Du Yougoslave Milan Kristic (1961-66) au Néerlandais Ruud Krol, champion 2013 : le demi-siècle du CSS ressemble au printemps du foot tunisien. Tour à tour Club Tunisien, puis Club Sfaxien, les «Noir et Blanc» ont de tout temps illustré une idée noble et romantique du football. Celui spectaculaire, technique et tout à fait surprenant à défaut d'être toujours efficace, réaliste et payant. On va au stade de Sfax suivre un match du CSS pour admirer les prouesses des Sassi, Dlehoum, Graja, Agrebi, Dhouib, Souayah... Plaisir, émotions et bonheur sont ainsi garantis. Déjà, fin des années 1960 début des années 70, nos amis algériens ne s'y trompaient pas en qualifiant le CSS de l'époque, opposé en coupe maghrébine au légendaire Belcourt de Lalmas, de Real Madrid d'Afrique du Nord ! Le compliment suprême, si l'on peut s'exprimer ainsi. Fondé le 28 mai 1928 par le journaliste Zouheir Ayadi, le Club Tunisien, dont les couleurs étaient le rouge et le vert, se transformera en Club Sportif Sfaxien à partir de 1962. La recherche de l'esthétisme sera la marque de fabrique. Elle collera à la peau de ce producteur du plus beau football du pays déjà en 1969 quand il soulève son premier championnat. Encore mieux en 1971 lorsqu'il décroche le doublé. Le souvenir du libero ayant terminé la finale contre l'EST avec un gros pansement sur la tête fait partie de la légende du club : Raouf Najjar a été héroïque cet après-midi là où l'on «brûla» le stade d'El Menzah. Une première heure catastrophique La génération 2013, qui a conquis hier haut la main le huitième titre de champion de Tunisie, allie la jeunesse et le talent. Son icône s'appelle Fakhreddine Ben Youssef que son coach a réussi à convaincre d'évoluer côté droit de l'attaque et non en profondeur dans l'axe, comme le souhaitait Crouch (pour ses fans) qui a porté dans le sillage de ses accélérations foudroyantes et de ses grandes enjambées et immenses foulées tout un team dont le rythme était allé crescendo. Après la première heure du play-off, il était mené sur ses terres (3-0) par l'Espérance et paraissait avoir été surévalué par les observateurs. Certes, il reviendra en toute fin de partie à (3-2), mais personne ne misait alors sur ses chances de sacre. En moins d'une semaine, il retourna la situation en allant s'imposer à Sousse (3-1), à Radès face à l'EST (2-1) puis à domicile face à l'ESS (1-0). Entre-temps, les copains de Ali Maâloul empochent le nul (1-1) face au CA, à Tunis. Dans les bois, l'excellent Rami Jeridi prit le relais de Hamdi Kasraoui, blessé. Face à l'ESS, l'ancien keeper stadiste formé à... l'EST sera décisif, multipliant les arrêts prodigieux. Abdelkader Khechache, malgré des limites évidentes, servira de joker, occupant pratiquement tous les postes en défense. Taoufik Salhi, aussi, surtout le flanc gauche. Les jeunes Moncer, Louati, Kamoun et Sassi serviront de colonne vertébrale au milieu. Tout comme un pétillant N'dong. Derrière, Youssoufu, Boulaâbi, Abbès, Ben Salah et Jabnoun feront bonne garde. Devant, le tandem Ben Youssef-Kouyaté va finir la saison très fort. Efficacité, disponibilité, rythme et talent : le club sfaxien est bien parti pour initier un cycle. Avec Krol à la baguette, il possède tous les atouts pour imposer son hégémonie dans la durée.