C'est l'heure du grand choc 100% allemand en finale de la Ligue des champions. Deux clubs, deux esprits, deux tactiques et deux visions s'affrontent à Wembley. Décryptage des caractéristiques des deux formations de Heynckes et Klopp. Gardiens : égalité Neuer: la concentration, c'est son fort Un parcours en poule un brin délicat avec des buts pris lors de 5 des 6 matches. Il est difficile de juger sa saison au vu de la mainmise du Bayern en championnat (2,85 tirs concédés par match) et même en Ligue des champions où les occasions de Turin et Barcelone sont à compter sur les doigts d'une main. A Munich, Manuel Neuer a ajouté la concentration et la patience à une panoplie déjà large qui fait de lui un très bon gardien sur sa ligne, auteur de belles parades réflexes et d'un jeu au pied en progression. Il a en plus pris un petit ascendant psychologique sur Lewandowski en arrêtant le penalty de ce dernier lors de leur dernière confrontation en championnat. Weidenfeller: le taulier de Klopp Pas un hasard si le gardien allemand, âgé de 32 ans, a prolongé son contrat de deux ans pour être lié avec le BVB jusqu'en 2016. Il fait partie des meilleurs gardiens du pays mais ne figure jamais en Mannschaft (aucune sélection), une anomalie que Klopp a longtemps déploré. Ce parcours en Ligue des champions est sa revanche. Sa rage de vaincre et son expérience sont précieuses derrière une défense jeune. Ses parades contre Malaga puis le Real ont été décisives mais tout avait en fait commencé contre l'Ajax en poules avec trois arrêts impériaux pour préserver le succès initial des siens (1-0). Excellent sur la ligne, Roman Weindenfeller a quelques limites dans la relance. Défense : avantage Bayern La muraille munichoise Impériale ! L'un des rares points faibles des Bavarois s'est transformé en muraille cette saison. Le fruit d'un gros travail collectif, de l'apport de Martinez devant la défense, de l'arrivée de Dante, qui a confirmé ses aptitudes vues à Mönchengladbach, et de la progression fulgurante d'Alaba sur l'aile gauche. Attention toutefois à la fébrilité passagère de Dante, capable du meilleur comme du pire dans son placement et ses relances. Le Brésilien a vécu un cauchemar le week-end dernier contre ses anciens coéquipiers. Lahm affiche toujours la même maîtrise à droite. Seule faille, l'axe gauche où Van Buyten et Boateng se disputent la place de titulaire en l'absence de Badstuber blessé. Ça ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. La piste à creuser ? La vitesse, écarter rapidement le jeu et le redoublement rapide de passes dans les 20 mètres. Le meilleur et le pire de la jeunesse La charnière de Dortmund est sans doute l'une des plus prometteuses d'Europe, mélange de finesse technique (Hummels 24 ans) et de robustesse dans les duels (Subotic, 24 ans). Elle est aussi capable de vivre de gros trous et de relances catastrophiques. Sur les ailes, Schmelzer et Piszczek sont autant des latéraux que des ailiers. Piszczek, ancien attaquant reconverti par Klopp, a clairement passé un palier et forme avec Blaszczykowski une doublette redoutable sur l'aile droite. Schmelzer a encore besoin de constance pour s'imposer à gauche. Sa place en Mannschaft en dépend. Milieu : avantage Bayern L'apport de Javi Martinez Joueur de l'ombre, Javi Martinez a métamorphosé le jeu du Bayern. Arrivé pour 40 millions, le Basque est le fantassin parfait de l'entrejeu derrière le ratisseur et organisateur Bastian Schweinsteiger, remis d'un Euro raté ainsi que de multiples blessures et auteur d'une de ses meilleures saisons. Devant ces deux-là, Muller sait qu'il peut tout se permettre et dézone à foison. Le jeune Allemand est partout à la fois, dans un registre différent de Kroos, le grand absent de la fin de saison. Robben y a gagné sa place. Le génial et