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«Pour une gouvernance plus participative de l'eau»
Interview avec Boubaker Houman, enseignant chercheur
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 01 - 2014

La nécessité d'optimiser l'exploitation des ressources en eau existantes a amené le pays à opter pour des principes de gestion de l'eau par la demande dans le cadre de la Gestion intégrée des ressources en eau. La gestion de la quantité, dévolue au ministère de l'Agriculture, a amené la mise en place de stratégies comme les économies d'eau en irrigation ou la recherche de nouvelles ressources non conventionnelles. Boubaker Houman, enseignant chercheur en agro-éco-pédologie lance un appel pour la rationalisation de l'eau. Interview.
Comment se présente l'organisation du secteur de l'eau en Tunisie ?
La Tunisie a une organisation du secteur de l'eau extrêmement centralisée, s'appuyant sur des politiques sectorielles en contradiction avec les principes de gestion affichés. Cela se traduit par de nombreuses stratégies et programmes sectoriels. De nouvelles réformes en cours, notamment dans le domaine de la décentralisation, devraient amener le pays à revoir ses modes de gestion de l'eau. A côté des deux ministères principaux de la gestion de l'eau et de l'assainissement que sont les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, d'autres ministères interviennent à travers leurs spécificités : Santé (AEP et assainissement), Intérieur (décentralisation et collectivités locales), Finances (investissements et soutien aux établissements publics), Développement régional (planification).
Parallèlement, de nombreux organismes publics, sous la tutelle des ministères, ont été mis en place pour mettre en œuvre la gestion des différents secteurs : SONEDE (eau potable), ONAS (assainissement), ANPE (protection de l'environnement), APAL (protection du littoral), ANGED (gestion des déchets). D'autres organismes techniques publics apportent leur concours aux décideurs : INS (statistiques), CITET (technologie de l'environnement), CNE (Conseil National de l'Eau), CNDD (Développement Durable), observatoires (ONAGRI, OTEDD), etc., ainsi que des outils financiers (FODEP pour la dépollution). L'intervention des ministères et organismes sous tutelle se fait à travers un cadre institutionnel et réglementaire fortement développé, même si certains secteurs sont encore déficients, comme la réutilisation des eaux usées traitées ou celui du traitement des rejets industriels.
Sur le plan réglementaire, la loi 75 - 16 qui promulgue le Code des Eaux est à la base de la gestion de l'eau complétée par d'autres lois plus sectorielles et des décrets et arrêtés d'application. L'évolution des dernières décennies a amené une refonte, actuellement en cours, du Code. Les politiques d'intervention et de mise en œuvre se font par le biais des Plans Quinquennaux (actuellement application du XIIe Plan) dans lesquels sont inscrits les grands projets d'investissement pour lesquels la Tunisie reçoit un large soutien financier des bailleurs internationaux (Banque mondiale, UE, BAD, BIRD, AFD, KFW, JICA), comme d'ailleurs pour les études stratégiques et prospectives par le truchement de programmes de type PISEAU, SINEAU, COPEAU...
Quelles sont les lacunes et faiblesses de cette organisation ?
L'analyse de la situation actuelle fait apparaître un certain nombre de faiblesses et lacunes : dans le secteur de l'assainissement : dans le milieu rural, le développement de l'assainissement présente un retard important par rapport au milieu urbain. Cela est dû à l'absence d'un plan national d'assainissement rural, définissant les types d'interventions techniques et financières adaptées et, d'autre part, au manque d'information, de formation et de participation des usagers. Dans le domaine de la réutilisation des eaux usées traitées, affichée comme une priorité en matière de nouvelle ressource non conventionnelle, la situation actuelle ne facilite pas son développement : incertitude sur la qualité des eaux distribuées, normes très restrictives, manque de formation technique, surcoût des traitements et acheminements de la ressource, information insuffisante des usagers potentiels... Le problème des rejets industriels et leur impact sur les performances de traitement des stations d'épuration est un point primordial pour promouvoir la valorisation des eaux usées traitées. L'encadrement institutionnel concernant les rejets industriels est actuellement insuffisant ; faudrait-il du moins mettre en place des normes de rejets par type d'activité. Le taux des redevances de pollution payées par les pollueurs est bas et n'incite pas à un mécanisme de volontariat pour améliorer la situation.
A noter qu'une étude stratégique pour l'assainissement des zones rurales par l'ONAS a dégagé la nécessité d'assainir 600 zones rurales dans lesquelles 2% des habitants sont raccordés au réseau. 23 % des habitants utilisent des fosses septiques. 75 % des habitants déversent les eaux usées dans le milieu naturel.
Et qu'en est-il du secteur du raccordement à l'eau potable ?
Les tarifications concernant l'AEP ne permettent pas un recouvrement, ne serait-ce que du fonctionnement du service rendu (mettant en difficulté la SONEDE). La possibilité de participation du secteur privé est relativement limitée et devrait être facilitée et accrue, ce qui permettrait un allègement des charges financières de l'Etat tant sur le plan des investissements que des subventions du secteur AEP et assainissement.
