Kaïs Saïed : un ancien ministre se permet de donner des leçons alors que c'est un escroc !    Saïed : "Personne n'est au-dessus de la loi et la souveraineté nationale n'est pas négociable"    Amen Bank, solidité et performance financières, réussit la certification MSI 20000    Grève générale dans le secteur agricole tunisien prévue le 25 juin : la fédération lance un avertissement    Anouar Ben Ammar lève le voile sur le Cupra Terramar : le SUV qui bouscule les codes    L'Iran nomme un nouveau chef du renseignement militaire    Le Hezbollah réaffirme son soutien à l'Iran    Joséphine Frantzen : rapprocher la Tunisie et les Pays-Bas, un engagement de chaque instant    Grève des jeunes médecins : large mobilisation et risque d'escalade    Mourir à vingt ans aux frontières de l'Europe : quand la solidarité est criminalisée    Pluies sur les côtes nord et centre et légère hausse des températures    Médina de Tunis : des commerces sanctionnés pour non-respect des règles d'hygiène    Grève annulée à la CTN : un accord in extremis entre le ministère et le syndicat    Conseil des ministres à Carthage : Cap sur les lois et les priorités nationales    Kaïs Saïed, Ons Jabeur, Ennahdha et Hizb Ettahrir…Les 5 infos de la journée    Mohamed Kouki nommé nouvel entraîneur du Club Sportif Sfaxien    Béja : 120 hectares de céréales détruits par des incendies récents    US Monastir : Faouzi Benzarti confirmé pour la saison prochaine    Elyes Ghariani - Désinformation et intérêts cachés : comment l'Occident façonne la géopolitique de l'Irak à l'Iran    Pourquoi les Tunisiens à l'étranger choisissent toujours Hammamet et … Djerba ?    L'Iran frappe de nouveau : nouvelle salve de missiles contre le nord de l'entité sioniste    Berlin Ons Jabeur en quarts de finale face à Markéta Vondroušová    Skylight Garage Studio : le concours qui met en valeur les talents émergents de l'industrie audiovisuelle    Festival Au Pays des Enfants à Tunis : une 2e édition exceptionnelle du 26 au 29 juin 2025 (programme)    WTA Berlin : Ons Jabeur en demi-finales en double et en quarts en simple    Tunisair - Evolution des indicateurs de l'activité commerciale pour avril et mai 2025    Les Tunisiens en Iran sont en sécurité, assure le ministère des Affaires étrangères    Prolifération d'algues au large de Monastir : Hamdi Hached alerte sur un phénomène inquiétant    Découvrez l'heure et les chaînes de diffusion du quart de finale en double d'Ons Jabeur    Météo en Tunisie : des pluies attendues sur plusieurs régions    ARESSE, une initiative pour relever les défis environnementaux    33.000 élèves passent aujourd'hui le concours de la neuvième    L'OACA lance des cartes de parking électroniques à l'aéroport Tunis-Carthage !    Un hôpital touché en Israël et 47 blessés par des tirs iraniens, Netanyahu menace Khamenei    Le Palais de Justice de Tunis: Aux origines d'un monument et d'une institution    Caravane Al Soumoud 2.0 en préparation : Ghassen Henchiri annonce une suite à l'initiative    Kaïs Saïed appelle à soutenir les conseils locaux et à lutter contre les réseaux de spéculation    Les constantes de la diplomatie et les services aux TRE au centre d'une rencontre entre Kaïs Saïed et Mohamed Ali Nafti    Fonction publique et institutions : L'heure du tri et de la restructuration    Skylight Garage Studio : Le concours qui met en valeur les talents émergents de l'industrie audiovisuelle    Salon international de la céramique contemporaine du 20 juin au 15 juillet 2025 à la médina de Tunis    Ons Jabeur bat Jasmine Paolini et se qualifie pour les quarts de finale du WTA 500 de Berlin    Fête de la musique - L'orchestre fête la musique: Pôle musique et Opéra    Tunisie : Fin officielle de la sous-traitance dans le secteur public et dissolution d'Itissalia Services    Il y un an Khémais Khayati nous quittait : la liberté à hauteur d'homme    Ridha Lamouri: Le galeriste passionné    beIN MEDIA GROUP prolonge ses droits exclusifs de diffusion de la Premier League jusqu'en 2028    La Tunisie mobilise les soutiens en faveur de son candidat l'ambassadeur Sabri Bachtobji, à la tête de l'Organisation Internationale pour l'Interdiction des Armes Chimiques (OIAC)    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Des oliviers à protéger, de l'huile à valoriser
Ghardimaou — Reportage
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 11 - 2013

Alors que la campagne de cueillette des olives a commencé, Ghardimaou, localité au nord-ouest, dévoile un patrimoine insoupçonnable.
Devant le collège Abou El Kacem-Chebbi à Ghardimaou, se tient un souk hebdomadaire dans lequel les paysans proposent à la vente des produits du terroir. «Ce marché a tout ce qu'il y a de plus ordinaire, à une exception près. Ici, il y a encore des forgerons qui fabriquent à la main des outils agricoles traditionnels, tels que la pioche et la bêche», indique Naim Guesmi, agriculteur de 27 ans. A Ghardimaou, délégation du gouvernorat de Jendouba, l'agriculture est omniprésente. La superficie totale des terres agricoles est de 51.600 ha. Dont 3.000 ha sont plantés d'oliviers, 2.500 familles en vivent. Comme partout ailleurs, la mécanisation est de plus en plus répandue, tout comme l'utilisation des produits chimiques. Néanmoins, les anciennes pratiques agricoles sont toujours d'usage dans la région, notamment en oléiculture. «Dans notre oliveraie, on n'utilise ni pesticides ni engrais. La cueillette des olives se fait une année sur deux, et à la main», affirme Naim. Particularité de Ghardimaou, les variétés d'oliviers cultivées, principalement le chetoui et dans une moindre mesure le barouni, ont été greffées sur des oliviers sauvages. La forêt d'oléastres existe depuis des temps immémoriaux, en témoignent certains oliviers deux fois ou trois fois millénaires comme celui de Sidi Bouzitoun. Les arbres cultivés sont vigoureux et présentent une racine pivotante bien ancrée en profondeur dans le sol. En outre, ils sont alignés suivant les courbes de niveau, et non pas en lignes droites. Le défrichage, entrepris par les Français dès le début du XXe siècle, a été effectué en prenant en considération l'érosion, très active dans la région.
