Un défilé associatif est prévu, aujourd'hui, sur l'avenue Bourguiba, en soutien aux familles des martyrs et des blessés de la révolution Trois ans déjà passés, et après ! La révolution tunisienne n'a pas encore tenu ses promesses et ses objectifs les plus légitimes, sans finir avec un processus transitoire qui a trop duré. Au fil des jours et des mois, rien n'a pu faire oublier aux victimes et à leurs familles les plaies béantes d'un passé au tribut lourd de souffrances et d'injustice. Et comme rien n'a changé depuis, la société civile s'est décidée, aujourd'hui 14 janvier, de s'insurger « contre l'oubli », en faisant de l'artère principale de la capitale, avenue emblématique par excellence, le théâtre d'une manifestation à vocation multiple. Il s'agit, entre autres associations et organisations, du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes), la Ltdh, la Coordination nationale indépendante de la justice transitionnelle, les Femmes démocrates, l'Uget, l'association « Mère du martyr » de Redayef, le réseau Euro-Med des droits de l'Homme, Avocats sans frontières et la Ligue internationale des droits de l'Homme. Tous seront là pour rafraîchir la mémoire collective et faire assumer au gouvernement démissionnaire la responsabilité des retards accusés au sujet du règlement du dossier des familles des martyrs et blessés de la révolution. Une affaire qui traîne encore dans les rouages des tribunaux militaires. «Contre l'oubli» est aussi un appel à mettre en exécution le mécanisme de la justice transitionnelle et accélérer son application, de manière à rendre justice aux ayants droit et juger les coupables présumés qui ont tué nos enfants et blessé les jeunes manifestants, en pleine révolution. Ainsi plaide le communiqué commun issu de différentes composantes de la société civile organisatrices de l'événement, au cours duquel les familles des victimes, venant de tous bords, auront à apporter leurs témoignages sur ce qui s'est réellement passé. Une exposition documentaire retraçant les péripéties de la révolte du bassin minier déclenchée en 2008 sera également au menu, de même qu'une exposition de photos des martyrs et blessés de la révolution du 14 janvier. En parallèle, des cercles de discussion sur les dossiers brûlants et les questions d'actualité seront aussi formés ici et là. Après avoir défilé sur l'avenue Bourguiba, en signe de protestation contre l'oubli et en soutien aux revendications des familles des victimes, la soirée sera marquée par la fête des bougies. C'est là une sorte de recueillement à la mémoire des martyrs, mais aussi une marque solennelle pour rendre hommage à la patience endurée par autant de mères et de pères ayant perdu leurs chers et regrettés enfants. D'ailleurs, dans leur communiqué d'hier, les participants à cette manifestation n'ont pas manqué d'insister sur la reddition des comptes dans le cadre de la loi relative à la justice transitionnelle, sans intentions vindicatives ou à des fins sélectives. Elles ont lancé un appel au gouvernement en place pour qu'il mette tout en œuvre, dans le but de trancher sur tant de questions encore en suspens.