Les «seniors» du tourisme se sont réunis en conclave, pour se pencher sur les maux du secteur du tourisme, dans une tentative d'y trouver remède. A lissue d'une réunion de trois heures, des recommandations d'ordre très généraliste et des vœux pieux. Ce n'est pas par les anciens que le salut du secteur pourrait arriver. A l'initiative de l'Association Tunisienne de Développement Touristique (ATDT), les «seniors» du tourisme ont été conviés dans un hôtel de Bizerte en vue de plancher sur le secteur du tourisme national, d'examiner avec leurs yeux d'experts les causes du marasme que traverse le tourisme national et de tenter, à tout le moins, de lui frayer une voie prometteuse pour une sortie de crise. La journée, placée sur le thème «Le tourisme national à la croisée des chemins», a été tout d'abord une belle occasion à tous ces messieurs et dames de «se retrouver autour d'un sujet crucial et décisif de l'histoire du tourisme national». A la vue de personnages illustres de ceux qui ont été à l'origine de l'essor du tourisme en Tunisie, on était en droit de penser qu'on allait sortir avec des esquisses d'un projet de «sauvetage». Sourds aux appels à la réforme La réunion a débuté selon les usages courants, par la présentation des communications destinées à mettre l'ordre du jour dans son contexte. M. Ahmed Smaoui, haut responsable du département du tourisme et considéré comme la cheville ouvrière du secteur, est intervenu pour établir une sorte de mea culpa. Il a souligné l'incapacité du secteur de sortir des chemins battus et de s'adapter aux nouvelles réalités du marché international et aux nouvelles donnes de la conjoncture mondiale. «Nous sommes restés, a-t-il déploré, sourds aux appels d'un secteur en métamorphose continuelle et confortés dans notre confort et nos certitudes, avons négligé sciemment la nécessité d'opérer les réformes et innovations à même de répondre aux attentes d'une clientèle de plus en plus exigeante, aux goûts inconstants». Certes, a-t-on relevé, hormis quelques timides tentatives individuelles de professionnels convaincus et volontairement innovants, rien n'a été fait pour quitter le carcan d'un tourisme qui a fait son temps, basé essentiellement sur le balnéaire. Toutes les autres velléités d'innovation et de promotion du produit ont été l'œuvre de gens que l'on taxait volontiers d'excentriques. L'assistance ne pouvait que renchérir en relevant les défauts prouvés d'une stratégie têtue et aveugle. Les résultats sont aujourd'hui avérés et les conséquences néfastes. L'intervenant suivant a étayé les propos précédents par des chiffres alarmants rendus dramatiques par les effets collatéraux de la révolution et des événements tragiques de la mi-septembre 2013. Mais ce ne sont pas les signes de reprise de l'activité touristique de 2012 ni les indicateurs positifs de rétablissement des flux touristiques (augmentation des entrées dans une proportion de 29,4% par rapport à 2011, des nuitées de 45,5%, des recettes globales de 30,5%) qui poussent à l'optimisme, le secteur étant loin d'atteindre les performances de 2010, prise comme année de référence. Nécessité d'une nouvelle stratégie Après des interventions qui n'ont fait que constater les dégâts et établir les rapports conflictuels du secteur avec les établissements financiers, les effets attendus de l'open-sky sur le secteur, la formation, la qualité des services, les difficultés des autres créneaux à s'imposer...on a reconnu à l'unisson la nécessité de relever le défi de garantir à la destination Tunisie la position prospère lui revenant dans le paysage touristique...méditerranéen. Une réorientation vitale de stratégie de développement est impérative, a-t-on préconisé, afin d'imprimer au secteur «une nouvelle dynamique de croissance et de rayonnement». L'unité de gestion par objectifs, la panacée La nouvelle unité de gestion par objectifs, mise en place, et à laquelle on a assigné la mission principale de mettre en œuvre les réformes du secteur telles que mentionnées dans l'étude stratégique du tourisme tunisien à l'horizon 2016 est, pour tous, le moyen idoine pour une relance effective et irréversible du secteur. Sans oublier, bien sûr, le rétablissement de la sécurité et le renforcement de partenariat entre l'administration et la profession qui constituent également les éléments clés de la réussite de l'activité touristique. En théorie, bien sûr. Le volet pratique et les recommandations pragmatiques ont été présentés par Afif Kchouk, professionnel du secteur et exploitant d'une unité hôtelière qui subit avec brutalité le contrecoup de la conjoncture. Pour lui, outre les causes conjoncturelles et structurelles qui appellent des révisions radicales, des mesures pragmatiques, à la portée de tout professionnel qui se respecte, sont à envisager et à prendre pour une meilleure image de marque revalorisée du tourisme tunisien. Outre le rétablissement de la sécurité, synonyme de retour de confiance des marchés extérieurs, une préparation rationnelle des périodes de haute saison, la bonne formation du personnel qui rejaillira sur la qualité des prestations, la maintenance, la rénovation, la promotion-marketing sont autant de « petites choses » contribuant, dans l'immédiat, à redorer quelque peu l'image du pays et du secteur. Outre, bien sûr, le traitement des grands dossiers de l'endettement et de la relance des investissements dans des produits nouveaux.