Hamma Hammami condamne la chasse aux sorcières dont sont victimes plusieurs partisans et militants du Front populaire, surtout à Sidi Bouzid Prévue le 28 janvier, mais annulée à la dernière minute, la conférence de presse du Front populaire (Al-Jabha Chaâbia) a fini par avoir lieu hier à Tunis en la présence de trois de ses leaders : Hamma Hammami, Zied Lakhdhar et Zouhair Hamdi. Le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, a précisé au cours de ce point de presse que la principale étape du Dialogue national s'est achevée avec l'adoption de la nouvelle Constitution par l'Assemblée nationale constituante et la prise de fonction du gouvernement de compétences indépendantes présidé par Mehdi Jomâa. Il a, toutefois, salué la nouvelle Constitution qui voit en elle un «acquis pour la Tunisie et pour son peuple, malgré les lacunes décelées dans certains de ses articles», déclare-t-il. Parallèlement, il a insisté sur le fait que le nouveau gouvernement qu'il a qualifié d'«un gouvernement du fait accompli» doit respecter les directives de la feuille de route fixée par les pourparlers du Dialogue national. «S'il (le gouvernement Mehdi Jomaâ) s'en tient à la feuille de route, ni le Front populaire, ni aucun autre parti ou force politique qui veulent le bien de ce pays ne lui diront non», souligne-t-il. Il a appelé à la révision de la composition du gouvernement, notamment pour ce qui est du portefeuille relatif aux ministères des Affaires religieuses en qualifiant le nouveau ministre, Mounir Tlili, de «fanatique» et connu pour son «opposition à la Constitution» tout en étant l'un des partisans de «la révision du Code du statut personnel». Hafedh Ben Salah dans le collimateur Idem pour le nouveau ministre de la Justice, des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, Hafedh Ben Salah, qu'il a accusé d'être «impliqué dans le camouflage des pratiques illégales et des dépassements» de l'ancien régime en matière des droits de l'Homme. Il renchérit : «En 1992, l'actuel ministre de la Justice était le conseiller du ministre de la Justice et des Droits de l'Homme, quand l'actuel président de l'ANC était membre de son comité directeur. A cette époque, des dizaines de partisans du mouvement Ennahdha ont été tués sous la torture. Pendant ce temps-là, le nouveau ministre de la Justice et des Droits l'Homme a été auditionné par le Haut comité des droits de l'Homme et des libertés fondamentales présidé par Rachid Driss». Hamma Hammami a aussi rappelé que Hafedh Ben Salah faisait partie de l'Observatoire national pour les élections en 2009, une institution connue pour son rôle de falsification du scrutin et ses louanges à l'ex-président de la République. En revanche, le porte-parole du Front populaire a critiqué sévèrement le maintien du ministre de l'Intérieur dans son poste. «Est-il raisonnable que le Front aux deux martyrs et de Ben Mefti puisse accepter la reconduction de ce ministre à la tête de ce ministère ?», s'interroge-t-il. Il ajoute : «Je n'ai rien contre Lotfi Ben Jeddou. Mais avec l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi, le ministre de l'Intérieur du gouvernement Ali Laârayedh a échoué dans sa mission». Vague de répression D'autre part, Hamma Hammami a condamné vivement «la vague de répression» menée contre plusieurs militants du Front, semblable à une chasse aux sorcières. «Nous avons remarqué ces derniers temps que plusieurs de nos militants étaient la cible d'une véritable chasse à l'homme. Ils ont été inculpés pour actes de violence contre la personne du président de la République, lors des festivités de la deuxième commémoration de la révolution à Sidi Bouzid, avec des jets de pierres alors qu'il prononçait son discours. Parmi ces militants harcelés par la police, il y a ceux qui ont contribué activement à la révolution tunisienne, dont nous pouvons citer en exemples : Abdesslam Hidouri, Lazhar Gharbi, Farid Slimani, Khaled Aouinia, etc». Il ajoute : «A Siliana aussi, plusieurs de nos militants ont été convoqués par la police pour être interrogés alors qu'il était préférable de convoquer les responsables des tirs à la chevrotine pour des auditions». Dans un autre volet, le porte-parole du Front populaire a déclaré que la semaine prochaine, le mouvement dévoilera son projet de budget d'Etat pour l'année 2014 qui sera une alternative au projet proposé par le gouvernement sortant. Pour ce qui est des prochaines élections, le coordinateur général du Courant populaire et membre du Front populaire, Zouhair Hamdi, a exclu l'adhésion du Front populaire dans une alliance ou front électoral sous la bannière du Front du salut national (Jabhet Al Inkadh Al Watani). Enfin, en réponse à une question sur la montée en puissance du parti islamiste «Hizb Ettahrir», comme étant un sérieux outsider pour les prochaines élections suivant l'exemple de la Pétition populaire (Al-Aridha Al Chaâbia) qui était la surprise du dernier scrutin, Hamma Hammami a acquiescé que ce mouvement, qu'il a qualifié de «fasciste» (et dont la base a connu le ralliement de plusieurs ex-sympathisants d'Ansar Echaria et des radicaux d'Ennahdha), présente un danger pour la démocratie en Tunisie.