Meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France, Thierry Henry a commencé les deux premiers matches de préparation à la Coupe du monde 2010 sur le banc. Une situation qui pourrait se prolonger en Afrique du Sud. Mais, à en croire certaines sources, le Barcelonais, qui a très peu joué cette saison, était au courant, averti par Raymond Domenech en personne. Ce dernier dément... Ça ressemble de moins en moins à un hasard. Reconduit dimanche contre la Tunisie (1-1), le 4-3-3 aligné par Raymond Domenech mercredi dernier à Lens (plus Lloris dans les buts) contre le Costa Rica (2-1) a tout d'une équipe-type pour la Coupe du monde 2010. Un onze de départ qui a le gros avantage de faire une place à gauche à Franck Ribéry sans sacrifier Florent Malouda dont le volume de jeu apparaît aujourd'hui indispensable au bon rendement de l'équipe de France. Une organisation à une seule pointe, offerte pour le moment à Nicolas Anelka, préféré à Djibril Cissé et André-Pierre Gignac, mais aussi et surtout à Thierry Henry. Leader incontestable de l'attaque française depuis une décennie, seul champion du monde 1998 convié à l'événement, capitaine de l'équipe de France depuis la mise au placard de Patrick Vieira, cadre de toutes les campagnes tricolores jusqu'à être "assassiné" publiquement pour sa main contre l'Irlande offrant ce but décisif à William Gallas et le billet pour l'Afrique du Sud à la France, le Barcelonais s'apprête à vivre sa quatrième Coupe du monde, performance qu'aucun autre international n'avait réussie, dans la peau d'un remplaçant. Inimaginable, il y a quelques mois encore, quand son statut d'incontournable lui réservait le couloir gauche de l'attaque tricolore jusqu'à pousser Franck Ribéry à la bouderie. Un pacte à Barcelone ? Depuis, sa cote de popularité s'est effritée à mesure que son temps de jeu s'est réduit au minimum au Barça. Et c'est bien parce qu'il ne joue pas "dans un bled", pour reprendre les mots prononcés mi-avril à son sujet par Raymond Domenech, que ça s'est vu. En manque de temps de jeu et à cours de condition, le meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France (51) semble aujourd'hui promis un rôle de joker de luxe en équipe de France, du moins pour le premier match des Bleus dans la compétition le 11 juin prochain contre l'Uruguay. Une tendance confirmée. On laisse entendre que le sélectionneur se serait rendu en personne début mai à Barcelone, avant l'annonce de la liste des 30, pour lui signifier sa situation. Un pacte à prendre ou à laisser, au risque d'être écarté de la sélection. Démentie par Raymond Domenech, qui l'a qualifiée de "ragot" même si elle tombe à pic à moins de deux semaines désormais du coup d'envoi du Mondial pour désamorcer le soufflé, cette information se confirme pourtant depuis le début de la préparation, tant lors des deux premiers matches qu'Henry a commencé sur le banc malgré son besoin de temps de jeu, abandonnant au passage son brassard de capitaine à Patrice Evra, que lors des entraînements où il est systématiquement aligné dans l'équipe des remplaçants. Sondé sur la question dimanche soir au sortir du nul contre la Tunisie (1-1), un match dans lequel il est entré à la pause d'abord sur le côté gauche, avant de permuter dans l'axe avec André-Pierre Gignac, l'intéressé a assuré vivre "très bien" cette situation. "On n'est pas là pour savoir qui va jouer ou qui ne va pas jouer. J'ai eu une discussion avec le coach qui m'a dit que je ne débuterai pas (le match). Comme je le dis souvent, le plus important, c'est l'équipe", a-t-il confié, ne faisant que répéter ce qu'il disait déjà mercredi soir dans les couloirs de Bollaert. Parfois décrié pour son assurance qui peut passer pour de l'arrogance, Henry semble s'être résolu à accepter ce nouveau statut de doublure, en atteste sa bonne humeur affichée depuis le début de la préparation. A 33 ans, il est conscient que sa route en équipe de France, prise en 1998, prendra fin à l'issue de la Coupe du monde. Au point d'être prêt à tous les sacrifices pour que l'aventure se termine comme elle a commencé, par un titre de champion du monde...