«Les enfants aiment le bricolage et la fantaisie, ce sont de vrais artistes. Ils sont les acteurs de demain, et le cinéma du futur reposera sur eux». «Pas besoin de mise en scène pour l'ambiance, remarque un assistant sur le plateau, les enfants s'éclatent, cela nous servira de fond sonore au film ». A la maison de la culture de Kélibia,en ce jeudi 29 août, le tournage était transformé en jeu d'enfants, une récréation, où quelques jeux sont dispersés çà et là. Au nombre de 17, les petits jouaient paisiblement à l'ombre. On se sentait déjà dans un film. Cet atelier de création, intitulé «Les petites mains créatrices», est une variante du FIFAK, qui s'est poursuivi dans le cadre de sa 28e édition. C'est comme un laboratoire, destiné aux plus jeunes cinéphiles, entre 6 et 12 ans, du 26 au 31 août. Au programme, projection de films en matinée, accompagnée de débat et de sensibilisation au langage cinématographique, conception d'un court-métrage, l'après-midi. Le résultat? un film d' animation dont la projection est programmée deux jours plus tard . Une organisation sans faille La caméra était installée discrètement au milieu du jardin de la maison de la Culture. Derrière cette camera, le réalisateur opérait ses réglages de lumière et de cadrage. Cinq encadreurs suivaient les enfants de près, répondant à leurs interrogations, les occupant afin de rester concentrés tout le temps du tournage, assez long pour l'esprit d'un enfant. Une prise de décision liée à la mise en scène surgit à la dernière minute. La scène de la balançoire est prête à être tournée. Un atelier acclamé M. et Mme Zmouri sont parents de quatre enfants présents à l'atelier, originaires de Menzel Bou Zalfa, où ils sont actifs au sein de la FTCA depuis des années. «Nous venons à Kélibia tous les ans à l'occasion du festival, nous accompagnons nos enfants à l'atelier de création la journée, et nous assistons aux compétitions le soir. C'est un excellent apprentissage pour les enfants, ils acquièrent de nouvelles idées, développent leur imagination». Et Mme Zmouri d'ajouter : «c'est une découverte pour le parent : je ne connaissais pas l'animation avec de la pâte à modeler, c'est la parfaite occasion». Ce qui est d'autant plus remarquable sur ce tournage, c'est la manière dont les enfants se contrôlent : lorsqu'il y a changement de décor, de personnages ou d'angle de vue de la caméra, les uns jouent ensemble dans un petit coin, les autres se reposent à l'ombre, comme dans un conte de fée où tous les enfants sont sages. Des étapes de création simples et efficaces Mais avant d'en arriver au tournage, il a fallu sensibiliser les jeunes participants à l'élaboration des images et des sons pour construire un film. A la suite des projections, chaque matin à 10h, ils ont eu l'occasion de voir des films d'animation : Azur et Asmar, Là haut..., ainsi qu'une série de courts-métrages en prise de vue réelle. Une discussion s'ouvrait alors autour de telle technique d'animation (image par image, la 3D, le cartonné...), telle échelle de plan, et surtout autour des acteurs. «Les enfants apprécient ce retour sur ce qu'ils viennent de voir, et posent toujours plus de questions», constate joyeusement Rimen Fekih Hassen, régisseuse sur le plateau, et membre de la FTCC de Monastir/Ksar Halel. C'est ainsi que le scénario du film de cette année a été conçu : «On les laisse inventer, non pas reprendre ce qu'ils ont déjà vu. Notre rôle est de les pousser vers la création, et il suffit de peu». Ensuite, il s'agit de repérer les lieux de tournage. Et pour cela, pendant qu'Ali Jilani, le réalisateur, réfléchissait à la mise en scène, formateurs, enfants et parents étaient à la recherche des décors, qu'ils achetaient parfois, ou qu'ils récupèrent de chez eux... «Les enfants aiment le bricolage et la fantaisie, ce sont de vrais artistes. Ils sont les acteurs de demain, et le cinéma du futur reposera sur eux ». Une récompense méritée A la suite du tournage, montage, mixage..., le film devait enfin être projeté au grand public samedi soir, en accompagnement de la cérémonie de la remise des prix des compétitions du FIFAK. «Evidemment, je serai au théâtre de Kélibia samedi soir, accompagnée de mes parents», assurait Sarah, une jeune participante de 6 ans, à laquelle on a confié un petit rôle dans le film. «J'aime cet atelier car il me permet d'être actrice. J'apprends aussi à faire partie d'un film, ainsi je bougerai sur l'écran géant lors du visionnage». Pour Sarah, l'atelier «Les petites mains créatrices » est une occasion de se faire de nouveaux amis. Si elle ne voit pas les mêmes enfants tous les jours, elle s'amuse tout autant. «Le cinéma pour moi c'est un endroit où l'on voit des œuvres qu'on ne connaissait pas. C'est une manière d'apprendre des choses aux autres, aux petits comme aux grands». Ce qu'aime voir cette jeune participante, si on laisse pour compte le sitcom Layyem (diffusé durant le mois de ramadan), ce sont Sponge Bob, Barbie et tout ce qui est en lien avec les princesses. Tout comme une petite starlette, Sarah s'était soudain éclipsée, elle était conviée à entrer sur le plateau, pour tourner une scène. Bien qu'on tînt à garder la surprise du sujet jusqu'au bout de la projection, on nous avait tout de même chuchoté que le film tournerait autour d'une sensibilisation à l'écologie en Tunisie. Ne pas jeter ses ordures dans les espaces publics, adopter des habitudes responsables au regard de la planète, sont autant de messages que ce film d'animation se proposait d'aborder. C'est enfin l'occasion pour les enfants d'apprendre une leçon aux grands. Durant le FIFAK cette année, l'atelier «Les petites mains créatrices» a été d'une ambiance distinguée, autant pour l'équipe formée de passionnés, que pour ceux qui ont mis a profit imagination, innocence et bonne humeur. Enfin un tournage sans pression, on se serait cru dans un conte pour enfants.