La fréquentation des cafés a considérablement baissé ces derniers temps. En comparaison de l'année 2012, certains cafés observent une diminution de 75% de leur chiffre d'affaires. Au Parc de Salammbô, dans la banlieue nord de Tunis, seules quelques familles sont venues siroter un thé après le dîner. L'endroit, d'ordinaire très prisé, n'attire plus les foules. « En comparaison de l'année dernière, à la même période, le chiffre d'affaires a baissé de 75% », affirme Hédi K., propriétaire du café situé dans le parc. « Les gens ont peur de sortir de chez eux », explique Frej, le gérant. « Au Kram-Ouest, les habitants veillent sur le toit de leur maison pour assurer leur sécurité, surtout depuis le déclenchement de la vague de terreur dans le pays », poursuit-il. Pour rassurer ses clients, Hédi a engagé deux gardiens et a amélioré l'éclairage des allées dans le parc, mais ces mesures n'ont pas suffi pour reconquérir la clientèle. Autre café, même constat, toujours en banlieue nord de Tunis. « Tout le monde se plaint, on ne fait pas exception », confie le propriétaire du mythique café Houas, en face du Saf-Saf, à La Marsa. « La fréquentation du café a baissé de 40% avec le début du sit-in au Bardo », se désole Rim, qui aide son père dans la gestion du café. « Je ne pense pas que ce soit une question d'argent. Les gens ne sont pas contents, ils sont mobilisés ailleurs », dit-elle. L'Aïd La ville de La Marsa attire toujours de nombreux visiteurs le soir, mais l'affluence est moins importante qu'en début d'été. « Il faut dire qu'on est à la veille de l'Aïd. Les gens rentrent au bled ou alors ils sont occupés à faire les boutiques », explique Zein, habitant de La Marsa. En effet, au centre-ville par exemple, les rues n'ont jamais été aussi animées et fréquentées. Partout, des vendeurs ambulants exposent sur leurs étals jouets et bricoles en tout genre, mais aussi des chaussures et des vêtements pour adultes et enfants. « On trouve de tout dans la rue, les boutiques doivent chômer », fait remarquer Rami, un jeune de 30 ans. Entre les achats de l'Aïd et les manifestations, les Tunisiens ont quelque peu tendance à déserter les cafés en ce moment. Mais une fois cette période d'agitation passée, il y a des chances pour que les gens investissent de nouveau les terrasses. « Après une journée passée à être enfermé au bureau, sortir se changer les idées le soir devient un impératif », confie Slim, 27 ans. « L'insécurité? Ça m'est égal, affirme un autre jeune homme, je n'ai plus peur! ».