Alors que la demande de ciment ne cesse d'augmenter, les irrégularités du marché ont créé pénurie et flambée des prix. Les pouvoirs publics prennent les dispositions nécessaires pour rééquilibrer le marché. Le prix d'un sac de ciment gris a atteint 10DT ces dernières semaines. Pourtant, les tarifs n'ont pas été changés par les autorités depuis juin 2011. Le prix règlementaire est de 6,3DT chez les grossistes, et de 6,5DT chez les détaillants. La hausse des prix au niveau des points de vente coïncide avec une pénurie de ciment. «Il n'y a plus de ciment, je ne sais pas pourquoi. Le peu de marchandise que je trouve, je la réserve à mes clients», raconte un détaillant de la banlieue de Tunis. Pourtant, le ministère de l'Industrie assure que les quantités de ciment produites devraient largement subvenir aux besoins. Au mois de mars, les cimenteries ont même été plus performantes que l'année précédente, avec 28.000 t de ciment produites par jour, contre 24.000 en 2012. Cette augmentation a été enregistrée malgré le recul de la production dans les deux cimenteries publiques. Tandis qu'une grève de quelques jours a été observée à la cimenterie de Bizerte, un des deux broyeurs de la cimenterie d'Om el Kelil (CIOK) a fait l'objet d'un programme d'entretien et de modification pendant plusieurs semaines. Pour justifier les prix élevés, un revendeur du Grand-Tunis affirme que les frais de transport sont plus importants que d'habitude. Il explique que plus le temps d'attente d'un transporteur augmente et plus le prix est élevé. Selon lui, ce temps d'attente peut atteindre plusieurs jours. Cette justification n'est pas valable selon des responsables dans différentes cimenteries. D'après le PDG de la CIOK, Afif Hamdi, chaque distributeur doit savoir à l'avance quelle quantité de ciment il prévoit de commander et la date de sa livraison. Le ministère de l'Industrie explique que les distributeurs ont des quotas auprès des cimenteries. Circuits de distribution non réglementaires La loi prévoit un circuit réglementé pour la distribution du ciment. Le circuit commence par la cimenterie, qui vend à un grossiste, qui lui-même fournit au détaillant. Ainsi, les sociétés de transport n'ont pas vocation de vendeur et un détaillant ne peut pas se procurer directement du ciment à la source. Les prix fixés par les autorités prennent en compte les étapes de circuit de distribution. Selon Taoufik Khardami, sous-directeur des industries des matériaux de construction, seuls 1.000 grossistes sont agréés en Tunisie, mais en réalité ils seraient 10.000 à exercer illégalement. Ces vendeurs seraient une des causes de la pénurie et de la flambée des prix. Les prix pratiqués par ces vendeurs illégaux échappent à tout contrôle. Par ailleurs, certains vendeurs choisissent de stocker du ciment, créant ainsi la pénurie pour déséquilibrer l'offre et la demande. Ce stockage est pratiqué bien que le ciment s'abîme au bout d'un mois, selon Khardami. Le contrôle sur le réseau de distribution, effectué par des brigades mixtes mises en place par les ministères de l'Intérieur et du Commerce et de l'Artisanat, a été renforcé. Ces brigades ont procédé à plusieurs saisies. Fin avril, 60 tonnes de ciment de contrebande ont été remises sur le circuit légal après avoir été découvertes à bord de deux camions poids-lourds à Béja. Quelques jours auparavant, la brigade a saisi 30 tonnes de ciment à Monastir. Le ministère de l'Industrie a, de son côté, pris des mesures en attendant la stabilisation du marché. Le marché local est prioritaire pour l'approvisionnement en ciment, aucun nouveau quota pour l'export n'est donné, et enfin on ne peut pas exporter plus de 10% par jour du dernier quota.