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L'ombre l'emporte sur la lumière?!
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 04 - 2013


Par Rejeb HAJI
« Le verdict du passé est toujours le verdict d'un oracle. Vous ne le comprendrez que si vous êtes les architectes de l'avenir, les connaisseurs du présent» (Friedrich Nietzsche)
La publication des salaires des présidents-directeurs généraux, non démentie par les concernés, ne nous laisse pas indifférents. Quelles que soient les origines de l'information, la question est à notre sens grave et mérite qu'on s'y attarde. Au moment où le gouvernement demande des efforts à la classe moyenne, de se serrer la ceinture pour contribuer à la dépense de la Caisse de compensation, cette révélation lourde de conséquences doit inciter le gouverneur de la Banque centrale comme le ministère des Finances à suivre de près les salaires distribués dans notre pays. En effet, alors que la crise financière est passée sous silence, que le secteur bancaire est opaque puisque réservé aux initiés, on découvre les montants des salaires du mois de décembre 2012 des dix plus grands salaires exprimés en dinar (voir le journal El Maghreb du 23/03/2013). Classés par ordre décroissant : en première position celui de «La carte» avec 1.070.670 D; suivi par celui de la Banque arabe de Tunisie 999.221 D, ensuite celui de la Biat 818.000 D; la quatrième position est occupée par celui des boissons gazeuses 623.451 D; la cinquième est attribuée à celui de l'Ubci d'un montant de 618.390 D ; suivi par celui de l'Amen Bank avec 615.786; quant à la Banque de Tunisie le montant est de 603.195 D; celui de Poulina avec 562.734 D. Enfin, en dernière position celui d'air liquide avec 442.299 D. Soit un total de 6.887.746 D. Ces fortunés percevaient en 2012 un salaire mensuel variant de 36.857 à 892.225 D alors que le pays est au plus bas et que le taux de croissance était négatif.
De quel droit autorise-t-on de pareils émoluments dans un pays en récession où l'économie est à l'arrêt, où la pauvreté s'accentue et où le circuit financier est au bord de la faillite ? Pour ce dernier, sa survie est conditionnée par l'aide de la Banque centrale. Les individus fortunés doivent, comme pour les autres, mettre la main à la poche pour payer leur juste part des dépenses, afin d'alléger celles de la Caisse de compensation par exemple.
L'argent serait-il devenu dans notre pays une arme sauvage destructrice de la société dans ses liens d'entraide et de solidarité ? Chacun selon ses moyens doit contribuer à l'effort national pour qu'il y ait plus d'écoles, plus de dispensaires, plus de routes...de manière à ce qu'il n'y ait plus de laissés-pour-compte.
L'exemple vient du sommet de la pyramide !
Les gouvernants français, grecs, japonais, aujourd'hui chypriotes diminuent leur nombre et réduisent leur salaire parce que la situation de leur économie l'exige. Lorsque l'exemple vient d'en haut, même par sa symbolique, alors l'effort consenti devient collectif. Il ne sera plus réservé à une catégorie de citoyens, elle-même en souffrance de la régression de son pouvoir d'achat. Nous avons espéré que la transparence deviendrait celle de la révolution et les déclarations du patrimoine des gouvernants auprès de la Cour des comptes deviendraient la règle. Le citoyen doit y avoir accès pour que le politique redevienne crédible. Des déclarations honnêtes des contribuables et un appel aux hauts salaires peuvent y contribuer encore plus. Pourquoi ne pas avoir un impôt progressif et créer un nouveau taux d'imposition taxant jusqu'à 75% les grandes fortunes et les plus hauts salaires? Pourquoi ne pas l'appliquer à ces centaines d'entrepreneurs dont les dossiers sont en souffrance et qui attendent leur jugement ? Ils pourraient alors par ce biais sortir de ce trou noir où ils se sont enfermés à tort ou à raison. Seule la justice détient leur vérité. Le temps n'est plus au politique, l'économique et le social deviennent les plus urgents. De nouvelles leçons nous viennent d'ailleurs quant à l'indépendance de la justice. La semaine noire de la France où tour à tour des responsables de haut niveau sont justiciables de leur conduite et de leur comportement. C'est cette justice-là dont on rêve et à laquelle on aspire après notre révolution! Les dernières décennies nous ont légué une société où l'argent est roi et où la violation des règles est la conduite. Jamais la corruption dans notre pays n'a été aussi répandue. A la justice sereine de s'attaquer au parti de l'argent, souvent parti du crime. Une lutte contre la fraude et l'évasion fiscale pourrait être menée sans merci pour atténuer les besoins de financement du budget. C'est aussi un combat qu'exige la vérité de la situation de notre pays. Fini le temps de l'arrogance, du reniement et de la lâcheté. Le «nouveau citoyen», celui de la révolution, attend et demande du politique l'intégrité, l'honnêteté et la sincérité.
Transcender ses passions et dépasser ses amertumes !
