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Démocratie et liberté d'expression
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 01 - 2014


Par Mohamed KOUKA
Sans nul doute Platon demeure un repère pertinent pour penser les problèmes que nous pose l'expérience démocratique en ce moment transitoire de notre histoire. La démocratie d'opinion est exclusion du vrai et pouvoir de cette figure de l'individu qui serait libre d'autant plus libre qu'il est mû plus par son étroite subjectivité, ses désirs immédiats, que par le souci du bien commun. C'est le règne de la démocratie d'opinion où n'importe qui peut intervenir au sujet de n'importe quoi. Le peuple est alors guidé par la doxa et les illusions et ne peut, donc, décider rationnellement pour conduire les affaires de la Cité. On voit alors surgir des énergumènes à la malignité plus ou moins nocive. On a vu des prédicateurs envoyer à tour de bras et en plein jour des jeunes au casse-pipe syrien et en faire de redoutables terroristes kamikazes. Nous recevons de tristes mais dangereux charlatans, exciseurs et autres guérisseurs au pipi de chameau, en passant par cet analphabète auto-désigné cheikh et qui réclame rien de moins que le rétablissement de la polygamie, alors que d'autres énergumènes revendiquent le retour pur et simple aux habous et awkaf , retour à l'ère du protectorat et des beys quoi! Et ils appellent cette régression «révolution». Mais l'agressivité de ce député de la nation contre ses pairs et contre la vénérable Assemblée laisse, le moins qu'on puisse dire, abasourdi, interdit. Cet élu du peuple menace, rien de moins, que de se torcher avec le texte de la Constitution. Constitution pour laquelle s'est soulevé tout un peuple et tous ceux qui ont payé de leur vie sa réalisation et qui est toujours en cours de difficile accouchement. Est-ce-que c'est cela la démocratie? La vulgarité, le mauvais goût, la bassesse sans limite? Ce député jouit toujours de son immunité!
Platon avait pressenti la venue de cette «société du spectacle» plus de deux mille ans avant le situationniste Guy Debord. Il l'appelait la «théâtrocratie», le pouvoir par la scène. Cela correspondait «à ce stade d'évolution de la démocratie où tout le monde se croit compétent sur tout sans avoir rien appris, au théâtre d'abord dans les autres domaines ensuite (...) chacun a acquis une assurance qui se transforme bientôt en impudence, refusant toute autorité, et finalement cherchant à désobéir aux lois». Après tout, la puissance des médias encourage le délire qui dorénavant caractérise la plupart de nos politiciens qui se croient habilités à parler de tout et à avoir des opinions sur tout. Tel ce député qui ne cesse de réclamer à cor et à cri ses gages sachant que le ridicule ne tue point. La politique ne serait-elle qu'un vaste spectacle ? selon Rolland Barthes. On les voit, nos politiciens, se bousculer sur les plateaux, authentiques sophistes, pour parler de tout et de rien ; alors que la véritable démocratie est égalité devant l'Idée. Le drame c'est qu'en présence de la plupart de nos députés nous assistons à une éclipse de la raison ; la raison qui pense les significations et fixe les finalités de l'existence personnelle et de la vie collective. Faut-il rappeler que parmi les principaux fondements de la démocrate s'affirme d'abord la primauté de la raison: l'affirmation de la rationalité qui désormais ne tient aucun domaine hors de sa portée. Il y a une rationalité des valeurs et des finalités par-delà la rationalité des stratégies et des moyen
Cependant il suffit qu'un comédien s'avise d'émettre quelques propos, jugés par la doxa comme inconvenants, vis-à-vis du président de la République, pour que s'élèvent, scandalisés, les habituels cris d'orfraies réclamant des limites à la liberté d'expression de l'artiste, mettant sur un pied d'égalité le discours, à la vulgarité affirmée du politicien, et l'humour de l'acteur. Je ne vais pas gloser dessus plus que nécessaire me bornant à me référer à Platon toujours. Chacun sait son hostilité envers le théâtre, art mimétique par excellence d'autant plus éloigné du vrai, et son aversion de la démocratie d'opinion, et pourtant, voulant donner à Denys de Syracuse une idée de la Constitution d'Athènes, le philosophe ne trouve pas mieux que de lui offrir l'œuvre d'Aristophane... L'élément vital de la comédie d'Aristophane, c'est qu'elle s'arroge le droit de tout critiquer librement, en usant souvent de propos eschatologiques. La matière du poète c'est toute la vie de son temps. Il attaque sans ménagement, inlassablement, tous les chefs du peuple, traitant la femme de Périclès-le grand Périclès- « Aspasie » de tenancière de bordel, bien qu'elle soit philosophe elle même, proche de Socrate. Socrate lui-même n'échappe pas aux railleries du poète comique, le traitant, dans ‘les Nuées', de vulgaire sophiste. Eh bien cet Aristophane là trouve grâce aux yeux du redoutable censeur de la démocratie qu'est Platon. Plus proche de nous, un ancien ministre de la Culture français n'hésite pas à qualifier l'actuel président français de « niqueur » devant l'éternel. On ne met pas au même niveau l'impertinence qui fait le charme d'un artiste, avec la rhétorique d'un politicien inculte. L'avantage de l'artiste c'est de nous rendre le regard plus libre, plus amical aussi. Sans mauvaise foi.


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