agaçant Néerlandais vit sans doute ses dernières semaines en Bavière et joue gros à Wembley. Tout autant que Ribéry à la recherche d'une consécration continentale pour mieux faire briller un très bon bilan national (11 buts, 21 passes décisives toutes compétitions confondues). Gôtze, le grand absent Avec ou sans Götze, telle était la question vu que le lutin allemand sera finalement absent ! A Wembley, Dortmund tient son dicton digne de Shakespeare! La présence ou non de son meneur de jeu, en partance pour le Bayern, change beaucoup de choses. S'il est bien sur la pelouse comme escompté, et à un niveau honorable, le Borussia pourra compter sur sa faculté à surprendre l'adversaire par d'incessants dribbles et dédoublements. Cela laisserait en plus Gundogan dans son meilleur rôle, celui de relayeur aux côtés de Bender, l'expérimenté Kehl, en panne de vitesse, restant sur le banc. Le trio Reus, Götze, Blaszczykowski a de quoi faire tourner une défense en bourrique. Le Real y a perdu ses illusions et ses nerfs, dépassé par la vitesse et l'audace au service de la tactique de Klopp qui mise sur l'enthousiasme et l'imprévisibilité du jeu des siens. Tous réalisent une saison pleine. Quand Reus ajoute sa touche technique, Götze sa faculté à éliminer, et Blaszczykowski son activité et sa disponibilité, le trio devient infernal. Attaque : avantage Bayern L'hydre à cinq têtes ! Mandzukic a frappé fort. Sans doute au–delà des espérances. L'ancien attaquant de Wolfsbourg a rejoint Munich l'été dernier, suivant la tradition des Bavarois d'aller chercher ce qu'il y a de meilleur tout près d'eux. Le Croate a inscrit 20 buts et gagné sa place de titulaire grâce à un registre plus large que celui de Gomez. A côté de lui, Muller, Ribéry et Robben enquillent aussi. En cas de disette, Gomez se tient de toute façon prêt. L'attaque du Bayern, c'est l'hydre à cinq têtes ! Comment maîtriser Lewandowski ? Le Polonais a vécu une fin d'hiver sur un nuage et pourrait disputer son dernier match avec Dortmund samedi (35 buts cette saison toutes compétitions). Il participe un peu plus au jeu qu'avant mais reste un pur avant-centre. Quand il décroche, ce n'est d'ailleurs pas vraiment bon signe pour les Borussen. Par contre, dès qu'il est servi, le Polonais n'a qu'une chose en tête : le but. Du droit, du gauche, avec la puissance si possible, la finesse quand c'est nécessaire, Lewandowski est presque toujours bien placé pour conclure. Quand on y ajoute une technique pure (voir sa roulette sur Pepe pour inscrire le troisième but de son quadruplé face à Madrid) et un physique qu'il a beaucoup travaillé depuis son arrivée en Bundesliga, le mix est presque parfait. Reus représente la deuxième lame (19 buts cette saison) par sa vitesse et sa technique. Seul handicap, l'absence d'alternative sur le banc. Schieber est prometteur mais reste un peu tendre pour une finale de C1. Conclusion: avantage au Bayern Par sa nature même, le jeu de Dortmund est difficile à estimer sur le papier. Il n'en reste pas moins redoutable mais l'expérience est bavaroise. Toujours un atout dans une finale qui s'annonce tendue entre les deux rivaux. Les gardiens ont des qualités différentes mais la même capacité à rassurer leurs défenses respectives. Héros de la demi-finale à Madrid l'an passé, Neuer a l'expérience des grandes échéances pour lui, mais Weidenfeller n'est pas homme à se laisser impressionner. L'arrière-garde de Jupp Heynckes donne plus de garanties sur le papier. Tout dépendra du rayonnement de Piszczek et Schmelzer sur la partie. L'une des clés tactiques de cette finale. En attaque, les Munichois ont l'avantage du nombre et de la diversité là où le Borussia se repose un peu trop sur Lewandowski. Méfiance tout de même tant le Polonais a survolé cette Ligue des champions (10 buts).