En ce qui concerne la politique de gestion, la multiplicité des stratégies (il n'y a pas de réelle stratégie nationale de l'eau), programmes, plans à visées sectorielles, pourrait être simplifiée au bénéfice de politiques horizontales, base essentielle d'une gestion intégrée des ressources en eau. Le positionnement de l'ONAS et de la SONEDE (sous deux tutelles ministérielles différentes) et leur interdépendance vis-à-vis de la facturation ne facilitent pas une approche intégrée en ce qui concerne l'assainissement et l'AEP. Il apparaît souhaitable de faire une étude approfondie du devenir de ces deux établissements et de voir un rapprochement institutionnel.
Il y a lieu de remarquer que la gestion participative est peu ou pas développée en Tunisie dans le secteur de l'eau. Les réformes en cours, ainsi que la situation de transition post-révolutionnaire, devraient être l'occasion de développer cette approche à travers la décentralisation et la participation des usagers. La refonte des textes fondamentaux (Constitution, Code des eaux notamment) devrait prendre en considération cette dimension, ce qui constitue une base pour le fonctionnement démocratique des institutions.
Comment faire face à la disparité de l'eau dans les régions ?
En réalisant un diagnostic participatif actualisé de la situation. Mais aussi mettre en place les mécanismes et les moyens adéquats pour une planification concertée de la mobilisation et de l'utilisation des ressources en eaux. Elaborer des mécanismes d'arbitrage pour le règlement des conflits.
Comment expliquez-vous le fait que la Tunisie puisse manquer d'eau d'ici quelques années ?
Concernant les ressources, la Tunisie est un pays aride à semi-aride sur les 3⁄4 de son territoire caractérisé par une forte variabilité interannuelle de la pluviométrie (grands risques de sécheresse ou d'inondations). La Tunisie est classée dans la catégorie des pays marqués par le stress, voire la pénurie hydrique : 470 m3/ha/an. Le déséquilibre régional de l'offre et de la demande nécessite la réalisation d'ouvrages de transfert coûteux. En termes de qualité, la salinité affecte près de la moitié des ressources en eaux. 53% des ressources mobilisées ont un taux de salinité supérieur à 1,5 g/l. Pollutions menaçantes: à l'échelle nationale, il y a environ 756 sources de pollution hydrique qui déversent annuellement 155 millions de m3 de rejet constituant une source de contamination possible pour les eaux souterraines et de surface. Incertitudes liées aux changements climatiques (réchauffement planétaire).
A propos de l'utilisation : pertes dans les réseaux urbains, eaux d'irrigation : gaspillage de l'ordre de 30 % et très faible taux de recyclage des eaux dans l'industrie. L'ensemble des pertes entre la production de la ressource et son utilisation est estimé à 25%. Si on ajoute les différents gaspillages afférents à une mauvaise ou sous-utilisation de la ressource, on peut estimer à 35% du volume global de la ressource, les quantités d'eau qui sont actuellement perdues. Surexploitation des nappes phréatiques et profondes : diminution des volumes et augmentation de la salinité, notamment dans les zones côtières marquées par l'intrusion des eaux marines et des eaux des lagunes. Envasement des barrages : outre la salinité qui affecte près de la moitié des ressources en eaux, les eaux de surface se caractérisent par un transport solide assez élevé en raison de la conjonction de plusieurs facteurs, comme l'érosion hydrique, la topographie, la nature géologique des sols, le climat, les activités anthropiques, etc.
Le résultat de cette turbidité est l'envasement des ouvrages de stockage d'eau, ce qui réduit leur durée de vie utile. Salinisation secondaire induite par l'intrusion des eaux saumâtres suite à la surexploitation des nappes littorales.
La dégradation de la qualité de l'eau compte 0,6% sur l'ensemble du coût de la dégradation environnementale de l'eau, de l'air, du sol, de la zone côtière et des déchets, le tout évalué à 2,1%.
Le recyclage des eaux usées est-il une solution fiable ?
Rappelons d'abord que le traitement et le recyclage des eaux usées limitent leurs rejets dans les milieux récepteurs et jouent, par conséquent, un rôle non négligeable dans la protection de l'environnement et de la santé humaine. Considérées comme des ressources non conventionnelles, certes, les eaux usées traitées constituent une alternative sérieuse pour faire face au stress hydrique qui guette les pays pauvres en eau. Le recyclage est donc l'une des solutions fiables. Il faudra néanmoins maîtriser les technologies de traitement et de désinfection, assurer un suivi régulier des performances des unités de traitement et informer le grand public sur cette démarche nécessaire.
Quelle stratégie faut-il adopter pour une meilleure utilisation de l'eau ?
Côté politique de l'eau, je pense qu'il faudrait engager des réformes institutionnelles et opter pour des modes d'administration plus décentralisés avec un désengagement progressif de l'Etat en favorisant l'implication de plus en plus forte des opérateurs privés. Mettre en place une coordination et une coopération effectives entre les différents acteurs concernés au niveau local, régional et national. En matière de gouvernance, il est recommandé d'envisager un développement plus important de l'aspect participatif dans la gestion de l'eau et la régulation des services qui lui sont associés. Sur le plan technique, il y a lieu d'envisager une meilleure préparation pour faire face aux inondations, à la sécheresse et à la pénurie d'eau. La promotion des usages efficients de l'eau en maîtrisant la demande, la maîtrise des différentes sources de pollution de l'eau, l'amélioration du traitement des eaux usées et la réduction des pertes en eau. L'économie de l'eau, en intégrant les savoir-faire populaire et les nouvelles technologies, reste l'un des moyens les plus importants permettant le développement, la préservation et la rationalisation de l'utilisation des ressources hydriques.


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