La concurrence sur le marché international est de plus en plus acerbe même entre les grandes marques qui sont présentes depuis des décennies avec des produits ou des gammes de produits de grande qualité. Une nouvelle entreprise tunisienne est-elle aujourd'hui en mesure de créer une marque de produit qui peut faire face réellement et objectivement aux marques internationales de renommée ? Certains promoteurs estiment que la meilleure solution réside dans le partenariat et le transfert technologique. Or, dans la réalité, rares sont les entreprises — même parmi celles qui ont conclu des conventions de partenariat — qui acceptent le transfert technologique malgré les sommes faramineuses proposées pour l'acheter. Cette technologie est considérée comme un secret professionnel jalousement gardé et qui fait la force de l'entreprise. La technologie a toujours été — et le sera encore au cours des années à venir — un enjeu stratégique pour les entreprises industrielles. Les grandes firmes acceptent volontiers de confier la sous-traitance de certaines composantes ou l'assemblage à des entreprises tierces. Mais quand il s'agit de parler de transfert technologique, aucune firme ne se dit prête à coopérer et cela est compréhensible dans une certaine mesure. Plusieurs entreprises tunisiennes ont pu durant des années tirer profit de la sous-traitance dans des activités prometteurs en accumulant une expérience utile. Dans certains secteurs, comme celui du textile et de l'habillement, et du cuir et de la chaussure de nombreuses entreprises locales ont pu pénétrer dans des marchés extérieurs avec des produits finis et après avoir travaillé durant des années en tant que sous-traitants. Dans d'autres secteurs plus pointus, la technologie n'est pas encore acquise. Même les compétences étrangères qui travaillent dans les firmes internationales sont tenues de garder le secret professionnel. En tout cas, ils sont affectés pour des tâches précises qui ne leur permettent pas une connaissance totale de la technologie utilisée. Aujourd'hui, presque tous les gens de tous les niveaux d'instruction utilisent l'Internet et l'informatique, mais personne ne peut fabriquer un ordinateur dont les composantes et les circuits demeurent détenus par les grandes firmes asiatiques. En Tunisie, un intérêt important est donné à la technologie dans tous les secteurs d'activités. Les chercheurs dans les centres de recherche et les laboratoires ont développé au fil des ans des procédés et des innovations de valeur dont certains ont été primés par les instances internationales spécialisées. Certains chercheurs ou innovateurs s'inspirent d'un matériel ou d'un procédé déjà commercialisé et utilisé pour l'améliorer, le développer, le rendre plus fonctionnel, consommant moins d'énergie…Le programme présidentiel d'avenir a donné à la technologie et à l'innovation la place qu'elle mérite. Faute de pouvoir commercialiser cette technologie à l'extérieur, il est possible d'en tirer profit au niveau local. Et c'est à ce niveau que se pose parfois le problème. Le maillon faible de la recherche et de l'innovation — qui nécessitent souvent des sommes faramineuses — c'est la coordination et l'exploitation des résultats obtenus. D'où la nécessité de simplifier au maximum les procédures de transfert de la technologie locale du centre de recherche à l'utilisateur final en annonçant à grande pompe et de façon simplifiée — pour que l'information soit à la portée de tout le monde — chaque nouvelle recherche ou innovation. Les incitations et encouragements matériels à la recherche et à l'innovation devraient, de même, inciter les chercheurs et les innovateurs à faire plus d'effort pour développer de nouvelles technologies au profit de l'industrie et de l'agriculture. Désormais, c'est la technologie et l'innovation qui feront la différence dans un marché où les entreprises, dans leur majorité, sont certifiées selon les normes internationales de qualité, de l'environnement et de la sécurité au travail. C'est vrai aussi que certaines firmes qui exploitent depuis des années des grandes marques ont une longueur d'avance sur d'autres entreprises des pays émergents. Ces grandes marques peuvent mettre à tout moment un nouveau produit sur le marché qui gagnera vite la confiance des consommateurs du monde entier, alors qu'une autre entreprise d'un pays émergent peine à trouver preneur d'un nouveau produit qui présente pourtant plusieurs qualités. Mais cela ne doit pas décourager les chercheurs à l'innovation. Les grandes firmes célèbres sont même disposées à acheter la technologie développée dans des pays émergents pour l'utiliser dans la fabrication de ses produits qui sont commercialisés sous sa marque ! Autrement dit, les grandes firmes achètent les bonnes technologies, mais n'en vendent pas. La technologie peut être développée dans les laboratoires de ces grandes firmes — ce qui est souvent le cas — ou achetée d'une entreprise, d'un centre de recherche ou d'un laboratoire situé dans un pays tiers. Evidemment, ces firmes sont très exigeantes au niveau de la technologie à acquérir, qui doit donner les résultats attendus et fournir le plus. Le problème est que si cette technologie locale est utilisée par une entreprise locale ne trouve pas le même succès que celui de la firme internationale, et ce, pour plusieurs raisons. En plus de la marque, de la firme, qui lui permet déjà de gagner la confiance des consommateurs, on peut citer aussi le coût du produit proposé, l'emballage, la conception et la diffusion des campagnes publicitaires et promotionnelles…C'est pour cela que certains chercheurs locaux sont intéressés à chaque fois que cela est possible de proposer leur dernière innovation ou technologie à une ou plusieurs firmes internationales. Certaines exigent que la technologie en question leur soit exclusivement vendue pour ne pas être concurrencées par d'autres firmes de même niveau. Celui qui a fait sa mise à niveau et sa certification qualité devrait miser davantage sur l'innovation et la recherche pour acquérir une technologie de pointe en mesure de la positionner dans une place avantageuse parmi les autres entreprises en tirant le meilleur profit des instruments et encouragements mis en place par l'Etat.