La presse et les médias, non en délateurs, mais en professionnels provocateurs de confrontations d'idées et de projets y ont un grand rôle à jouer. La recherche de la vérité et par conséquent l'engagement pour les idées l'exige. Les mains occultes invisibles et les forces de l'ombre toujours en éveil qui tentent de manipuler le pouvoir économique en coulisse et qui en tirent toujours les ficelles doivent être dénoncées. Les dernières révélations sur la non-concordance des chiffres publiés et ceux transmis au Fonds monétaire international (FMI) vont dans le bon sens de la transparence car les marchés financiers n'ont pas de conscience politique et ne connaissent que le gain ou la perte. Les Etats en dépendent. Ils empruntent des capitaux et des engagements futurs sont pris. Ces derniers ne doivent plus être le fait du prince. Voilà qui nous amène à nous interroger sur notre capacité d'indépendance, sur la voie empruntée dans la construction de notre deuxième République. L'expérience, celle de notre pays, n'est ni comparable, ni semblable aux autres. Eux ont des siècles de progrès et de démocratie, nous également par notre histoire millénaire. Mais à leur opposé, les dernières décades ont été caractérisées pour notre pays par la régression dans tous les domaines et par un pouvoir absolu des plus cyniques.
S'il n'est pas de notre intention de faire des évaluations de ce que notre pays a traversé comme périples pour construire un Etat moderne comme celui d'aujourd'hui où l'éducation est prioritaire, où l'émancipation de la famille est une constante d'évolution, où l'armée, outre son rôle régalien, est un levier du développement du pays, où l'Etat de droit se construit par des retouches successives... Ignorer tout ce qui a été édifié par les sacrifices consentis par le peuple ou le rejeter en bloc, comme cela est devenu de coutume. Même nos fêtes nationales illustres, source de fierté de tous les Tunisiens, ne sont plus célébrées, nos martyrs ne sont plus évoqués et même notre drapeau, notre lien commun, n'est plus respecté. Tous ces acquis non exhaustifs de la société civile que certains n'avaient pas vécus, veulent renier ou remettre en question par manque de savoir ou, plus grave encore, pour des règlements de compte avec leur passé et pour leurs haines ancestrales inavouées. Il est temps d'y mettre fin. Lorsqu'on est en responsabilité, il faut transcender ses passions et dépasser ses amertumes. Les chefs de parti, même les petits qui n'ont rien à dire, doivent en donner l'exemple ! L'heure est grave et l'environnement politique n'est pas favorable à la sortie de crise. Nous avons besoin d'efforts collectifs, de sacrifices et de réflexion plurielle pour faire quelque chose d'autre. L'inventaire du rôle de chacun dans l'accomplissement de ses responsabilités viendra en son temps. L'organisation des prochaines élections, non encore officiellement annoncée, où le «vote utile» dans la transparence fera, sans contestation possible, le choix entre les programmes des uns et les projets d'avenir des autres.
De plus en plus, ces derniers temps, un populisme sans précédent dans les discours de certains prétendants se fait jour. Ces derniers qui, en se rasant devant la glace, ont la phobie du leader. Ils lorgnent alors du côté des sondages, baromètres croient-ils de leur popularité. Or un humoriste disait que «les sondages, c'est comme les photos; on les déchire lorsqu'ils sont ratés et on les montre partout lorsqu'ils nous avantagent». On les commente de plus en plus. Ils alimentent des polémiques parce qu'ils suscitent de l'espoir et projettent des espérances. Nous avons, dans ces mêmes colonnes, souligné leur manque de technicité, leur biais et l'absence de leur contrôle. Quant à l'utilisation de la méthode des quotas, souvent évoquée, elle doit faire l'objet de redressement. Or, ce coefficient est basé sur des résultats historiques des suffrages précédents et aucun des sondeurs n'a cité les pondérations retenues pour aboutir à des estimations proches de la réalité. De plus, qui contrôle ces sondages ? A chacune de leur publication, aucune citation du nom du commanditaire, ni le coût du sondage, ni la panoplie des questions posées... Leurs résultats deviennent la référence et sont à l'origine d'une communication tous azimuts : presse écrite, radio, télévision... soit une couverture médiatique sans égal et une référence sans équivoque !
Quelle feuille de route ?
Voilà qui n'est pas sans nous interroger sur ces débats superflus et sans valeur ajoutée. En tout état de cause, l'omniprésence d'internet, des réseaux sociaux, des forums d'opinion change chaque jour la donne. Au lieu de recourir à des médias étrangers, non au-dessus de tout soupçon, il est temps que les gouvernants privilégient nos médias. Des questions qui se posent avec acuité et auxquelles les réponses tardent à venir : où va notre pays et quel avenir pour nos enfants ? Il est temps que le Premier ministre intervienne pour fixer le cap et indiquer la voie du changement, même s'il est dans la continuité du précédent. Quand va-t-il réunir tous les concernés pour signer «un pacte de confiance» ? Quand va-t-il arrêter les fanfaronnades de certains de ses ministres et leur recommander de se mettre au travail avec plus de discrétion et d'humilité ? Quand va-t-il avoir une «boîte à idées», fruit de la réflexion de ces «technocrates ministrables» identifiés par son prédécesseur. Il pourrait leur confier, pour quelques mois, la durée de la transition, comme nous l'avons déjà suggéré dans une «lettre ouverte au président de la République», le 21 mars 2011, des missions d'études et de réflexion afin de redresser le pays.
A chaque jour ses peines et ses révélations, parfois étranges venant du sommet de la pyramide. Les perspectives actuelles du pays restent difficiles à estimer d'autant plus que les incohérences persistent et les déclarations des hauts responsables envoient des signaux peu réconfortants. Le brouillard s'épaissit dans notre pays et l'ombre l'emporte sur la lumière. Il est des vérités qu'il faut toujours rappeler aux novices de la politique que «la fonction d'élu n'est pas un métier, ne peut être une rente et ne saurait constituer un levier d'enrichissement». A bon entendeur, salut !


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