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An II de la nouvelle République?!
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 02 - 2013


Par Dr Rejeb HAJI
«Il faut étudier la société par les hommes et les hommes par la société : ceux qui voudront traiter séparément la politique et la morale n'entendront jamais à aucune des deux» (J.J. Rousseau — Emile)
Un deuxième rendez-vous avec l'histoire devrait être pris le lendemain du 14 janvier 2013. Cette date qui a fait espérer que la Tunisie réussisse une première : construire une démocratie participative apaisée; élaborer une Constitution assurant la pérennité des institutions; remettre l'économie en marche; lutter contre la corruption ; vaincre le chômage et les disparités régionales... en un mot poursuivre la modernisation du pays, interrompue par les deux dernières décennies de reniement et de dictature. Tout un chantier de réformes attendait les nouveaux venus au pouvoir. Soumis à des contraintes de morale, de transparence et de bonne gouvernance, leur action devrait être élaborée, sans renier les valeurs millénaires du pays mais en les approfondissant, pour que la Tunisie demeure, comme elle l'a été auparavant, une terre ouverte à la modernité et au progrès.
Depuis 1987 jusqu'à la révolution du peuple, ce fut le règne de l'ambition effrénée du pouvoir, défendu par une myriade d'experts « autoproclamés ». La plupart d'entre eux sont des scribouillards inconnus, parfois apatrides venus de tous les horizons, pour vociférer les opposants au régime et clamer les bienfaits de leurs protecteurs. Les historiens trouveront dans leurs écrits une succession d'éloges du despote qui a gouverné le pays d'une main de fer. Ces écrits constituent, en eux-mêmes, un monument de propagande. En retour, pour récompenser ces bataillons de propagandistes, l'Atce les a fait bénéficier de généreux cachets, de voyages gratuits pour les colloques organisés à cet effet voire des encarts publicitaires leur ont été distribués. Pour cerner ce désastre et se rendre compte des accointances avec l'étranger de ces illustres gouvernants des décennies de Ben Ali, il suffit de lire l'enquête sur «les réseaux franco-tunisiens complices de la dictature» [Tunis Connection, Bredoux L.Magnaudeix M.]. Même des économistes de renom n'ont pas échappé aux louanges «du modèle économique tunisien, qui [d'après eux] tient extraordinairement bien la route» [voir Les Imposteurs de l'économie, Mauduit L.].
Ces «experts», parties prenantes de certains fonds d'investissement, ont piloté des privatisations et des restructurations des entreprises dans notre pays. Outre ceux qui possèdent des intérêts «sonnants et trébuchants», d'autres viennent cautionner des concours universitaires dont le résultat est décidé, à l'avance, au palais. Les deux ouvrages cités, vendus dans nos librairies, mettent à nu l'intervention de l'étranger dans nos affaires. Ils citent des noms et des faits. Les accusés, à ce jour, n'ont ni démenti, ni porté plainte. En conséquence, pour la recherche de la vérité, ce dossier de compromissions doit être ouvert par la justice et les responsabilités doivent être identifiées. L'inventaire des deniers dilapidés pour louer une politique qui a mené le pays à la faillite et dont on découvre, de jour en jour, le manque de clairvoyance et la soumission aveugle aux affaires, est également une revendication citoyenne de la révolution!
Quand au présent et à l'avenir de notre pays, nul ne doute que les urnes ont désigné des représentants légitimes mais en leur assignant des prérogatives claires : rédiger une Constitution dans un délai d'un an, nommer un gouvernement provisoire et désigner un président provisoire. Après des palabres et des atermoiements, les principaux vainqueurs des urnes, quel que soit leur pourcentage de vote, ont fini par former une troïka hétéroclite, sans programme commun. Leur action prioritaire a été de partager le pouvoir. C'est leur droit et nul ne le conteste. Le vote de ceux qui se sont rendus aux urnes en a décidé ainsi. Mais aujourd'hui où notre bateau tangue et risque de chavirer, un bilan de la gouvernance précis et chiffré doit être fourni. A priori, la direction des affaires du pays a été en dessous des espérances. Au gré des circonstances, on a géré des revendications légitimes mais antidatées. L'économie a été la grande absente de ces deux dernières années de notre nouvelle République, désignée par certains comme «bananière». Les palliatifs concoctés pour diminuer le chômage n'ont pas eu d'effet. Les programmes formulés étaient voués à l'échec parce que anti-économiques; même les recrutements, à tour de bras, dans la Fonction publique, seront, à long terme, néfastes économiquement. Ce ne sont pas en fait des signaux qui permettent la réactivation de l'emploi et la décélération du chômage. Pourtant, on persiste et signe, ces deniers temps, que le pays est sorti de la récession, alors que le pays réel s'enfonce dans la pauvreté et l'insécurité. Il suffit de regarder les indicateurs économiques et leur évolution dans les huit domaines qui caractérisent la politique macroéconomique. Ces indicateurs, pour les non-initiés, sont : les salaires, le taux de change, le budget, le taux d'intérêt, la politique monétaire, la politique des prix, les investissements et les importations, tous passés au peigne fin, ne sont pas réconfortants. Ils souffrent, de plus en plus, d'une perspective peu réjouissante pour l'année 2013 où la récession est prévue pour l'Europe. Autre signe, la Banque mondiale vient de réduire le taux de croissance prévisible à 2,4% tout en prévenant que l'expansion économique pour les pays émergents n'est pas garantie pour l'année en cours. On semble ignorer tout cet environnement puisqu'on prévoit un budget pour l'année en cours, basé sur un taux de croissance à 4,5%.
