Imed Daïmi et Salma Baccar livrent ci-après leurs avis sur les discours de Abassi et de Ben Jaâfar Salma Baccar, députée retirée de l'ANC : «Pour le FSN, le dialogue est clos» Avant-hier, Houcine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt et l'un des parrains du dialogue national a été clair lors de sa déclaration après sa rencontre avec le Front du salut national (FSN) en affirmant que «le dialogue a échoué parce que la Troïka n'a pas pris au sérieux l'initiative du quartet». La Troïka n'a pas accepté la démission du gouvernement et son remplacement par un gouvernement de compétences nationales mais a, bien au contraire, proposé le maintien du gouvernement actuel et la reprise des travaux de l'ANC, jusqu'à leur achèvement. La même Troïka n'a pas non plus pipé mot sur la commission du consensus. L'échec du dialogue, selon Houcine Abassi, «est dû à l'entêtement de la Troïka». Partant, pour le Front du salut national le dialogue est clos et bel et bien terminé. Concernant maintenant le discours du président de l'ANC, Mustapha Ben Jaâfar on le considère comme nul et non avenu. «Mieux», il y a eu mensonge sur la position des dix élus qui se sont retirés de l'ANC. Nous avons rencontré M.B.J. pendant deux heures où nous n'avons jamais exprimé notre volonté de retourner à l'Assemblée nationale mais nous lui avons soumis l'idée de la création de deux commissions où la représentation ne serait pas à la majorité mais selon le consensus. Cette commission appuyée par des experts s'occuperait de la finalisation de la Constitution. La deuxième commission aurait pour tâche de trouver un accord consensuel sur le dernier membre de l'Isie, la loi électorale, etc. Nous avons proposé que le consensus se fasse en dehors de la plénière. Ainsi, nous lui avons bien dit que les 60 députés retirés de l'ANC retourneront juste pour quelques heures afin de voter tout ce qui a été adopté par consensus par tous les députés. Nous n'avons donc jamais laissé entendre que nous allons retourner à l'hémicycle, d'ailleurs nous allons publier un communiqué dans ce sens. Franchement, on n'a pas compris le discours du président de l'ANC qui, alors que deux heures auparavant Houcine Abassi a déclaré que le dialogue a échoué, continuait à clamer : «Qu'est-ce qui nous empêche de nous mettre autour d'une même table puisque le dialogue a avancé?». Je pense que le sieur Ben Jaâfar s'est retrouvé coincé entre ses propres convictions et la pression et le forcing des députés de la Troïka qui se sont cloîtrés à l'ANC, forçant la porte de son bureau et celle de la salle de la plénière. MBJ voulait coûte que coûte nous imposer une réalité qui n'existe pas comme s'il n'y avait pas eu, depuis près de 40 jours, un sit-in, comme s'il n'y avait pas eu les journées de grandes manifestations des 6, 13, 24 et 31 août. Bref, après le 7 septembre, jour de la grande manifestation à l'occasion du 40e jour de la mort de Mohamed Brahmi, le FSN annoncera du nouveau le 8 septembre. Imed Daïmi, secrétaire général du CPR : Poursuivre le dialogue et reprendre les travaux de l'ANC est une bonne chose pour le processus démocratique Concernant la déclaration de Houcine Abassi, au CPR on considère que la poursuite du dialogue est une bonne chose pour le processus démocratique. Nous avons appelé, à différentes reprises, à ce que les organisations nationales qui parrainent le dialogue continuent de jouer le rôle d'intermédiaire œuvrant pour le rapprochement entre les différents partenaires politiques. Nous considérons que le dialogue national doit passer à la deuxième phase, autrement dit voir les partenaires, entre Troïka et opposition, se mettre autour d'une table. Je pense que le rapprochement a eu lieu et qu'il est temps de trouver un compromis e annonçant réellement le dialogue. Car si les partenaires se mettent autour d'une même table, les adeptes du refus du dialogue seront marginalisés. On considère, d'autre part, que le refus du dialogue direct cache une volonté de laisser pourir la situation et de ne pas arriver à un compromis. J'ai exprimé moi-même mon étonnement de voir des partenaires politiques refuser le dialogue direct et transparent, sous les projecteurs et devant tous les Tunisiens, mais accepter, en revanche, le dialogue dans des endroits clos, loin des projecteurs, pour conclure des compromis en catimini. Le discours du président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar, est un pas dans le bon sens. Personnellement je m'attendais à un retour immédiat des travaux, mais je comprends le président de l'ANC. J'espère voir les travaux de l'hémicycle entamés dès le lundi prochain afin que les députés puissent exécuter et achever les différentes étapes du calendrier et éviter les détails inutiles en réduisant leurs interventions afin de s'accorder sur le dernier membre à élire de l'Isie et adopter les 140 articles, environ, de la Constitution en moins de quatre semaines au plus tard. Il faudrait, par conséquent, commencer le plus tôt possible car nous avons perdu beaucoup de temps. Nous devons mettre fin à cette situation le plus rapidement possible pour finaliser les tâches primordiales de l'ANC en six semaines au grand maximum, voire moins. Cela afin d'arriver à la deuxième phase de préparation des élections et d'assurer la stabilité politique, sécuritaire et économique du pays en fixant une date claire et précise des prochaines élections.