Il n y a pas pire que la corruption pour favoriser l'instauration d'un régime dictatorial réduisant en cendres l'économie et le développement sain d'un pays. Quand elle s'installe dans un système quelconque, la corruption se propage à la vitesse de la lumière, s'incruste dans les rouages de toutes les institutions, publiques ou privées soient-elles, empoisonne le comportement humain et ruine l'économie. Elle nourrit les rapaces affamés, alimente la dictature et prépare le terrain à toutes les formes de malversation et d'ignominie. Ce fléau a connu un grand essor durant les deux dernières décennies en une Tunisie de plus en plus chancelante et à la merci d'un ensemble de vautours corrompus. Ces derniers sont passé maîtres en la matière. Ils sont dans la majorité des experts, des cadres institutionnels, bancaires ou autres et de grands connaisseurs du monde de l'économie et de l'industrie. L'une des plus grandes urgences, pour bâtir la Tunisie nouvelle, était de serrer l'étau sur la mafia de la corruption, de punir les responsables et de veiller à ce qu'il n'y ait plus de corruption. Ce travail de longue haleine a commencé le lendemain du 14 janvier et se poursuit jusqu'à présent. Gouvernement, société civile, ONG et Nations-Unies œuvrent ensemble pour lutter contre ce fléau qui a précipité la chute de l'économie tunisienne et alimenté la crise sociopolitique. Dernière démarche en date, le forum international qui se déroule les 6 et 7 décembre et qui sera clôturé le 9 décembre au sein de l'ANC, à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption. Le symposium est organisé par le PNUD et s'est choisi pour thème : «Vision partagée de lutte contre la corruption : MOBILISONS LES ACTEURS ET INITIER DES CHOIX !»
S'unir pour mieux évincer la corruption Commençant hier et se poursuivant aujourd'hui, le forum a vu la participation patente et remarquable des décideurs gouvernementaux, de la société civile, des experts, des juristes et des représentants de médias. L'ouverture officielle a été donnée par le Président de l'ANC, M. Mustapha Ben Jaâfar ; le Président de l'Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption, M. Samir Annabi ; le Représentant Résident du Programme des Nations-Unies pour le Développement, M. Mohamed Belhocine et le Conseiller auprès du ministre chargé de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption M. Tarek El Bahri. Dans une brève allocution, ils ont annoncé le lancement d'une stratégie nationale de lutte contre la corruption. Elle sera rendu publique le dimanche 9 décembre, date qui coïncide avec la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la corruption lors d'une cérémonie donnée à l'ANC.
Les intervenants ont insisté sur l'importance des formations en investigation pour les journalistes tunisiens afin de mettre en exergue leur rôle fondamental dans la lutte contre les affaires de malversation. Ils ont, notamment, évoqué le rôle que peuvent jouer les associations dans le contrôle et la dénonciation de la corruption. Un travail collectif entre acteurs gouvernementaux, PNUD, médias et société civile devra structurer la stratégie annoncée hier, pour lutter contre ce fléau. Ils ont rappelé, par la même occasion l'urgence de consolider l'INLCC, (l'Instance nationale indépendante de lutte contre la corruption) afin qu'elle puisse aussi prendre la place de la Commission nationale d'investigation sur la corruption et la malversation. Suite à cela, une série de tables rondes a été organisée durant toute la journée du jeudi 6 décembre, réparties sur 4 sessions de débats où il s'agit de relever les défaillances gouvernementales et associatives en termes de poursuite et de contrôle de la corruption.
La corruption est un crime économique ! Ces hommes d'affaires, ces cadres, juges et personnes bien placés qui jouissent de privilèges en redemandent encore et encore. Non rassasiés par les fortunes qui leur sont versées, préfèrent l'argent facile et l'enrichissement excessif au détriment du reste de leurs compatriotes et de l'intérêt économique de leur pays. Sans scrupules, les corrompus n'ont ni foi ni loi et présentent des personnalités nombrilistes, avides de gain illégal dans une société de plus en plus mercantile. Ils détruisent, ainsi, l'économie et le développement de leur patrie et condamnent le reste du peuple à la précarité, à la pauvreté et à l'aliénation.
Dans sa lutte contre les malversations, le PNUD appelle tous les acteurs, qu'ils soient gouvernementaux ou pas, à partager ensemble cette responsabilité pour aligner la Convention des Nations Unies Contre la Corruption aux acquis de la Révolution. Cette partie du programme a commencé d'abord par un rappel sur la transition démocratique en Tunisie et par une remise en question des circonstances qui aideraient réellement à la concrétisation des desseins de la révolution par le biais d'une stratégie nationale de lutte contre la corruption. Les intervenants de cette première session ont mis l'accent sur la nécessité d'un contrat social dans les règles de l'art et tel que le mentionne la Convention des Nation-Unies contre la Corruption. Considérée comme crime socio-économique, la malversation demande un consensus national qui remet sur la table du débat un nouveau contrat social et un dialogue national autour duquel les décideurs politiques et associatifs se mettent d'accord sur une stratégie de lutte contre la corruption.
Les trois autres sessions, ont abordé tout à tour les thèmes suivants : L'Etat de droit et institutions dans la perspective d'une meilleure coordination et un arbitrage nécessaire. Il s'agit de faire le point sur les institutions existantes et le droit tunisien en termes de lutte contre la malversation, relever leurs défaillances, déficits et dysfonctionnement en comparaison avec des expériences internationales. La vulnérabilité des Secteurs et Politiques prioritaires, la question de la gouvernance et le système de sécurité et de protection des données personnelles (exemple de l'Allemagne) ; La redevabilité sociale et comment mobiliser les énergies collectives et mettre un réseau d'agents de changement.