D'ailleurs, ce budget, reposant sur des hypothèses peu fiables, ne réserve qu'un infime pourcentage pour l'investissement, créateur d'emplois. Il aurait fallu d'abord évaluer les réalisations du budget 2012 et ressortir ses insuffisances pour bâtir un projet crédible et financé. Mais les chiffres crédibles manquent à ce sujet. L'Institut national de la statistique devrait être indépendant du pouvoir et servir de repères pour tous. Comme la consommation n'est pas encore au rendez- vous, en encourageant, d'une part, des produits exportés autres que les phosphates et le pétrole, en favorisant une utilisation des ressources intérieures et en promouvant l'épargne, on peut espérer relancer la croissance économique et accélérer la création d'emplois. D'autre part, il faut rétablir la confiance. A défaut d'actes concrets, il faut des signaux tels qu'un gouvernement restreint de quinze ministres ; une restructuration de l'exécutif avec la création d'un ministère de l'Emploi, le regroupement du social et de la santé, la création d'une banque d'investissement, le lancement d'un emprunt... Une feuille de route claire pour les mois qui restent à gérer la transition comportant une date des élections, un programme drastique de réduction des dépenses de l'Etat, une augmentation de 2% au maximum des fonctionnaires, un retour limité dans le temps à un contrôle des prix pour juguler l'inflation...
Pour réussir en dépit des obstacles, tel le manque des rentrées dans les caisses de l'Etat, une refonte de la fiscalité s'avère nécessaire et urgente. Elle devrait être mise à l'étude. A ce jour, faut-il souligner que le circuit financier est resté absent de la scène politique. Faut-il en déduire que les politiques économiques ont pour essence d'être plus accommodantes avec les plus riches, rigoureuses et inéquitables avec les plus faibles ? Notre révolution doit prouver le contraire. A la manière des pays développés, nous n'avons cessé d'appeler les gouvernants à impliquer notre brillante élite à s'engager pour faire un diagnostic du présent de leur pays, et lui proposer des solutions viables pour le futur.
Notre appel n'a pas été entendu et le politique a accaparé, ces deux dernières années, l'espace médiatique. Ses faiseurs profitent, à tort, de la seule réalisation incontestée de la révolution, celle de la liberté. Ils en abusent sans contrôle. Peu de projets sont présentés par la myriade de partis pour sortir le pays de l'ornière. Mais que faire ? Par-delà les rancœurs et les haines, la situation exige le dépassement et l'exemplarité dans le comportement. La main tendue doit être la règle et le discernement la conséquence des actes. Des générations ont servi avec abnégation, amour et loyauté sans chercher la fortune ni les honneurs. Il faut les suivre dans ce chemin car les amalgames n'auront plus d'effet sur une population où l'on peut dénombrer des martyrs dans chaque famille. Qu'on laisse aux historiens et aux chercheurs, les seuls aptes au dépassement, l'écriture de l'histoire de notre pays. Que ceux qui parlent des cinquante ans, alors que plusieurs d'entre eux n'étaient pas encore nés, consultent, s'informent et étudient la réalité des faits avant de condamner ou de prendre position. Ma génération, comme toutes les autres, a contribué à la construction du pays et s'est opposée à l'opportunisme. Elle contribuera également à la reconstruction d'une République apaisée et fraternelle.
En ces temps de crise, il est temps d'arrêter les polémiques stériles et d'en finir avec les déclarations irresponsables. La force morale et la sérénité sont des atouts essentiels pour ne pas tomber dans l'arrogance et l'ignorance. Il faut agir pour graver les succès et non les échecs et les scandales de notre révolution. Il est temps d'y reméditer. Des exemples nous viennent d'ailleurs où lorsque le pays est en danger, l'unité se retrouve renforcée. A nous de relancer notre unité nationale sur la base du respect mutuel et de la diversité de pensée de chacun. Ces lignes rouges sont infranchissables et l'Etat doit en être le garant. Il y va de la crédibilité de notre révolution voire de notre avenir commun !


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