Pour l'Ugtt, «pas question de réviser les délais fixés par la feuille de route» On annonçait au plus tard le vendredi la première réunion officielle du Dialogue national qui n'aura pas lieu aujourd'hui et qui sera probablement reportée au 18 octobre. Les « négociateurs » demeurent divisés sur la manière de sortir de la crise de l'Isie. Les uns défendent la proposition de Rafaâ Ben Achour dans le respect du verdict du tribunal administratif, tandis que d'autres, essentiellement le parti Ennahdha, étalent un arsenal juridique à mettre en œuvre pour limiter les recours et barrer la route à une éventuelle décision de justice supplémentaire. Ils estiment en effet que la proposition de Rafaâ Ben Achour n'est pas efficace. « Il faut que la solution concernant l'lsie soit une solution définitive, il n'est pas possible d'aller dans un sens qui laisse une possibilité d'entrer dans un cercle vicieux de recours. C'est pour cette raison que nous avons proposé une solution qui passe obligatoirement par une modification de la loi organique relative à l'Isie. L'idée est de respecter le droit aux recours tout en limitant son usage dans le temps », explique Oussema Sghaïer, député nahdhaoui, membre de la commission de dépouillement pour l'Isie. En d'autres termes, le parti majoritaire propose d'accorder un délai de 5 jours pour se prononcer sur les recours. Les membres du dialogue national s'opposent et accusent Ennahdha de vouloir entraver la feuille de route. « La proposition que met en avant Ennahdha prendra du temps, un mois ou plus, peut-être qu'elle veut décrédibiliser l'initiative du Quartet en termes de tenue de délais », estime Taher H'mila, président du parti « Attalia ». D'ailleurs, les représentants d'Ennahdha ne voient aucun mal à ce que les délais fixés par la feuille de route du Quartet soient révisés. « Pas question », répond Samir Cheffi, secrétaire général adjoint de l'Ugtt, « Ils ont signé sur la base de ces délais, il faut gérer les obstacles tout en respectant les deadlines ». Combiner les deux propositions Hier matin, la commission chargée d'étudier « la crise de l'Isie » était composée des députés membres de la commission de dépouillement, sous la présidence de Abdessattar Moussa, président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme. Pour lui, « les propositions d'Ennahdha qui visent à changer les règles du jeu et supprimer les recours sont inacceptables ». En l'absence d'un consensus sur l'approche à adopter vis-à-vis de ce qu'on appelle désormais la « crise de l'Isie », la même commission se réunit aujourd'hui pour trouver une issue et surtout tenter de combiner la proposition de Rafaâ Ben Achour avec celle du parti au pouvoir. « Très honnêtement, si dans les 24 heures qui viennent, il n'y a toujours pas d'entente en ce qui concerne le processus et les délais de réalisation, alors les séances préparatoires deviendront elles-mêmes un obstacle au dialogue national », s'agace le député Noômane Fehri. Avant lui, le député Hicham Hosni a même lancé : « Ce débat national se dirige vers un échec ». Ce ras-le-bol et au-delà des divergences de points de vue, Hicham Hosni l'explique par l'indiscipline des députés légalistes, qui commencent d'ores et déjà à « refuser le résultat du Dialogue national avant même sa proclamation ». A ce titre, Abdelhamid Jellassi, vice-président et coordinateur général du parti islamiste, affirme ignorer l'existence de la pétition lancée dans ce sens par les députés légalistes. Très prudent, il estime qu'il est « nécessaire pour la direction du parti de dialoguer avec son groupe parlementaire », histoire de dire que rien n'est encore joué.