Qu'en est-il du phénomène de la corruption en Tunisie ? Quelles démarches adopter pour lutter contre un fléau de plus en plus croissant ? Et quelles seraient les grandes lignes d'un système efficace contre la fraude et la corruption ? Autour de ces axes, se sont articulés les travaux d'un séminaire organisé du 16 au 18 mai, à Tunis, par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), en partenariat avec le gouvernement tunisien et la société civile. Plus de 30 praticiens et experts d'organisations de la société civile tunisienne ont participé à ce séminaire de formation de formateurs visant à construire des capacités en matière d'examen de mise en œuvre de la convention des Nations unies contre la corruption (Cnucc). Rencontrée, hier, à Tunis, peu avant la clôture des travaux de ce séminaire, Omeima Naïfer, chargée du programme de développement humain et de la gouvernance auprès du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a, à cette occasion, fait remarquer que l'absence d'un bilan représente un handicap de taille face à la lutte contre la corruption et la malversation. Un bilan qui permet de déterminer l'ampleur du phénomène et les défaillances du système institutionnel et juridique. «Pour nous, ce bilan-là est aujourd'hui nécessaire et important. En effet, il sera fait à l'occasion de la revue ou de l'examen de la convention des Nations unies contre la corruption ratifiée par la Tunisie en 2008». Selon l'interlocutrice, ce séminaire s'inscrit dans le cadre de l'examen par les NU du cas de la Tunisie. Les résultats de cet examen devraient permettre aux responsables politiques et aux activistes de la société civile de mieux s'enquérir de l'état des lieux du phénomène et des limites entravant la lutte. L'on entend par cela les institutions, les législations et les capacités de la société civile. De son côté, M. Samir Annabi, président de l'Instance nationale de la lutte contre la corruption nous a confié qu'il n'y a pas, aujourd'hui, des données scientifiques concernant la réalité du phénomène. Toutefois, il y a le sentiment que le fléau ne cesse de se propager. «Cela continue à augmenter, du moins en nombre et non pas en volume. Sinon, il faut dire que le fléau existe dans toutes les sociétés, même les plus développées. Cela ne doit cependant pas légitimer un certain laxisme ou une certaine inertie. On doit trouver les bonnes solutions et les démarches efficaces pour faire face au phénomène. C'est vrai que des fois, on est un peu découragé, mais quand on voit les succès enregistrés dans d'autres pays où la corruption était vraiment endémique, l'on réalise qu'il y a de l'espoir. De ce fait, il devient impératif d'entreprendre des actions plus concrètes avec des moyens plus sérieux». S'agissant des fondements à jeter et du terrain à préparer pour avoir un système de lutte rigoureux et efficace contre la corruption, M. Annabi insiste bel et bien sur la nécessité d'une meilleure distribution de la richesse nationale. «La lutte ne se résume pas à punir. Ce qui a été commis a été commis. Mais, il faut que toutes les personnes qui ont été plus ou moins associées à ce phénomène assument la responsabilité de leurs dépassements. Cela passe par la sensibilisation». Selon l'interlocuteur, il importe beaucoup plus de se tourner vers l'avenir que de crier sur les toits. Ce, en œuvrant à réformer le système éducatif, à changer les mentalités et à réformer plusieurs lois qui sont dépassées par les événements et la réalité des choses.