La diversification de l'offre ne se limite pas aux seuls produits et offres mais aussi à l'hébergement. L'hôtellerie classique n'est plus, désormais, d'actualité. Depuis plusieurs années, la tendance du tourisme mondial est aux nouveaux modes d'hébergement, notamment les «apparts-hôtels», le «tourisme résidentiel», les hôtels de charme, les maisons d'hôtes... Incontestablement, le choix de s'adapter aux mutations du tourisme international est un impératif certain. Une adaptation de plus en plus urgente face à une concurrence acharnée, avec notamment, l'apparition de nouvelles destinations touristiques. Certes, le tourisme tunisien fait de son mieux pour améliorer la qualité des prestations fournies et consolider l'image de la destination Tunisie. Cependant, il a pris beaucoup de retard et n'arrive pas, aujourd'hui encore, à répondre convenablement aux nouvelles tendances. En effet, en dépit d'une large diversification, le tourisme balnéaire demeure la colonne vertébrale du secteur. D'ailleurs, ce créneau fournit, à lui seul, 90% des recettes en devises du pays. Et au regard des prévisions de l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), ce créneau n'est pas près de perdre de la vitesse ni à céder sa place à un autre produit. Il constituera, à ce titre, 80% de la demande mondiale du tourisme, à l'horizon 2016, d'où le renforcement des zones touristiques balnéaires en Tunisie qui dispose de 1300 Km de côtes. Car, de toute évidence, la diversification des produits à elle seule est incapable d'augmenter le flux touristique vers la destination. Renforcer la compétitivité du tourisme Il est évident que l'adaptation aux mutations et aux tendances émergentes de la demande internationale passe, entre autres, par la mise en place de nouveaux modes d'hébergement, dans de nouvelles zones touristiques. Des zones qui seraient aménagées autrement, qu'il y a des décennies, qui prendraient en compte les mutations profondes qu'a connues le secteur dans le monde. Par l'aménagement de nouvelles zones, (elles sont au nombre de six), la Tunisie envisagerait d'offrir les moyens de renforcer la compétitivité du tourisme. Car, l'hôtellerie classique aurait du mal à trouver sa place, dans les années à venir. Administrations et professionnels en sont profondément conscients. D'ailleurs, il était question de consacrer une enveloppe globale de l'ordre de 135 MD pour l'aménagement de six nouvelles zones touristiques dont 94,2 MD seront entièrement consacrés au tourisme balnéaire, plus adapté aux nouvelles tendances du tourisme international. La réflexion était orientée vers de nouvelles zones touristiques à même de répondre au mieux aux attentes de la clientèle internationale. Les zones touristiques dans leur schéma et conception classiques sont un modèle qui a atteint ses limites. On a fini par créer des ghettos. Aujourd'hui, il faut plutôt aller vers des notions à vocation urbanistique au sens large. Il faudrait repenser les modes d'hébergement en intégrant les touristes dans la richesse du patrimoine archéologique et culturel national. Le touriste ne devrait pas rester à l'écart de la population, de ses us et coutumes, de son mode de vie au quotidien... Car on ne rappellera jamais assez que la clientèle internationale est plutôt à la recherche d'évasion, de découverte et de plus de liberté que l'hôtellerie classique ne peut offrir. En général, cette forme d'hôtellerie fait tout pour garder le touriste au sein de l'hôtel. Or, la tendance s'oriente plus vers des résidences, des apparts-hôtels, des hôtels de charme mais aussi des centres de loisirs et d'animation afin que les touristes ne s'ennuient pas en optant pour la Tunisie, en tant que destination de vacances. Le tourisme alternatif : découvrir un certain art de vivre Il est évident que les évènements du 14 janvier 2011 ont bousculé les priorités des responsables du tourisme. Ces derniers se sont penchés sur d'autres priorités plus urgentes, dont en premier lieu sortir de la crise et relancer l'activité. Aujourd'hui rien n'est certain. Tous les projets en rapport avec le secteur étaient programmés dans le cadre du XIe plan (2007/2011). Est-ce qu'ils verraient le jour ? Rien n'est encore certain d'autant que ce genre de projets a besoin d'investisseurs, d'avantages et d'incitations à l'investissement et de soutien du gouvernement. Ceci dit, certains investisseurs n'ont pas attendu. Ils ont pris l'initiative de mettre en place des maisons d'hôtes, des gîtes ruraux et autres apparts-hôtels. D'ailleurs, ces nouveaux modes d'hébergement sont finalement à la mode en Tunisie et de plus en plus fréquentés aussi bien par les touristes étrangers que nationaux. Le nombre de lieux répondant au nouveau mode d'hébergement est en nette progression mais il convient de rester prudent quant au choix que l'on peut faire. Au-delà de la «mode», force est de reconnaître que «loger en chambre d'hôtes, c'est découvrir du pain ou des confitures maison, un intérieur, un certain art de vivre... ». C'est découvrir un peuple, une civilisation, une culture. Le tourisme alternatif, en tous les cas, promet à ses clients de vivre une véritable expérience unique. Et ceux qui en ont fait l'expérience peuvent en témoigner. Plusieurs connaissent, aujourd'hui, les chambres d'hôtes à la campagne, à la ferme, à la mer et en ville. On ne quantifie pas encore exactement leur nombre dans le pays, mais un fait est certain : cela fait tendance. ! Aujourd'hui, le phénomène s'étend jusqu'aux endroits les plus reculés du pays et c'est tant mieux ! C'est cela le vrai trésor des chambres d'hôtes. Il est évident que l'hébergement alternatif ne se substitue pas à l'hôtellerie classique. Il en faut pour tous les goûts, les budgets et les motivations. Grâce aux maisons d'hôtes, on peut aller dans des endroits qui sont restés oubliés par le tourisme tunisien classique attaché presque exclusivement au balnéaire. Diversifier les offres et les types d'hébergement, c'est offrir une autre alternative pour un public habitué à un genre de tourisme culturel et de proximité. Ce type de clientèle cherche à s'immerger dans le pays, côtoyer les gens, les vrais habitants. Une tendance qui ne cesse de s'amplifier et pour laquelle la Tunisie se doit d'être au rendez-vous. En attendant que les projets prévus des nouvelles zones touristiques se revitalisent, espérons que, si jamais, ces projets voient le jour, les investisseurs prendront en considération l'adaptation aux nouvelles tendances et n'opteront pas pour l'hôtellerie classique, peut-être plus facile à réaliser, mais dont la commercialisation serait, plus tard, difficile. N'omettons pas de rappeler aux professionnels que le prochain défi à relever, dans les années à venir, serait la diversification des modes d'hébergement.