L'abrogation des amendements introduits sur le règlement intérieur de l'ANC change la donne. Abdelkrim Zbidi, qui aurait déclaré ne plus être intéressé par le poste de chef du gouvernement, a laissé le champ libre à Chaouki Tabib et Jalloul Ayed. Les prises de contact avec les protagonistes du Dialogue national ont déjà commencé L'abrogation, mercredi dernier, par l'ANC des amendements introduits sur le règlement intérieur de la Constituante constitue-t-elle un signal pouvant augurer une reprise imminente du Dialogue national ? Les événements survenus à Siliana et à Gafsa auront-ils un impact sur le paysage politique national dans le sens de l'aggravation de la crise qui secoue déjà le pays ? Ce sont là les deux principales questions qui interpellent les différents acteurs de la scène politique nationale et les poussent à intégrer ces deux nouvelles données dans les approches qu'ils ne cessent de développer en vue de trouver une solution à la tension perdurant dans le pays et menaçant de le faire plonger dans l'inconnu. Des agendas incompréhensibles Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du travail patriotique démocratique (Ptpd), qualifie l'annulation des amendements du règlement intérieur de l'ANC d'«indicateur positif sur la voie du retour au Dialogue national». «Seulement, ajoute-t-il, il est regrettable de voir le CPR se comporter d‘une manière étrange, à chaque fois que l'on enregistre une petite éclaircie dans la grisaille dominante. Les déclarations de Imed Daïmi, secrétaire général du CPR, considérant que la candidature de Abdelkrim Zbidi au poste de future chef du gouvernement de compétences nationales constitue un facteur de déstabilisation de l'institution militaire montrent qu'au sein de la Troïka, les violons ne sont pas accordés». Quant aux actes de violence qui ont été perpétrés, mercredi dernier, à Siliana «en dehors de la volonté des organisateurs de la manifestation de contestation, ils montrent que la tension sociale a atteint un degré tel que la situation peut exploser à n'importe quel moment, même contre le prochain gouvernement de compétences nationales, si par bonheur il est formé». «Malheureusement, la solution que tout le monde attend n'est pas pour demain. Ma conviction est qu'aussi bien au sein de la Troïka que de l'opposition, il existe des interventions occultes et des agendas incompréhensibles», conclut-il. De Ghannouchi à Caïd Essebsi Sur un autre plan, nous croyons savoir de sources concordantes que le duo Chaouki Tabib et Jalloul Ayed est revenu dans la course pour la formation du prochain gouvernement. Ils seraient même les seuls rescapés «sérieux». «Le retour serait la résultante de la décision de Abdelkrim Zbidi qui aurait déclaré qu'il n'est plus intéressé par le poste. Après avoir rencontré, mercredi dernier, Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, Chaouki Tabib rencontrera aujourd'hui Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès», précisent les mêmes sources qui confient, par ailleurs, que «pour le moment, tout ce que l'on peut dire c'est que Ghannouchi ne serait pas opposé à la candidature de l'ancien bâtonnier de l'ordre des avocats». D'autres sources vont dans le même sens et ajoutent que «Chaouki Tabib s'apprête à rencontrer également les responsables du Front du salut national». Et si Jalloul Ayed a encore et toujours toutes ses chances, Chaouki Tabib reste un concurrent sérieux puisque jouissant l'estime du Quartet dont il a fait partie, et quand il était bâtonnier. Et si à cela s'ajoute l'approbation des grands blocs engagés dans le Dialogue national... De leur côté, les constituants du Bloc démocratique sont revenus à l'ANC pour voter l'abrogation des amendements et ont annoncé qu'ils s'y retirent immédiatement après et n'y reviendront qu'avec la reprise du Dialogue national. «Aujourd'hui, vendredi 29 novembre, le Quartet parrain du Dialogue national reçoit les constituants du groupe démocratique dans l'objectif de les convaincre de retourner définitivement à l'ANC et de participer aux travaux des commissions constituantes et législatives», relève une source informée auprès du Dialogue. La même source confie à La Presse que «les concertations se poursuivent toujours avec les différents protagonistes dans le but de parvenir à fixer une date à laquelle reprendra le dialogue, maintenant que les amendements sont abrogés et que le processus constituant bloqué jusqu'ici est appelé à redémarrer».