Le concert du maître du malouf tunisien Zied Gharsa a été donné mardi dernier, après deux reports. Cette soirée qui s'inscrivait dans le cadre de la 49e édition du festival international de Hammamet (clôturé, en fait, le 23 du mois courant) a été l'une des plus belles soirées de cette manifestation. 22h30. Le public, nombreux et de toutes les tranches d'âge, affluait encore au théâtre de plein air du Centre culturel de Hammamet, prouvant que la chanson tunisienne classique et le malouf ont toujours leurs fidèles. La lumière tamisée rose et bleue, un tapis blanc au milieu de la scène donnaient d'emblée le ton de la soirée. Ambiance cent pour cent tunisienne. La troupe, composée de plus de 20 musiciens, entre chorale et instrumentistes (cordes, vent et percussion), a entamé le récital avec un «sammaï» (préambule instrumental) avant que Zied Gharsa n'entre sur scène sous les applaudissements nourris de l'assistance. «Isstikhbar» (improvisation), «mouwachah» dont «imla wassqi», morceaux du malouf, cet artiste qu'on ne présente plus, était comme un poisson dans l'eau dans la «wassla» (suite) qu'il a proposée et à laquelle son auditoire a adhéré. Du pur classique tunisien où il excelle, grâce à une maîtrise du chant sans faille, à des étendues vocales qu'on dirait illimitées et à un timbre mélodieux et distinctif. Il est indiscutablement de la race des grands. Puis délaissant son luth, Zied Gharsa a enchanté l'assistance par des chansons puisées dans le répertoire tunisien, notamment « Mahla ainik » de la grande Naâma,«Ya mawlay », ainsi que par d'autres de son propre cru ou de celui de son père, feu Tahar Gharsa, où il a chanté l'amour dans toutes ses formes : celui de la patrie, de la mère, de la femme...de la vie. Ayant le sens du show, il a carrément mis le feu dans la salle quand il a pris un «doff» (une sorte de tambourin), démontrant un talent certain de percussionniste et recueillant, à juste titre, les applaudissements du public, qui s'est mis à danser malgré la pluie qui inondait la scène et qui nous a fait craindre un troisième report. Gharsa n'a pas oublié de nous offrir quelques-unes de ses nouvelles chansons, dont « Khadaâni » (il m'a trahi), la nouvelle chanson que Lotfi Bouchnaq lui a composée. Et pour terminer en beauté, il a consacré la dernière partie de la soirée à des airs très connus où le rythme est dominant, comme « Âzaïez Galbi » « Min jar âlaya gtalni », «Rawah min essoug Ammar » et son incontournable tube « El migyass ». « Je tiens à vous saluer chaleureusement. Par votre présence en aussi grand nombre, je suis rassuré quant à l'avenir de la chanson tunisienne », n'a pu s'empêcher de déclarer Gharsa à son public, lui affirmant son bonheur de lui avoir chanté, même si une partie du programme a dû être annulée à cause des averses. Ce fut quand même une merveilleuse soirée. Les spectateurs, qui ont bravé le mauvais temps, étaient plus que ravis. Bravo Zied Gharsa.