Hier, un sit-in pacifique a été observé devant le ministère des Droits de l'Homme et de la Justice Transitionnelle. Familles de martyrs et blessés de la Révolution, pourchassés à coup de matraques la semaine dernière, se sont rendus audit ministère afin de revendiquer pacifiquement leurs droits. Bafoués, insultés et humiliés, familles de martyrs et blessés de la Révolution ne sont pas au bout de leur peine, parait-il. Le feuilleton des agressions physiques continue. Il empire ! Dans une Tunisie qui se qualifie comme étant le premier pays arabe qui milite, désormais, au respect du citoyen et des Droits humains, le blessé d'une Révolution et la mère d'un martyr semblent devenir un fardeau, une charge à évincer, qui, si elle persiste, devra être pulvérisée ou matraquée. Elle semble drôle cette nouvelle conception des droits de l'Homme à la tunisienne, dans un gouvernement composé d'anciens militants qui ont pas mal été assommés et martyrisés du temps de l'obscurantisme benalinien. Un gouvernement qui se plait à partager le gout de la violence physique et du dénigrement avec ces fameuses gens grâce auxquelles, ils sont là aujourd'hui. Mais la mémoire humaine semble courte ! Le cycle des agressions continue et la violence monte crescendo Il était 10h30 ; lieu : devant le ministère des Droits de l'Homme ; présents : familles des martyrs, blessés de la Révolution, partis politiques (le Parti tunisien et Parti Pirates) les fameux et les fidèles vassaux du corps policier. Motif : les uns réclament leur dignité, les autres tabassent les indignés. Ils étaient une cinquantaine de personnes à manifester calmement face au siège du ministère. Leurs principales revendications : l'employabilité (il est à rappeler que la majorité des blessés ont perdu leurs postes suite aux graves blessures dont ils ont fait l'objet), la gratuité du transport et le suivi médical assidu et effectif. Coup de théâtre : le corps ministériel récuse ces demandes et dénigre leur légitimité. «On» donne alors les ordres pour que les sbires du ministère de l'Intérieur, les forces de l' «ordre» interviennent avec leur célèbre système de répression : violence physique haineuse et agressive. Personne n'est épargné. Femmes âgées, hommes, blessés, tout le monde est mis dans le même sac. «On» recourt aux mêmes outils de dissuasion : propager la terreur pour disperser cette foule, parait-il gênante pour le ministre des «Droits de l'Homme», M. Dilou. Aux résultats des courses : cinq ou six personnes perdent conscience, mères de martyrs, d'un certain âge gisant inconscientes sous l'effet du gaz et des coups de poing, blessés nouvellement «blessés» tabassés et incapables de bouger. Quoi de plus normal ? Quand on a connu le gout du fouet, on aimerait bien le partager avec les siens et ses compatriotes, parait-il ! Transportés aux Urgences de l'hôpital Charles Nicolle, par leurs propres moyens, bien évidemment, ne nous leurrons pas, il ne s'agissait pas d'une prise de conscience gouvernementale… Se convertir à la charité ou à l'humanisme ne vient pas du jour au lendemain. En cours de route, les victimes ont été même contrôlées par les forces de l'ordre qui enquêtaient sur l'identité d'une certaine personne qui a tout filmé. De quoi a-t-on peur si l'on n'a rien à se reprocher ? Imed Gannou, blessé de la Révolution Vice-Président de l'Association des blessés de la Révolution : «J'ai 36 ans et j'ai été blessé le 23 février 2011 à la main. Suite à la gravité de ma blessure, j'ai perdu mon emploi. Le sit-in a commencé vers 11h. Il vient après maintes tentatives de dialoguer avec le ministre des Droits de l'Homme, M. Dilou, via fax et même directement. Quand on s'est entretenu avec lui la semaine dernière, il a refusé toutes nos revendications, y compris le droit à l'employabilité et aux soins médicaux sérieux. Il s'est désolidarisé de notre cause. Quand on lui a parlé de la gratuité du transport, il nous a demandé d'aller voir du côté du ministère du transport. Pour les soins, il s'est déclaré non concerné et qu'il fallait s'adresser au ministère de la Santé publique. Pour ce qui est de l'employabilité, on aurait aussi, selon lui, frappé à la mauvaise porte, on devrait plutôt aller chicaner au ministère des Affaires sociales… C'est à se demander quel est son rôle à lui en tant que ministre des Droits de l'Homme ! Voilà un an et quatre mois que nous sommes affamés, dénigrés et aujourd'hui, humiliés et tabassés par la même police de Ben Ali ! Qu'est ce qui a changé ? Rien. Les manifestants ont, et pour la énième fois, été violemment agressés et roués de coups de poings, de matraques et de gaz ! Même les femmes âgées, mères de martyrs, ont été rossées ! C'est honteux et inhumain ! Ces chers bourreaux ont même osé se foutre de nous : «Qui vous a demandé de sortir le 14 janvier et les jours suivants ? Vous méritez votre sort !» A vous de me dire qui a donné l'ordre de nous tabasser, si ce n'est pas le ministre en personne ! Et dire que c'est une ancienne victime de Ben Ali !» Arbia Jebali, 46 ans, mère du martyr Hassen Sassi (mort à l'âge de 28 ans dans la prison de Monastir) «J'ai été rouée de coup au point d'en perdre conscience ! Ça a commencé quand un agent du ministère des Droits de l'Homme a fait entrer quatre mères de martyrs. Cinq autres mères des détenus de la prison de Monastir et moi avons demandé au même agent de nous laisser entrer parler avec le ministre. Il a refusé. La présidente du Parti Tunisien a intervenu. C'est à ce moment-là qu'un haut gradé s'est attaqué à la présidente de ce parti et l'a intimé de se taire. Demandant à ce qu'il la respecte, elle a reçu pour toute réponse, deux grosses gifles, elle et le président du Parti Pirate M. Sleh Eddine Chokk. C'est à ce moment-là que cela à bardé. D'un coup, nous étions entourés de policiers et le feuilleton des agressions a repris de plus belle. On n'a respecté personne, ni femmes âgées, ni filles. Jalonnés par de gros mots, les coups de poings, de matraques sur les reins, la tête, les côtes, étaient distribués avec effervescence. On nous écrasait les têtes sur l'asphalte ! On a été sauvagement piétinés ! Quand on est partis aux Urgences de l'hôpital Charles Nicolle, les policiers nous ont poursuivis cherchant le blessé qui a tout filmé et ont tout fait pour l'arrêter. On s'est interposés. Nous avons été rejoints par quelques représentants de l'ANC, entre autres Mme Yamina Zoghlami, présidente de la Commission des victimes de la Révolution, qui a condamné ces agissements violents de la part des policiers.» Parmi les victimes, il y en avait deux jeunes des blessés de la Révolution qui demeuraient encore inconscients jusqu'à l'écriture de ces lignes, d'autres qui s'en sont sortis avec des points de sutures, d'autres encore avec des problèmes aux yeux à cause du gaz. Melek LAKDAR
Hier, comme aujourd'hui La page Facebook du ministère des Droits e l'Homme a annoncé, hier, qu'un groupe de jeunes avait attaqué les locaux dudit ministère à coups de pierres, ce qui a provoqué des blessures au corps policier qui était sur place… ça ne rappelle que trop les déclarations faites du temps de Ben Ali sur les premières manifestations faites par les jeunes révolutionnaires la veille du 14 janvier 2010, taxés de «jeunes énergumènes qui veulent semer la zizanie dans le pays». momo71 Hésa dvd sihem