retour du travail et lui racontai toute l'histoire. Mon père m'avait accompagné au poste de police où «le méchant», je m'en rappelle comme si c'était hier, avait reconnu son tort et me présenta des excuses. L'incident fut clos, même si le policer n'avait pas compris l'essentiel, car pour justifier son agressivité, il m'avait reproché de ne pas lui avoir dit que j'étais le fils d'un collègue !... Mon père, qui m'avait ce jour-là promptement rendu justice est resté à jamais mon héros et j'ai appris à soigneusement éviter les «policiers méchants»...aussi par chance, même quand les policiers ‘'cassaient de l'étudiant'' sur le campus dans les années 80, je n'ai jamais été frappé... J'ai donc gardé une certaine sympathie, prudente certes, mais sympathie tout de même envers les policiers et autres corps professionnels dont la mission est de veiller à la sécurité des citoyens.
Jadis, mon père était policier...du temps où les policiers ne mouraient pas en service. Aujourd'hui c'est différent : les policiers, gendarmes, militaires, douaniers, et pompiers (Pgmdp ont tous compté,depuis janvier 2011, des morts dans leurs rangs. Certains ont laissé des enfants en bas âge : eux aussi, comme moi à l'âge de quatre ans, pensaient probablement que tous les policiers sont amis de leurs pères.... L'agent de police Lotfi Ezzar est mort en service (février 2013). Il a laissé quatre enfants en bas âge et une veuve sans soutien aucun. L'agent de la Garde nationale Anis Jelassi a été tué en service suite à des blessures par balles (décembre 2012). Nous avons tous probablement vu à la télévision ses parents, ses sœurs et ses frères qu'il avait laissés sans soutien aucun. La semaine dernière encore, deux agents ont été blessés lors d'un échange de tirs.
Le métier de policier, de gendarme, de militaire, de douanier et de pompier est devenu aujourd'hui un dangereux. Or, nous avons encore un système de prise en charge qui ne reflète pas cette nouvelle réalité. La famille de l'agent Lotfi Ezzar, celle de l'agent Anis Jelassi, comme bien d'autres dans les mêmes conditions, sont appelées à traverser leurs pires années...leurs chances de s'en sortir sont des plus minces...Même si dans les deux cas, le président de la République et le chef du gouvernement ont promis une aide matérielle, cela ne change rien au fait que l'Etat, pour la défense duquel ils ont volontairement (ou non) donné leur vies, a instantanément laissé leurs familles seules face à leur sort.
Il est impensable et même irresponsable de compter sur ‘les gestes' humanitaires (nécessairement politisés) des uns et des autres pour assurer une vie digne et même confortable aux familles des Pgmdp décédés en service. Il ne faudra pas attendre que, dans leur malchance, certaines familles de Pgmdp réussissent à attirer l'attention des médias et la sympathie de l'opinion publique pour recevoir une assistance ponctuelle et, de toute façon, insuffisante. Il faudra plutôt institutionnaliser une démarche de prise en charge systématique par l'Etat de ces familles. L'Etat devra sans délai pourvoir aux besoins de leurs familles, devenir le tuteur de leurs enfants mineurs en les déclarant «pupilles de la Nation», assurer leur éducation, leur santé, leur bien-être ; en somme, faire tout ce qui est possible pour qu'ils réussissent leur vie. Il faudra mettre en place les institutions et les mécanismes appropriés pour donner des garanties réelles et tangibles, tant et si bien que les Pgmdp n'aient aucune crainte de «se tuer à la tâche»... Sinon, il faudra s'attendre à ce que tout Pgmdp réaliste pense d'abord à sa famille avant de penser à servir et protéger...et accepter le fait qu'il ne nous donnera jamais le meilleur de lui-même.
Ainsi, même d'un point de vue égoïste, nous avons collectivement intérêt à mettre en place, au plus vite, un système qui assure «les arrières» des Pgmdp. Le plus simple des mécanismes serait : (1) de continuer à payer le salaire à la famille du Pgmdp décédé en service jusqu'à l'âge théorique de la retraite (incluant les augmentations de salaire dues aux promotions que le Pgmdp aurait normalement pu avoir s'il avait continué sa carrière). (2) prendre totalement en charge les dépenses de soins de santé et d'éducation de ses enfants. (3) assurer un suivi psychologique et guider ses enfants dans leur choix de carrière et leur donner la priorité dans les emplois publics (s'ils le désirent). Il y aurait aussi deux autres mécanismes requérant un peu plus de travail, qui m'ont été suggérés par deux amis. Le premier mécanisme serait de créer un fonds de solidarité des Pgmdp. Ce fonds pourra au démarrage être alimenté par une avance de fonds publics de deux ou trois millions de dinars (remboursable) –pour faire face aux besoins immédiats –et ensuite par des contributions obligatoires mensuelles (d'un dinar) de tous les Pgmdp. Le fonds de solidarité des Pgmdp devra ainsi se faire confier plus d'un million de dinars par année et devra être géré par des professionnels comme un fonds d'investissement. Dans la même veine, il y aurait une autre possibilité qui ferait directement appel au mécanisme d'assurance groupe —Vie. Toute compagnie d'assurance ou de takaful rêverait – et se battrait pour – d'avoir un contrat où le nombre d'adhérents dépasse à vue d'œil les 80.000. Dès l'entrée en vigueur du contrat, les prestations, en cas de besoin, sont immédiates. De plus, les flux financiers générés seront une épargne canalisée vers le marché financier, donc vers l'investissement. Dans un tel scénario, l'effort à fournir par la communauté, à travers le budget, serait de prendre en charge une bonne partie des primes dues par les agents (il est à ce propos important que l'agent participe, même par un dinar, afin que les agents soient conscients de l'avantage offert.Ceci devra régler définitivement le problème d'incertitude (qui pourrait être la raison fondamentale du manque d'enthousiasme des uns et de l'agressivité des autres) et enfin,permettre de faire pour les familles autant sinon mieux que ce qu'aurait pu faire lui-même, le Pgmdp mort en service...Seulement alors nous pouvons nous attendre à avoir le meilleur de nos Pgmdp et «mériter d'être défendus à mort»!
*(Universitaire)


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