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Des oliviers à protéger, de l'huile à valoriser
Ghardimaou — Reportage
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 11 - 2013

Alors que la campagne de cueillette des olives a commencé, Ghardimaou, localité au nord-ouest, dévoile un patrimoine insoupçonnable.
Devant le collège Abou El Kacem-Chebbi à Ghardimaou, se tient un souk hebdomadaire dans lequel les paysans proposent à la vente des produits du terroir. «Ce marché a tout ce qu'il y a de plus ordinaire, à une exception près. Ici, il y a encore des forgerons qui fabriquent à la main des outils agricoles traditionnels, tels que la pioche et la bêche», indique Naim Guesmi, agriculteur de 27 ans. A Ghardimaou, délégation du gouvernorat de Jendouba, l'agriculture est omniprésente. La superficie totale des terres agricoles est de 51.600 ha. Dont 3.000 ha sont plantés d'oliviers, 2.500 familles en vivent. Comme partout ailleurs, la mécanisation est de plus en plus répandue, tout comme l'utilisation des produits chimiques. Néanmoins, les anciennes pratiques agricoles sont toujours d'usage dans la région, notamment en oléiculture. «Dans notre oliveraie, on n'utilise ni pesticides ni engrais. La cueillette des olives se fait une année sur deux, et à la main», affirme Naim. Particularité de Ghardimaou, les variétés d'oliviers cultivées, principalement le chetoui et dans une moindre mesure le barouni, ont été greffées sur des oliviers sauvages. La forêt d'oléastres existe depuis des temps immémoriaux, en témoignent certains oliviers deux fois ou trois fois millénaires comme celui de Sidi Bouzitoun. Les arbres cultivés sont vigoureux et présentent une racine pivotante bien ancrée en profondeur dans le sol. En outre, ils sont alignés suivant les courbes de niveau, et non pas en lignes droites. Le défrichage, entrepris par les Français dès le début du XXe siècle, a été effectué en prenant en considération l'érosion, très active dans la région.
L'huile d'olive vendue dans les taxiphones
Pour Naim, l'huile d'olive produite à Ghardimaou est particulière : «C'est une huile de très bonne qualité. Des agriculteurs des côtes est du pays viennent l'acheter pour améliorer leur propre huile». Non valorisée, l'huile est peu connue du grand public. Aucune marque, aucun label de la région n'existe. Il n'y a pas non plus de huilerie fonctionnelle à Ghardimaou, la plus proche étant celle d'Oued Mliz. «Il n'y a pas moyen de faire la mise en bouteille à Ghardimaou. En construire une coûterait 900.000 DT», assure Naim. Dans le centre-ville, des taxiphones et des épiceries vendent des bidons d'huile d'olive de la région à 6 DT le litre. «Il y a beaucoup d'intrus dans le secteur. En cette saison de cueillette, tout le monde s'improvise producteur d'huile d'olive. Il suffit d'acheter des olives et de les emmener dans une huilerie à Jendouba. Le problème, c'est que les règles permettant d'avoir une huile de qualité ne sont pas forcément respectées. Ainsi, les olives sont broyées parfois plusieurs jours après la récolte, ce qui altère la qualité de l'huile», explique Naim. Selon lui, le ministère de l'Agriculture ne contrôle pas assez les huileries et les commerces. «Le secteur est désorganisé. La tarification est très aléatoire et souvent injuste. Elle permet à peine de couvrir les frais de production. Le petit agriculteur ne gagne plus sa vie correctement. D'ailleurs, beaucoup de jeunes préfèrent émigrer», confie le jeune homme. «J'aime mon métier et je veux continuer à travailler à Ghardimaou. C'est une belle vie, je suis à l'aise ici, mais parfois c'est dur. Il manque des encouragements de l'Etat», ajoute-t-il.
Ce n'est pas la faute à l'étourneau
Cette année, la production d'olives à Ghardimaou est estimée à 1.500 tonnes, soit 50% de moins que la production de 2012. «Les conditions climatiques étaient défavorables. Il a fait très chaud et on n'a pas eu assez de pluies. Il y a en plus le problème de la mouche de l'olivier, le Dacus, qui fait beaucoup de dégâts», affirme Mnawer Ghraidi, directeur de la cellule locale du Commissariat régional au développement agricole. En outre, la mauvaise gestion des oliveraies de certains agriculteurs nuit non seulement à la production mais aussi à l'intégrité des oliviers. «La taille n'est pas toujours exécutée par une main-d'œuvre qualifiée. Parfois, on coupe aussi le bois de chauffage, mais cela se fait surtout au niveau des oléastres. En principe, personne ne peut couper un olivier sans autorisation du CRDA. Mais après la révolution, les abus se sont multipliés», affirme le responsable. Gisela Bergmann, d'origine allemande, tient une ferme à Ghardimaou depuis 40 ans. Dans les terrains avoisinants, des ex-UCP (Unités coopératives de production en agriculture), des oliviers mal taillés il y a plusieurs années n'ont plus jamais développé de frondaison épanouie. Pour Gisela, le manque d'instruction peut mener à des catastrophes. «Tout le monde pense par exemple que le zarzour (étourneau) mange les olives sur l'arbre, dit-elle. En réalité, il consomme ce qui est tombé par terre. Un ami ornithologue allemand du Konrad Lorenz Institute a assisté par hasard à la destruction d'eucalyptus près de Téboursouk. Les arbres avaient été détruits à la dynamite parce que les zarzour y passaient la nuit. Il a ramassé à peu près 250 oiseaux morts et en a examiné le contenu stomacal. Il a constaté que toutes les olives ingérées étaient infectées par la fameuse mouche de l'olivier, le Dacus, qui fait aujourd'hui des ravages».
Baisse de la production
La présence de la mouche d'olive dégrade la qualité de l'huile qui devient saumâtre et ne peut pas être stockée. Avant l'extermination des zarzours, il y avait à peu près 5 % de la récolte qui tombait par terre. Les zarzours mangeaient ces olives et interrompaient par la même occasion le cycle de reproduction de la mouche d'olive. Maintenant, après que les étourneaux sont devenus plus rares, il tombe jusqu'à 30% de la récolte. Les vers sortent des olives, grimpent sur l'arbre et développent une nouvelle génération. En fin de compte, on a détruit les meilleurs prédateurs du Dacus. Gisela raconte que Ghardimaou est riche de légendes. «Il y a un phénomène extraordinaire dans cette localité, et je crois que les oliviers y sont pour quelque chose. La région compte plusieurs centenaires. Ici, les gens dépassent cent ans et sont en bonne santé. Ils restent vivaces et en pleine possession de leur esprit jusqu'à leur mort. Il y a quelques années, une femme est décédée à l'âge de 156 ans. Au village, on connaît un homme de 130 ans qui va toujours à la mosquée pour faire ses prières ». A Ghardimaou, plusieurs histoires semblent être liées à l'olivier, un patrimoine à préserver.


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