Par Jawhar CHATTY Le Forum économique de Davos publie, aujourd'hui, son rapport annuel sur la compétitivité mondiale. Sauf coup de théâtre, la Tunisie fera vraisemblablement son retour parmi les pays économiquement « fréquentables ». L'année dernière, les auteurs du rapport de Davos avaient décidé le non-classement de la Tunisie. Ils avaient alors affirmé « espérer, dans l'avenir, inclure de nouveau la Tunisie dans le classement ». Le retour de la Tunisie dans le classement de Davos est relativement une bonne chose. Tout dépendra, en effet, de la place qu'elle occupera dans le nouveau palmarès. Y figurer en queue de peloton serait bien pire que de ne pas y être, comme cela a été le cas en 2013. Pour la Tunisie, figurer au 60e rang du classement de Davos sera un très mauvais signe qui viendrait s'ajouter au dernier verdict de l'agence de rating Standard & Poor's. Descendre plus bas sera carrément catastrophique. On peut à la limite espérer être au 50e rang. Au mieux parmi les 40 premiers, si l'on croit que les experts de Davos distribuent les points comme d'autres jetteraient des fleurs ! Si, au moins, nos gouvernants avaient pris assez au sérieux les multiples mises en garde des différentes agences de notation, on aurait peut-être pu espérer un peu de clémence et une certaine magnanimité des juges de la compétitivité mondiale. Or, non seulement ils sont restés indifférents face à ces mises en garde mais ils ont poussé l'indifférence jusqu'à l'autisme et l'aveuglement à force de...voir un peu partout l'ombre du complot ! Il aura fallu une année pour que le gouvernement reconnaisse que l'économie nationale va mal. Il aura fallu tout ce temps pour qu'il commence à prendre un peu conscience de la grande fragilité des fondamentaux macroéconomiques. Il lui aura fallu tout ce temps et des mises en garde successives du gouverneur de la BCT, des cris de détresses de l'Utica et du monde de la microéconomie pour qu'il consente, enfin, qu'il y a péril en la demeure et qu'il y a aujourd'hui urgence à engager de profondes réformes structurelles, celles notamment du système fiscal et du système de compensation. Depuis bientôt trois ans, les ressources — essentiellement les ressources fiscales — ont augmenté de 30% alors que les dépenses de fonctionnement ont progressé de 80%. D'où un déficit de 4 milliards de dinars ! On comprend dès lors pourquoi la compétitivité de l'économie est devenue depuis une notion fort abstraite. Or , c'est cette même compétitivité qu'apprécie chaque année le Forum économique de Davos.