• L'action soutenue de l'office a contribué de manière concrète aux bons indicateurs environnementaux et sanitaires dont se prévaut notre pays L'Office national de l'assainissement (ONAS) fêtera cette année son 36e anniversaire. Une occasion pour passer en revue l'ensemble de l'expérience, ses différents acquis et réalisations, ses problématiques et ses perspectives. Sachant que l'action soutenue de l'office a contribué de manière concrète aux bons indicateurs environnementaux et sanitaires dont se prévaut notre pays. Statistiques et données à l'appui, les interventions de l'ONAS ont touché les quatre coins du pays, partant des grandes agglomérations urbaines et des zones touristiques pour aller jusqu'à la protection du littoral, la conservation des ressources hydriques et la préservation des écosystèmes fragiles. Sans pour autant oublier l'intérêt accru porté aux zones industrielles et aux grands pôles de développement, aux fins de limiter le rejet des déchets dans l'environnement. Un potentiel riche d'expériences et d'ouvrages de bonne facture que l'impulsion donnée par les réformes n'a cessé de raffermir pour que l'office soit toujours en mesure de relever les défis du développement durable. Il est important de rappeler, en effet, que le réseau de canalisation a quintuplé pour atteindre 15.000 km en 2009, couvrant, ainsi, 6 millions d'habitants répartis sur quelque 162 communes déjà prises en charge par l'ONAS. Cette extension du réseau a pu hisser le taux de raccordement à près de 90%, l'ultime but étant de faire profiter le citoyen, là où il se trouve, d'un environnement sain et salubre, mais aussi, d'un cadre de vie toujours plus agréable. Une mutation qualitative L'office s'est vu investir, depuis 1988, d'un rôle de premier plan en matière de sauvegarde du milieu hydrique. Une nouvelle étape qui va être marquée par la généralisation du traitement des eaux usées, au cours de laquelle le nombre de stations d'épuration est passé de 24 en 1987 à 106 actuellement, avec un volume d'eaux traitées estimé à plus de 230 millions de m3, que l'ONAS a fait l'effort d'exploiter judicieusement dans l'irrigation. L'office a ainsi réalisé une série de projets et d'ouvrages d'infrastructure hydraulique destinés à la réutilisation des eaux traitées, notamment dans la promotion des espaces verts. Une nouvelle stratégie de mobilisation des ressources en eau non conventionnelles qui a trouvé son illustration dans la multiplication des stations d'épuration et l'adoption des techniques de traitement et de recyclage les plus modernes. Le secteur de l'assainissement a également connu une mutation qualitative où la dimension environnementale et les stratégies de développement sont allées de pair, en étroite corrélation avec la dimension sociale et de solidarité, engageant l'office dans une autre approche d'intervention qui est la sienne: l'assainissement des quartiers populaires. Un programme présidentiel que l'ONAS a mis en œuvre depuis 1989, touchant, à ce jour, quelque 806 quartiers sur les 1.008 programmés à l'horizon 2013. L'ultime but étant, en effet, de réhabiliter ces quartiers marginalisés et les intégrer dans le circuit économique, tout en favorisant, au bénéfice de leurs habitants, un milieu propre et sain, où il fait bon vivre. Parallèlement, l'ONAS s'est attaché à promouvoir les méthodes de gestion en matière d'assainissement, encourager la recherche appliquée et le recours aux techniques les plus modernes, tout en optant pour une décentralisation administrative accrue. Et dans cette démarche de gestion et d'exploitation des ouvrages, l'office n'a pas manqué d'adopter une belle approche participative impliquant, à ses côtés, le secteur privé, afin d'améliorer la qualité des prestations fournies et conférer à ses interventions davantage de souplesse et d'efficacité. En matière d'économie d'énergie, les efforts déployés ont permis jusqu'ici d'enregistrer un rendement énergétique global sous la barre de 1 Kwh par kg de pollution organique éliminée. Des résultats qui ne sont pas loin de ceux réalisés par les meilleurs établissements d'assainissement d'envergure internationale. Cap sur la mise à niveau intégrale Avec les nouveaux défis qui se profilent à l'horizon, l'ONAS s'est engagé à mettre le cap sur la mise à niveau intégrale, comme priorité irréversible pour parvenir à relever les grands enjeux du développement durable dans ce domaine. Il est question de généraliser les services d'assainissement en milieu urbain et d'étendre le réseau aux petites villes, tout en engageant une nouvelle tranche pour parachever le programme national des quartiers populaires. Il s'agit, somme toute, de la maîtrise de la qualité des eaux traitées à travers l'extension et la mise à niveau des stations d'épuration, devenues saturées en raison d'une croissance urbaine démesurée. Et les réseaux d'assainissement devraient, eux aussi, faire l'objet de travaux de maintenance et de renouvellement, afin de pouvoir gérer les charges d'exploitation et améliorer, de la sorte, la qualité des services rendus aux clients. De surcroît, une étude de cadrage technico-économique sur un programme ambitieux de transfert des eaux épurées du Grand-Tunis vers les zones intérieures à forte demande en ressources vient d'être lancée avec pour finalité quatre principaux objectifs, consistant essentiellement en la protection de la Méditerranée contre les rejets des eaux traitées, le développement du couvert végétal pour faire face à la désertification, l'adaptation optimale aux impacts des changements climatiques et la promotion des cultures fourragères. Par ailleurs, la mise en œuvre d'un plan d'action visant la gestion des boues des stations d'épuration est tributaire de toute une plateforme technique portant sur l'équipement de ces stations d'unités de déshydratation mécanique de boues, la création de deux mono-décharges pour les boues dégagées des stations d'épuration du Grand-Tunis, ainsi que la génération du biogaz et d'électricité afin de pouvoir bénéficier des opportunités offertes par le Fonds Carbone, institué dans le cadre du protocole de Kyoto. A propos des petites stations sans effluents industriels, il est prévu d'utiliser les boues produites pour l'épandage agricole. Il convient de signaler, ici, que d'autres stations spécifiques pour le traitement des eaux usées collectées seront construites autour de cinq zones industrielles déjà identifiées, à savoir : Utique, Grombalia, Moknine, Sfax et Enfidha. Coopération et partenariat Volet maîtrise de l'énergie, la priorité sera accordée à la généralisation des systèmes éprouvés de réduction de la pollution à l'entrée des stations (pré-traitement plus efficace par pré-dessablage et boues activées moyenne charge avec décantation primaire), l'introduction des technologies de traitement moins énergivores (aération par fines bulles et traitement naturel par champs plantés de roseaux) et la généralisation du traitement anaérobique des boues pour la production du biogaz (méthane) qui sera valorisé sur place pour subvenir à 40 % des besoins énergétiques des stations de plus de 100.000 équivalent habitants. C'est là une tendance du développement à laquelle le secteur privé devrait aussi converger. Fort d'une longue expérience, renforcée, au fil des temps, par un potentiel humain de haute compétence, l'ONAS a opté, depuis des années, pour l'édification d'un réseau de coopération et de partenariat avec plusieurs organismes similaires de par le monde, notamment dans les pays maghrébins, africains et du Moyen- Orient. Il est aussi membre actif d'un nombre d'institutions à l'échelle internationale œuvrant dans le domaine de l'eau, telles que l'Institut Méditerranéen de l'Eau (IME), l'Office International de l'Eau, l'Union Africaine de l'Eau et le Conseil Mondial de l'Eau. Son ambition consiste à développer les programmes de formation et d'assistance technique avec les pays souhaitant s'inspirer de l'expérience tunisienne dans le domaine de l'assainissement.