Le ministre et la délégation qui l'accompagne, en plus du chargé d'affaires de l'ambassade, ont rencontré mercredi Kamel Ayadi, expert en stratégies et politiques de prévention de la corruption et représentant du Centre britannique pour la lutte contre la corruption auprès de la région Mena. La rencontre a eu lieu sur demande du ministre britannique qui voulait avoir des avis d'experts indépendants en vue d'avoir une idée globale sur l'état des lieux de la corruption et de la transparence en Tunisie. La Grande-Bretagne se situe en avant-garde des pays occidentaux ayant réalisé des avancées remarquables dans la lutte contre la corruption. C'est le seul pays au monde qui a réussi à placer la question de la corruption sur le terrain de la normalisation et de la certification avec, notamment, la mise en place d' une norme qui permet aux entreprises de faire certifier après avoir mis en œuvre les mécanismes de prévention inspirés par les meilleures pratiques en vigueur. Il s'agit d'un système similaire à celui de la gestion de la qualité totale, ou de la sécurité en entreprise. La Grande-Bretagne a réussi à enclencher cette démarche, qui considère que la corruption est une question de management avant tout, au niveau international en faisant adopter par l'Organisation internationale de la normalisation le principe de créer une norme de gestion ISO dans ce domaine. Un comité technique a été créé par l'ISO pour rédiger la nouvelle norme. Le comité qui comprend dans sa composition un expert tunisien, en l'occurrence Kamel Ayadi, a tenu sa première réunion il y a un mois à Londres. La Grande-Bretagne est également le seul pays possédant une loi qui considère le défaut de prévention de la corruption, à travers l'intégration de mécanismes raisonnables et proportionnés, comme un délit à part entière. Corruption en Tunisie : quelle tendance ? S'agissant de la Tunisie, faut- il rappeler que le sentiment général qui prévaut laisse entendre que le niveau de la corruption a augmenté pendant les deux dernières années. Cette perception est confirmée par les rapports internationaux, dont le dernier, ‘'le Baromètre international de la corruption'', publié il y a deux semaines par Transparence international. Celui-ci montre que plus de quatre-vingt pour cent des Tunisiens sondés considèrent que le niveau de la corruption a beaucoup ou peu augmenté pendant les deux dernières années, contre 19 % qui considèrent que son niveau est identique à l'avant-révolution. La même enquête classant douze secteurs par niveau de corruption montre que le secteur le plus corrompu, selon l'échantillon interviewé, est la police avec 69% des avis, suivi par les partis politiques 66%, puis la justice 56% , alors que le secteur le moins corrompu est celui du militaire avec uniquement 14%.Ces résultats ne s'écartent pas beaucoup de la situation au niveau international, puisque les partis politiques sont considérés, dans 51 pays parmi 107, comme le secteur le plus corrompu. Une autre étude publiée il y a quatre mois par le Partenariat international du budget attribue à notre pays une note très faible et le classe 85e sur 100 dans la transparence budgétaire. C'est pour cette raison que le ministère des Finances a annoncé récemment qu'il publiera le budget citoyen dans un format accessible et compréhensible par les citoyens ordinaires. Cette mesure, si elle est mise en œuvre selon les bonnes pratiques, permettra sans doute d'améliorer le classement de la Tunisie. Ces deux rapports ne sont pas les seuls qui établissent l'augmentation de la perception de la corruption, il y a aussi le dernier rapport de Transparence International, publié il y a 7 mois, sur l'index de la perception de la transparence qui montre que notre pays a perdu 16 points dans le classement par rapport à 2010, et 2 points par rapport à 2011.