La Tunisie postrévolutionnaire n'apparait plus dans le classement de Davos. En effet, il fallait sans doute un peu s'y attendre depuis la sévère dégradation de deux agences américaines de notation, Standard & Poor's et Moody's. La menace planait déjà depuis un certain temps, mais pas à ce point ! La participation du Chef du gouvernement, Hamadi Jebali, en janvier dernier, à la 42e réunion du Forum économique mondial de Davos, ne semble pas avoir eu d'effet sur les économistes et experts chargés de noter les pays selon leurs performances économiques. Faut-il rappeler qu'en juin 2012, le ministre chargé des Affaires économiques, Ridha Saidi a annoncé qu'un accord avait été trouvé entre les autorités tunisiennes et les organisateurs du Forum économique mondial de Davos pour organiser la prochaine réunion régionale du Forum en Tunisie, en décembre 2012. M. Jebali avait confirmé l'information, indiquant que cette décision avait été prise en marge de la participation de la Tunisie au dernier forum régional, à Istanbul. Résultat : la Tunisie a fini par disparaître complètement de leur tableau de bord ! Le rapport sur la compétitivité mondiale 2012-2013, publié mercredi 5 septembre 2012, par le Forum Economique Mondial (WEF) de Davos, est venu confirmer l'absence de la Tunisie du classement. L'année dernière, la Tunisie avait perdu 8 places dans ce même classement pour les années 2011-2012, passant de la 32e (sur 142 pays), sous le règne de Ben Ali, à la 40e place, après la Révolution. Les auteurs du rapport ont indiqué avoir décidé « de ne pas communiquer les résultats de cette année, en raison d'un changement structurel important dans les données, qui a rendu les comparaisons avec les années passées, difficiles ». Ils espèrent dans l'avenir, « réinclure la Tunisie dans le classement ». Comment peut-on expliquer que des pays qui ont aussi connu des révolutions à l'instar de l'Egypte, de la Libye, ou aussi du Yémen, figurent dans le classement et la Tunisie non ? Slim Zeghal, membre du comité directeur et porte- parole de l'Institut arabe des chefs d'entreprise, IACE, a indiqué que le non classement de la Tunisie « résulte des changements structurels (révolution, période de transition) qui influent sur la perception du climat des affaires en Tunisie. Il s'agit d'un signal d'alerte quant à la possibilité d'une importante dégradation de la Tunisie, dans le classement de Davos mais qui laisse au pays un laps de temps pour se rétablir, pour le prochain classement. Notons que l'IACE est l'institution en charge, en Tunisie de la collecte des données auprès des entreprises privées, pour le compte du Forum de Davos. Cette absence, qui traduit littéralement un déclassement de la Tunisie, ne manquera pas, bien sûr, d'être ressentie comme une humiliation.