L'huile d'olive vendue dans les taxiphones
Pour Naim, l'huile d'olive produite à Ghardimaou est particulière : «C'est une huile de très bonne qualité. Des agriculteurs des côtes est du pays viennent l'acheter pour améliorer leur propre huile». Non valorisée, l'huile est peu connue du grand public. Aucune marque, aucun label de la région n'existe. Il n'y a pas non plus de huilerie fonctionnelle à Ghardimaou, la plus proche étant celle d'Oued Mliz. «Il n'y a pas moyen de faire la mise en bouteille à Ghardimaou. En construire une coûterait 900.000 DT», assure Naim. Dans le centre-ville, des taxiphones et des épiceries vendent des bidons d'huile d'olive de la région à 6 DT le litre. «Il y a beaucoup d'intrus dans le secteur. En cette saison de cueillette, tout le monde s'improvise producteur d'huile d'olive. Il suffit d'acheter des olives et de les emmener dans une huilerie à Jendouba. Le problème, c'est que les règles permettant d'avoir une huile de qualité ne sont pas forcément respectées. Ainsi, les olives sont broyées parfois plusieurs jours après la récolte, ce qui altère la qualité de l'huile», explique Naim. Selon lui, le ministère de l'Agriculture ne contrôle pas assez les huileries et les commerces. «Le secteur est désorganisé. La tarification est très aléatoire et souvent injuste. Elle permet à peine de couvrir les frais de production. Le petit agriculteur ne gagne plus sa vie correctement. D'ailleurs, beaucoup de jeunes préfèrent émigrer», confie le jeune homme. «J'aime mon métier et je veux continuer à travailler à Ghardimaou. C'est une belle vie, je suis à l'aise ici, mais parfois c'est dur. Il manque des encouragements de l'Etat», ajoute-t-il.
Ce n'est pas la faute à l'étourneau
Cette année, la production d'olives à Ghardimaou est estimée à 1.500 tonnes, soit 50% de moins que la production de 2012. «Les conditions climatiques étaient défavorables. Il a fait très chaud et on n'a pas eu assez de pluies. Il y a en plus le problème de la mouche de l'olivier, le Dacus, qui fait beaucoup de dégâts», affirme Mnawer Ghraidi, directeur de la cellule locale du Commissariat régional au développement agricole. En outre, la mauvaise gestion des oliveraies de certains agriculteurs nuit non seulement à la production mais aussi à l'intégrité des oliviers. «La taille n'est pas toujours exécutée par une main-d'œuvre qualifiée. Parfois, on coupe aussi le bois de chauffage, mais cela se fait surtout au niveau des oléastres. En principe, personne ne peut couper un olivier sans autorisation du CRDA. Mais après la révolution, les abus se sont multipliés», affirme le responsable. Gisela Bergmann, d'origine allemande, tient une ferme à Ghardimaou depuis 40 ans. Dans les terrains avoisinants, des ex-UCP (Unités coopératives de production en agriculture), des oliviers mal taillés il y a plusieurs années n'ont plus jamais développé de frondaison épanouie. Pour Gisela, le manque d'instruction peut mener à des catastrophes. «Tout le monde pense par exemple que le zarzour (étourneau) mange les olives sur l'arbre, dit-elle. En réalité, il consomme ce qui est tombé par terre. Un ami ornithologue allemand du Konrad Lorenz Institute a assisté par hasard à la destruction d'eucalyptus près de Téboursouk. Les arbres avaient été détruits à la dynamite parce que les zarzour y passaient la nuit. Il a ramassé à peu près 250 oiseaux morts et en a examiné le contenu stomacal. Il a constaté que toutes les olives ingérées étaient infectées par la fameuse mouche de l'olivier, le Dacus, qui fait aujourd'hui des ravages».
Baisse de la production
La présence de la mouche d'olive dégrade la qualité de l'huile qui devient saumâtre et ne peut pas être stockée. Avant l'extermination des zarzours, il y avait à peu près 5 % de la récolte qui tombait par terre. Les zarzours mangeaient ces olives et interrompaient par la même occasion le cycle de reproduction de la mouche d'olive. Maintenant, après que les étourneaux sont devenus plus rares, il tombe jusqu'à 30% de la récolte. Les vers sortent des olives, grimpent sur l'arbre et développent une nouvelle génération. En fin de compte, on a détruit les meilleurs prédateurs du Dacus. Gisela raconte que Ghardimaou est riche de légendes. «Il y a un phénomène extraordinaire dans cette localité, et je crois que les oliviers y sont pour quelque chose. La région compte plusieurs centenaires. Ici, les gens dépassent cent ans et sont en bonne santé. Ils restent vivaces et en pleine possession de leur esprit jusqu'à leur mort. Il y a quelques années, une femme est décédée à l'âge de 156 ans. Au village, on connaît un homme de 130 ans qui va toujours à la mosquée pour faire ses prières ». A Ghardimaou, plusieurs histoires semblent être liées à l'olivier, un patrimoine à préserver.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.